Le 14 avril, l’ambassade de Suisse en Arménie, en collaboration avec la Fondation humanitaire suisse KASA, conviait à une conférence sur l’archéologie suisse, le dernier événement organisé dans le cadre de l’édition 2015 de la Saison de la Francophonie en Arménie.
Protection et mise en valeur du patrimoine archéologique : les sujets choisis pour ce dernier événement du programme suisse de la Francophonie revêtaient encore plus d’importance à la lumière de la destruction totale de la cité antique de Nimroud en Irak par l’organisation État islamique, triste nouvelle annoncée peu de jours avant la conférence à Erevan que l’UNESCO avait qualifié de « crime de guerre ».
Après plusieurs rencontres avec des professionnels arméniens et de futurs archéologues étudiants de l’Université d’État d’Erevan, la conférence au centre Espaces de KASA était la seule à être destinée au grand public. À titre d’intervenants, Lorenz E. Baumer et Jean Terrier, professeurs au département d'archéologie classique de l'Université de Genève invités par l’ambassade suisse.
« Recherches archéologiques suisses dans le bassin méditerranéen. L’exemple de l’Université de Genève » : l’intervention de Lorenz E. Baumer était appuyée sur sa propre expérience dans les deux pays de l’archéologie classique : l’Italie avec notamment l’exemple de la ville de Crotone et la Grèce à travers l’expédition TerraSubmersa, tandis que le sujet introduit par le professeur Terrier mettait l’accent sur la mise en valeur des sites archéologiques à travers des exemples de projets dirigés par lui dans le canton de Genève et en Croatie. Les Arméniens ne manqueraient pas à y trouver des pistes et des expériences également applicables pour leur pays.
Les interventions se complétaient, insistant toutes les deux sur la nécessité de sensibiliser la population – d’abord locale mais aussi étrangère – aux découvertes et aux acquis de l’archéologie comme moyen de préservation du patrimoine archéologique. La démarche qui consiste à porter les fruits des recherches archéologiques à la population à travers diverses activités de communication telles que les publications, les expositions, etc mais aussi à l’impliquer dans le processus des fouilles, contribue à ce que le site archéologique soit finalement approprié par les gens, donc mieux préservé et défendu face à divers enjeux, notamment économiques.
Quant à l’Arménie, les professeurs Baumer et Terrier se sont dit impressionnés par le riche potentiel du pays du point de vue archéologique. D’ailleurs, cette initiative de l’ambassade suisse - dont l’idée et la mise en œuvre reviennent à Armenuhi Magarditchian, stagiaire à l’Ambassade et archéologue elle-même ayant déjà participé à plusieurs projets de fouilles en Arménie aussi – pourrait donner naissance à une collaboration arméno-suisse en la matière.
En fait, les principales conditions sont réunies pour qu’une coopération entre les universités et les instances suisses et arméniennes prenne forme : l’intérêt présenté par l’Arménie du point de vue archéologique, l’excellence de l’archéologie suisse et son expérience à l’internationale mais avant tout, évidemment, la volonté de part et d’autre d’aller plus loin dans leurs échanges de savoirs et de savoir-faire.