Les "éco-activistes" azerbaïdjanais se plaignent de réduction des subventions

Région
09.06.2023

Les militants écologistes autoproclamés, qui ont bloqué la route principale menant au Haut-Karabakh pendant près de 140 jours, se plaignent à présent que leur gouvernement les néglige.

 

En Azerbaïdjan, les militants écologistes autoproclamés qui ont participé au blocus du Haut-Karabakh, soutenu par le gouvernement, expriment leur mécontentement quant à leur situation financière.

Le 26 mai, un groupe de dirigeants d'ONG azerbaïdjanaises s'est rassemblé devant le bureau de l'administration présidentielle à Bakou pour protester contre ce qu'ils appellent des "réductions de leurs subventions publiques".

Ces mêmes personnes avaient participé à la manifestation et au blocage de la route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, qui ont duré 138 jours et se sont terminés après avoir été rendus superflus par un nouveau poste de contrôle douanier azerbaïdjanais à l'autre bout de la route. Du 12 décembre au 28 avril, ils ont campé dans des tentes et régulièrement scandé des slogans en brandissant des pancartes accusant l'administration arménienne du Haut-Karabakh d'"écocide".

Ce qui a incité ces responsables d'ONG à manifester sous les fenêtres de leur propre administration cette fois, c'est la publication, fin mai, d'une liste de lauréats d'un concours aux subventions publiques de "l'Agence pour le soutien public aux ONG". Certains n'ont pas été retenus sur la liste, tandis que d'autres ont reçu des subventions bien inférieures à celles qu'ils avaient demandées.

Bien qu'il n'y ait aucun lien entre le concours de subventions et les manifestations sur la route Latchine-Stepanakert, certains ont clairement estimé qu'ils devaient être récompensés pour la loyauté dont ils avaient fait preuve à l'égard de l'État en participant au blocus.

Une manifestante - Matanat Asgargizi, présidente de "l'Union publique pour le soutien aux familles de soldats"- déclare qu'elle a été contrariée que son organisation n'ait reçu que 8 000 manats (environ 4700 dollars) pour un concours de peinture sur le thème " Shusha, ville clé du Karabakh". « Nous avons été les premiers à nous rendre aux manifestations. Nous sommes restés des semaines face à face avec des Russes [soldats de la paix] et des Arméniens. Ils [les autorités azerbaïdjanaises] nous disent : "N'avez-vous pas honte de mentionner votre présence à Shusha ?" Je ne pense pas que l'on doive me donner 20 000 manats simplement parce que j'étais à Shusha. Je me demande simplement pourquoi les personnes qui défendent toujours leur État devraient être ignorées », demande-t-elle dans une interview au média local Abzas Media.

Une autre responsable d'ONG, Tahira Mammadova, dont une vidéo où elle apparait est devenue virale sur les réseaux sociaux dans les premiers jours du blocus pour avoir accidentellement tué une colombe, est également mécontente du montant de la subvention accordée à son organisation. « Ils avaient promis 15 000 manats (env. 8 800 dollars) pour un projet, mais ils ne les ont pas alloués. Et pour un film sur un martyr de Shusha, ils n'ont offert que 6 000 manats (3 500 dollars environ). Ces 6 000 manats sont une insulte pour moi », a déclare -t-elle à l'antenne azerbaïdjanaise de Radio Free Europe/Radio Liberty. (Elle n'a pas participé à la manifestation de Bakou).

Gunel Safarova, membre du conseil de surveillance de l'Agence pour le soutien de l'État aux ONG, a déclaré que les subventions ont été supprimées en raison de la faible qualité des projets présentés. « En outre, le fait de lier la participation à Shusha à la participation au concours de subventions soulève de sérieuses questions. L'agence n'a pas organisé ces manifestations. Il s'agissait d'une action volontaire. Les personnes qui s'y sont rendues volontairement n'y sont pas allées pour demander ensuite des subventions. C'est totalement absurde », a-t-elle déclaré à Abzas.

Source Eurasianet