Les autorités arméniennes ont annoncé, la semaine dernière, la création d'un fonds d'urgence de 300 millions de drams (un peu plus de 700 000 euros) censé parer aux conséquences des inondations du 26 mai. Trois spécialistes évaluent ce que devrait être le rôle de l'État dans la prévention des catastrophes naturelles.
« À la fin des années 1960, la rivière Debet débordait régulièrement, mais l'ampleur de la catastrophe de cette année est incomparable ». C'est ce que déclare Oleg Dulgaryan, directeur du Centre de mobilisation et de soutien communautaire d'Alaverdi. « La principale cause des dégâts tient aux violations des normes d'urbanisme. Des milliers de maisons d'habitation, de magasins, d'hôtels, de restaurants, de granges ont été construites dans des zones sur berge, sans contrôle, sans respect des normes et sans évaluation des risques. Très souvent, afin d'en agrandir la surface, leurs propriétaires n'ont pas hésité à combler la rivière ce qui a rétréci son lit ».
En outre, les autorités ne tiennent pas compte du changement climatique mondial, ajoute Oleg Dulgaryan. « Les autorités locales ignorent ce facteur et ne s'adaptent pas aux risques possibles pour préparer les personnes et les infrastructures en cas de catastrophe. Il n'y a pas d'exercices pas de plan de communication expliquant comment travailler avec les riverains et qui est responsable de quoi. Envisager une catastrophe requiert une longue préparation, une politique suivie et un concept de prévention. La route alternative qu'ils essaient de construire aujourd'hui aurait dû être mise en service il y a longtemps. Le lit de la rivière aurait dû être élargi, en particulier là où il a été rétréci ».
Pour Inga Zarafyan, directrice de l'organisation Ecolur pour la protection de l'environnement, si les catastrophes naturelles ne sont pas prévisibles, les autorités doivent s'y préparer. « De nombreuses communautés du Lori et du Tavush sont souvent aménagées en zones sur berge qui représentent précisément des zones a risque de glissements de terrain. Ces communautés devraient disposer de leur propre fonds pour faire face à une éventuelle catastrophe naturelle. Mais aucune d'entre elle en Arménie ne dispose d'un tel fonds. Nous devons évaluer leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles et disposer d'un plan d'action d'urgence pour établir les conduites à tenir pour en atténuer les conséquences en attendant que l'aide gouvernementale arrive ».
« L'État n'est pas responsable de l'indemnisation des dommages causés par les catastrophes naturelles », déclare de son côté Ani Chatinyan, avocate du bureau Vanadzor de l'Assemblée des citoyens d'Helsinki. « Toutefois », ajoute-t-elle, « s'il s'avère que l'État aurait pu avertir et évacuer la population à l'avance pour atténuer les conséquences, mais qu'il n'a pris aucune mesure, alors l'entière responsabilité lui en incombe. Si l'État avait prévenu de l'imminence de la catastrophe, les gens se seraient peut-être déplacés vers un endroit sûr, la perte de vies humaines aurait pu être évitée », a expliqué Mme Chatinyan.
Quant à l'inexistence de mécanismes d'indemnisation des victimes, l'avocate, l'État suggère enfin « le développement d'une politique d'assurance des biens contre les catastrophes naturelles plus accessible à la population ».