L’Arménie, un pays plein de promesses

Opinions
16.12.2024

L'Arménie, un pays faisant à de nombreux défis, notamment géopolitiques et économiques, semble déterminée à se réinventer et à se positionner sur la scène internationale. Lors d’un entretien avec Zhanna Andreassian, ministre de l'Éducation, des Sciences, de la Culture et du Sport, Mme la ministre évoque un avenir prometteur pour le pays, marqué par des réformes ambitieuses dans l'éducation, la culture et la science, mettant l'accent sur le développement de ses jeunes générations et sur la coopération internationale.

 

Par Layla Khamichli - Riou

L'éducation : Une priorité nationale pour la compétitivité internationale

L'éducation est primordiale pour la vision du futur de l'Arménie. Selon Zhanna Andreassian, « l'éducation est une priorité nationale, elle est essentielle pour le futur du pays, pour sa compétitivité à l’échelle internationale ». Pour l'Arménie, il ne s'agit pas simplement de transmettre des connaissances, mais d'investir dans le développement humain et technologique afin de préparer les jeunes à faire face aux défis mondiaux. Le gouvernement arménien reconnaît que la compétitivité du pays dans un monde globalisé repose en grande partie sur un système éducatif moderne et adapté aux exigences contemporaines. Cela se traduit par des efforts constants pour moderniser l’enseignement, en particulier dans des domaines clés comme les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Comme le souligne la ministre : « Il est crucial d'offrir à nos jeunes non seulement les métiers du futur, mais aussi ceux qui n'existent pas encore. » Cet objectif ambitieux nécessite une vision à long terme, avec des réformes destinées à rendre le système éducatif plus flexible, plus innovant, et surtout capable de répondre aux attentes du marché mondial. Dans cette perspective, l’Arménie a des objectifs ambitieux pour son enseignement supérieur.

 

D’ici 2030, le pays ambitionne d’intégrer ses universités dans le top 500 mondial, un objectif stratégique pour renforcer son rayonnement international. Le gouvernement mise sur des partenariats avec des institutions académiques internationales, notamment dans le cadre du programme Erasmus et Erasmus Plus, afin de favoriser la mobilité étudiante et académique.

 

La ministre ajoute : « Nous voulons attirer un nombre croissant d'étudiants internationaux, ce qui renforcera la position de l'Arménie sur la scène éducative mondiale. »

 

Un autre axe de cette ambition est la promotion des langues étrangères. L'Arménie considère l’apprentissage de deux langues étrangères dès le niveau scolaire comme un objectif fondamental pour mieux s'intégrer dans l'économie mondiale et faciliter les échanges internationaux.

 

Malgré les multiples défis auxquels l'Arménie a été confrontée, y compris des crises économiques et des tensions géopolitiques, le gouvernement n'a jamais révisé à la baisse son investissement dans l'éducation. En effet, la ministre insiste sur ce point crucial :

 

« Même lorsque le pays traverse des périodes de crise, nous n'avons jamais coupé le budget de l'éducation. Nous avons toujours considéré l'éducation comme une priorité nationale, car c'est un investissement pour l'avenir. » Cette politique assure la stabilité et la continuité d'un système éducatif solide, en dépit des difficultés externes.

 

De plus, pour garantir l'efficacité de cette politique, le gouvernement met en œuvre des réformes visant à moderniser les infrastructures et à former les enseignants aux nouvelles technologies. Madame Andreassian précise : « Il est impératif d’adapter nos programmes aux nouvelles réalités technologiques et de nous assurer que nos enseignants disposent des compétences nécessaires pour enseigner ces disciplines avec les outils les plus modernes. » Cela reflète une approche proactive visant à anticiper les évolutions du monde du travail, tout en offrant aux étudiants les meilleures chances de réussite dans un environnement mondial compétitif.

 

Dans cette dynamique, des réformes profondes des manuels scolaires et des programmes éducatifs ont été mises en place pour rendre les enfants arméniens compétitifs à l’échelle internationale. L’objectif est de préparer les jeunes générations à relever les défis du futur en leur offrant une éducation de qualité, qui dépasse les frontières locales pour s’ouvrir sur le monde. En parallèle, des initiatives de soutien aux enseignants ont été lancées, notamment par la formation continue et la rénovation des infrastructures scolaires, comme les gymnases scolaires, pour offrir un cadre d’apprentissage optimal. Ces efforts visent à garantir que les jeunes Arméniens soient non seulement compétitifs sur le marché mondial, mais qu'ils puissent également exceller dans des secteurs clés pour l'avenir de l'économie du pays.

 

Ainsi, l'éducation en Arménie n'est pas seulement un droit fondamental, mais un levier stratégique pour le développement du pays. Comme l'affirme la ministre : « L'éducation, au-delà de ses aspects sociaux, est avant tout un investissement économique. » En mettant l’accent sur une éducation de qualité, l'Arménie cherche à préparer ses jeunes à être non seulement des acteurs compétitifs sur le marché mondial, mais aussi des leaders dans des secteurs vitaux pour l’économie future.

 

La culture : Un pont avec le monde et une fierté nationale

De la même façon, la culture arménienne occupe une place essentielle dans la stratégie du pays pour se positionner sur la scène internationale et renforcer son identité nationale. « La culture est au cœur de la diplomatie et de l’image de l’Arménie à travers le monde » a affirmé la ministre. En effet, le soutien aux artistes et créateurs arméniens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, est une priorité, et l'Arménie s'efforce d’être un acteur dynamique dans les échanges culturels mondiaux. Madame Andreassian met en lumière que « la culture est un pilier essentiel de notre rayonnement international et de notre reconnaissance en tant que nation ». C’est ainsi que l’Arménie participe activement à des initiatives internationales comme Creative Europe, qui soutient la mobilité des artistes arméniens et facilite l’échange d’idées et de créations avec d'autres cultures.

L’Arménie met également en valeur sa culture à travers des événements internationaux tels que des concerts, des expositions et des commémorations. Des figures emblématiques comme Charles Aznavour ou le violoniste Sergey Khachatryan sont des symboles de la culture arménienne, et leur héritage est célébré à l'échelle mondiale. Zhanna Andreassian souligne : « Chaque événement, chaque concert, chaque exposition est une occasion de faire connaître l’Arménie sous un jour positif, de montrer au monde notre richesse culturelle et artistique ». Ces événements sont bien plus que des célébrations, ils représentent des outils de diplomatie culturelle permettant de renforcer la reconnaissance de l'Arménie sur la scène mondiale.

 

La diplomatie culturelle est « un levier stratégique pour faire entendre la voix de l’Arménie et pour promouvoir notre patrimoine culturel ». Cela ne se limite pas à la participation à des événements culturels internationaux, mais s’étend à l’ensemble de la politique étrangère du pays, où la culture joue un rôle de premier plan. En ce sens, l’Arménie cherche à utiliser sa culture comme un vecteur de dialogue, d’échanges et de compréhension mutuelle avec le reste du monde.

 

Un autre aspect fondamental de la politique culturelle arménienne est la préservation et la transmission du patrimoine culturel, notamment à travers le rôle crucial de la diaspora arménienne. Selon Madame Andreassian, « la diaspora est une véritable alliée dans la préservation de notre culture ». En effet, l’Arménie soutient activement les écoles de langue arménienne à l’étranger et développe des programmes de formation pour les enseignants de la diaspora, afin d’assurer que la langue et les traditions arméniennes continuent de vivre au-delà des frontières nationales. Elle précise : « Nous avons la responsabilité de soutenir nos communautés à l’étranger pour qu’elles puissent transmettre aux générations futures leur héritage culturel ». En plus de cette aide éducative, le gouvernement arménien apporte également un soutien financier à des projets culturels portés par la diaspora, qu’il s’agisse d’initiatives artistiques, musicales ou de préservation du patrimoine. Cette politique permet de maintenir un lien fort et indéfectible avec les communautés arméniennes à travers le monde. Madame Andreassian note : « La diaspora joue un rôle clé dans la diffusion et la préservation de notre culture, et nous devons l’encourager à continuer ses efforts pour faire vivre notre patrimoine culturel. »

 

En somme, la culture arménienne n’est pas seulement une source de fierté nationale, mais aussi un puissant levier pour renforcer la position internationale du pays. Par son engagement à promouvoir la culture arménienne sur la scène mondiale et à soutenir sa diaspora, l'Arménie cherche à bâtir des ponts avec d’autres nations tout en consolidant son identité et sa place dans le monde moderne.

 

La science : Un secteur clé pour le développement durable du pays

« La science et la recherche sont des moteurs essentiels pour l’avenir de l’Arménie. Nous devons investir massivement dans ces secteurs pour garantir la compétitivité et l’indépendance de notre pays sur la scène mondiale. », le gouvernement arménien a ainsi fait de la recherche scientifique une priorité stratégique, en allouant des ressources considérables à ce domaine. Au cours des cinq dernières années, les budgets dédiés à la recherche scientifique ont été augmentés de manière significative, atteignant une multiplication par 2,8 des financements. Cette augmentation est un signal fort de l'engagement de l'État à soutenir l'innovation et à stimuler la recherche, considérée comme un levier essentiel pour la croissance économique et le développement durable.

 

Afin de favoriser l'émergence de nouvelles générations de scientifiques et de chercheurs, l'Arménie a mis en place plusieurs programmes de subventions destinés à encourager les jeunes talents à poursuivre leurs carrières dans le secteur public. La ministre Andreassian précise : «Nous offrons des subventions pour permettre aux jeunes scientifiques de travailler dans les institutions publiques, mais aussi pour qu'ils puissent collaborer avec leurs homologues internationaux. » Ces initiatives sont renforcées par la participation de l'Arménie à des programmes de coopération scientifique européens comme Horizon Europe, qui facilite les échanges de savoir-faire et la collaboration avec des chercheurs de différents pays.

 

Dans le même temps, le gouvernement met un accent particulier sur les nouvelles technologies et l'innovation. Un exemple marquant de cet engagement est la création d'un centre de recherche en intelligence artificielle à l’Université d'État de Yerevan. Comme l'explique la ministre,  « Ce centre de recherche est un projet phare de notre stratégie pour l’innovation. L'intelligence artificielle est un domaine clé pour l'avenir de notre pays et pour son développement économique et scientifique ». Cette initiative s'inscrit dans un projet plus large visant à créer une véritable « Cité académique », un pôle d'excellence scientifique et technologique, destiné à attirer des chercheurs internationaux et à favoriser l'émergence de solutions innovantes.

De même, TUMO est un centre innovant, et un exemple parfait arménien, qui forme les jeunes arméniens aux compétences numériques et technologiques, telles que la programmation et la robotique. Comme l'indique Madame Andreassian : « TUMO est un exemple parfait de ce que nous souhaitons accomplir en matière d'éducation pour la jeunesse arménienne. » Il offre des formations pratiques et modernes, préparant ainsi les jeunes non seulement à des métiers actuels, mais aussi à ceux du futur. Ce centre est aussi un point de rayonnement international, avec des filiales en France et au Liban. La ministre précise : « TUMO contribue à renforcer l’image de l’Arménie à l’international en tant que pays qui mise sur l’innovation et la technologie. »

 

En outre, l'Arménie ne se limite pas aux technologies de pointe comme l'IA, mais encourage également la recherche dans des domaines interdisciplinaires, notamment la biotechnologie et la biomedicine.

 

« Nous sommes particulièrement intéressés par les domaines qui croisent la biologie, la technologie et la médecine, car ils ont un potentiel énorme pour améliorer la qualité de vie des citoyens arméniens et créer des opportunités économiques », précise Zhanna Andreassian. Ces secteurs sont considérés comme des priorités stratégiques pour l'Arménie, dans la mesure où ils offrent des solutions innovantes à des défis globaux tout en ouvrant des perspectives de collaboration internationale.

L'Arménie place la science et l'innovation au cœur de sa stratégie pour l'avenir. Le gouvernement arménien met en œuvre une série de mesures pour renforcer l'infrastructure scientifique du pays, attirer des talents et favoriser la coopération internationale. Cela permet de consolider le secteur de la recherche et d’assurer une croissance durable, en phase avec les évolutions technologiques mondiales.

 

Le sport : Un outil d'intégration et de cohésion sociale

La ministre Andreassian a aussi mis l’accent sur l'importance du sport pour l'intégration des jeunes et la cohésion sociale en Arménie. Selon elle, le sport joue un rôle essentiel dans l'engagement des jeunes et leur développement personnel. Elle souligne : « Nous avons mis en place des compétitions pour encourager les jeunes à s'engager dans le sport, comme la Coupe du Premier Ministre, qui a pour objectif de les motiver à participer activement à des activités physiques et sociales. » Ces événements permettent non seulement de renforcer l'esprit d'équipe et la discipline, mais aussi d'unir les générations autour d'un objectif commun.

 

La ministre insiste sur la nécessité d'encourager la pratique du sport chez les filles, un domaine dans lequel elles sont encore largement sous-représentées à l'échelle mondiale. « Nous devons encourager les filles à participer davantage aux activités sportives, car elles ont un rôle clé à jouer dans cette dynamique sociale », affirme-t-elle. Par ailleurs, l'Arménie s'engage à organiser des événements sportifs internationaux pour promouvoir son image sur la scène mondiale. « Nous avons organisé des compétitions comme le Championnat européen de haltérophilie, qui permettent de renforcer la présence de l'Arménie à l'international et d'attirer l'attention sur notre pays. »

 

Ces initiatives contribuent à faire du sport un levier puissant pour l'intégration et l'internationalisation du pays, tout en promouvant des valeurs de solidarité et de dépassement de soi.

 

Une coopération étroite avec la France et l’espace francophone

Enfin, nous avons pu aborder le lien entre l’Arménie et le monde francophone. Cette coopération s’affirme à travers des événements majeurs et des initiatives culturelles, éducatives et diplomatiques.

 

En 2027, l’Arménie aura l’honneur d’accueillir les Jeux de la Francophonie, un événement significatif pour le pays, qui souligne son rôle central au sein de la Francophonie : « L'Arménie est fière de faire partie de la Francophonie, et les Jeux de la Francophonie en 2027 seront un moment clé pour renforcer nos liens avec la communauté francophone. » Cette opportunité représente non seulement un vecteur de promotion de la langue française mais aussi un moyen de renforcer les liens culturels et économiques avec d’autres pays francophones. De plus, l’Arménie a déjà accueilli le sommet de la Francophonie en 2018, marquant ainsi son engagement en faveur de la coopération multilatérale dans cet espace.

 

Les initiatives en faveur de l’enseignement du français et du développement de la culture francophone sont également au cœur de cette coopération. Le pays dispose de plusieurs institutions dédiées, telles que l'Université française d'Arménie et l’Institut français, qui jouent un rôle clé dans la promotion de la langue et de la culture françaises. Comme le souligne la ministre : « Nous encourageons activement l’apprentissage du français, car c’est une langue importante pour le développement de notre pays et pour nos relations internationales. Les institutions comme l'Université française d'Arménie et l’Institut français sont des piliers pour renforcer ces échanges culturels et académiques. » Ces structures permettent également de tisser des liens durables entre les jeunes générations arméniennes et la francophonie.

Le partenariat stratégique entre la France et l’Arménie repose avant tout sur des valeurs communes, notamment la démocratie et la promotion des droits humains. Comme l’affirme Madame Andreassian : « Nous partageons des valeurs essentielles, et cela constitue la base d'une relation bilatérale forte, qui continue de se développer au service de nos peuples respectifs. »  La coopération entre les deux pays dépasse de loin le cadre diplomatique, s’enrichissant dans les domaines de l'éducation, de la culture, de l'économie, et même du sport, avec des projets communs visant à renforcer l'influence et la solidarité dans l’espace francophone.

Ainsi, par des réformes éducatives ambitieuses, une politique de développement scientifique et culturel active, ainsi qu’une forte implication dans le domaine sportif et international, le pays se prépare à une croissance soutenue et à un rayonnement international accru. Avec des partenariats renforcés, notamment avec la France et l’espace francophone, l’Arménie entend marquer son avenir de manière déterminée et ambitieuse.