Mgr Pascal GOLLNISCH: "Un avenir est toujours possible pour les écoles chrétiennes en Orient"

Opinions
21.06.2023

À l’occasion du quatrième colloque tenu par les écoles chrétiennes francophones au Moyen-Orient, organisé les 16 et 17 juin 2023 par L’Œuvre d’Orient, la question de la francophonie dans la région a été remise à l’honneur. Le Courrier d'Erevan vous présente une tribune diffusée à cette occasion par  Mgr Pascal GOLLNISCH, Directeur général de L’Œuvre d’Orient.

 

Plus de 250 acteurs de l’éducation, professeurs et jeunes élèves, venus d’Égypte, d’Arménie, d’Irak, d’Israël, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de la Palestine, de Syrie, de la Tunisie et de Turquie ont participé à ces rencontres à Amman.

Dans tout le Moyen-Orient, c’est 400 000 élèves de ce réseau qui bénéficient d’un enseignement en français et apprennent à aimer cette langue.

De façon générale cet atout est largement méconnu au sein de la population française. Pourtant dans cette région moyen-orientale marquée par des conflits armés, des crises politiques et économiques, des tensions intercommunautaires, et des catastrophes naturelles, la francophonie et plus largement les valeurs de liberté, d’égalité, et de fraternité sont le gage d’un véritable apaisement de ces sociétés.

En tant que directeur général de L’Œuvre d’Orient, je voyage depuis de nombreuses années dans ces pays. Sur le terrain je constate que la langue française et la France bénéficient encore d’une grande considération et d’une profonde affection dans l’esprit des populations. Dans la civilisation méditerranéenne, il constitue un pont spirituel et culturel non seulement entre les différentes communautés religieuses en Orient, mais bien plus entre l’Orient et l’Occident.

Cette ouverture se trouve au cœur du projet éducatif des écoles chrétiennes au Moyen-Orient. Largement ouvertes aux enfants de toute confession religieuse et origine sociale, elles sont un de ces derniers lieux dans lesquels les élèves apprennent à vivre dans la découverte de l’autre et à construire une citoyenneté commune. Dans la bande de Gaza, en Égypte, ou au Liban, ces établissements qui accueillent parfois une grande partie d’élèves musulmans, continue à promouvoir l’égalité entre les élèves et la promotion de la femme.

À L’Œuvre d’Orient, nous sommes convaincus que les tensions confessionnelles peuvent être résolues en grande partie par l’éducation pluraliste et ouverte aux valeurs humanistes des écoles chrétiennes francophones. Malheureusement les crises successives et les guerres interminables qui frappent cette région mettent en grave danger l’existence de ces établissements scolaires et la poursuite de leur mission vitale. Dans ce contexte, notre colloque a pu rappeler les défis actuels, le travail réalisé par le corps enseignant et proposer des solutions concrètes pour que les écoles puissent donner aux élèves la possibilité d’entrevoir un avenir dans leurs pays respectifs.

C’est avec cette même conviction que le président de la République Emmanuel Macron a décidé de l’ouverture du Fonds pour les écoles d’Orient en 2020. Financé à parité et co-géré par l’État français et L’Œuvre d’Orient, il apporte un soutien financier et matériel aux écoles chrétiennes francophones pour leur permettre d’assurer au mieux cette lourde charge dans des pays fracturés. À travers ce fonds d’État singulier, ce ne sont pas moins de 200 écoles et 7 universités que nous soutenons au Liban, en Égypte, en Israël et Palestine, en Irak et en Jordanie.

Nous devons continuer dans ce sens, alors que les établissements ont des besoins croissants en raison de la crise économique qui frappe la région.

Enfin, j’aimerais rappeler que ces écoles sont un ultime rempart contre l’exil des populations et l’exode des jeunes en proie à la désespérance. A travers son enseignement d’excellence et l’apprentissage du vivre ensemble les écoles chrétiennes francophones favorisent non seulement l’entente et le dialogue entre les cultures et les religions, mais aussi l’enracinement des populations orientales sur leur terre.

Nous croyons qu’un chemin est encore possible pour les écoles chrétiennes en Orient, et nous devons continuer à aider à le rendre réalisable avant qu’il ne soit trop tard.