Soutien au tourisme dans les régions arméniennes

Société
01.03.2023

De nombreux secteurs économiques des provinces arméniennes pâtissent d'un trop bas niveau de vie et de sous-investissement. Tijay Djeghelyan, responsable de projets à la Tourism Innovation Academy ("TIA" ou Académie pour l'innovation touristique), dresse pour le Courrier un état des lieux et des défis du secteur du tourisme en région.

Par Eugène Dantser

 

Qu’est-ce que TIA ? Quel est le but de cette organisation?

TIA est une organisation qui assure un soutien éducatif aux entrepreneurs régionaux du tourisme, en synergie avec "Impact Hub Yerevan", un centre collaboratif de mise en réseau d'entrepreneurs et de créateurs qui nous apporte un soutien organisationnel et nous offre de l'espace. L’objectif est de créer un environnement propice au développement de l'entrepreneuriat en général et des start-ups en particulier, dans les régions, ainsi que de pourvoir aux actions de formation dans le secteur du tourisme, avec, en filigrane, la nécessité de rendre durables toutes les initiatives dans ce domaine. Les groupes que nous visons sont constitués de personnes démunies, handicapées ou appartenant à des catégories vulnérables.

Quels sont les principaux secteurs de l'industrie touristique dans lesquels vous proposez votre soutien aux entrepreneurs?

Il y en a plusieurs: l'industrie vinicoles avec des visites de caves accompagnées de dégustation des vins, une activité de plus en plus populaire en Arménie. Les mielleries dont la visite, de même, permet de se familiariser avec les techniques d'élevage des abeilles et comprendre comment s'opère la production du miel. Le "coliving" enfin, partage de la vie communautaire et du travail en milieu rural, et puis, toutes sortes d’activités en plein air.

 

Quels sont les defis majeurs de votre travail ? Des contretemps peut-être?

Quelques difficultés peuvent se produire lors de l’organisation des cours, à commencer par l’acheminement à Erevan de nos mentorés issus des régions les plus éloignées. Des carences en infrastructure se traduisent également par des cauchemars logistiques de temps en temps! La saisonnalité représente un inconvénient majeur, c’est-à-dire l'alternance de la haute et de la basse saison qui affecte beaucoup de producteurs locaux de denrées alimentaires. Si on parle d’initiative locale individuelle, plus particulièrement dans l’hôtellerie, c’est très difficile pour l’entrepreneur, de par son manque de capacité financière, d’engager plus d’employés et de payer leur salaire. Parmi les problèmes majeurs en Arménie, il convient aussi de citer le manque global de compétences au niveau national en matière de marketing. En général, beaucoup de secteurs souffrent de prévarication et de lourdeurs administratives.

Comme vous êtes engagé sur le champ du travail social en quelque sorte, la question suivante se pose: quels sont vos rapports avec des organisations non gouvernementales humanitaires, à noter HDIF?

À vrai dire, nous travaillons coude à coude dans l’espace d’Impact Hub Yerevan, et certains membres du HDIF sont engagés dans tous nos projets. Tout de même, nous tentons aussi d'exécuter nos projets en conjonction avec l’office du Tourisme d’Arménie qui constitue une entité gouvernementale.

Quelles sont les principales réalisations de TIA à ce stade?

Comme je vous l'ai déjà dit, notre travail en général s'accomplit tout au long de différents stades ou cycles, plus précisément. Lors du premier d'entre eux, nous avons réalisé quarante-cinq projets, cinquante au deuxième, et neuf au troisième. Pour être exact, lors de la phase d'appel à manifestation d'intérêt, nous avons visité séparément trois régions et rencontré plus de 190 personnes intéressées. Nous avons participé aux ateliers d'idéation et de cocréation, ensuite, nous sommes passés à la phase de gestation des projets. Au cours de cette phase dite de "pré-accélération’", nous avons exécuté cinquante projets et chacun d'entre eux a remporté une subvention "Union européenne - GIZ" ( l'agence allemande de coopération internationale pour le développement). La dernière phase, celle d' "acccélération", comprenait dix projets (Ici BANA soutenait TSC).

La réalisation majeure dont nous sommes tous très fiers, c’est la création d'un réseau social ouvert aux entrepreneurs de toutes les régions d’Arménie et d'un mouvement collaboratif au service d'objectifs communs. Dans cet esprit, nous avons ainsi organisé la "Tourism Networking Night", une soirée de "réseautage" touristique, devenue un rendez-vous incontournable et une plateforme d’échanges d’expériences entrepreneuriales.

Comment envisagez-vous l'avenir de TIA?

Nous souhaitons couvrir davantage de régions, développer notre réseau et subvenir aux besoins éducatifs des entrepreneurs locaux. Dans le même temps, nous devons continuer à gérer les processus existants dans les trois régions septentrionales où nous sommes déjà représentés: le Lori, le Tavush et le Shirak. La continuité de nos efforts est une question cruciale.

Nous sommes en passe de trouver les soutiens financiers nécessaires, l'objectif étant de couvrir toutes les régions d'Arménie et de développer le tourisme partout, en dehors d'Erevan, et faire en sorte que les touristes passent plus de temps dans les régions pour découvrir les merveilles que l'Arménie leur réserve.