Vœux à la presse, vœux pour la presse

Société
17.10.2022

À l'occasion de la journée de la presse dimanche 16 octobre, le Premier ministre a adressé ses vœux aux représentants de la presse arménienne. Le mois dernier, des expertes auprès du Conseil de l'Europe présentaient leur rapport d'évaluation sur les besoins des médias arméniens.

Par Olivier Merlet

« Chers représentants de la presse arménienne, Chers collègues,

Je vous félicite chaleureusement pour la fête professionnelle de la Journée de la presse arménienne.

Cette fête est destinée à valoriser et à célébrer une fois de plus le rôle et le poids de la liberté d'expression dans les différentes couches de notre société. La presse et la liberté d'expression sont parmi les institutions les plus importantes de la démocratie, dans le développement desquelles notre gouvernement est cohérent et continuera à tout faire pour que notre pays continue à marcher sur la voie de la démocratie.

Ces jours-ci, alors que nous sommes confrontés à de nombreux défis en tant que nation, il incombe à la presse arménienne une tâche importante pour les surmonter, car l'un des rôles clés de la presse est la formation d'une société stable avec une mentalité saine, assurant la transparence dans divers domaines et une bonne prise de conscience de la réalité.

La liberté de la presse est l'une des valeurs les plus importantes que nous ayons en Arménie, et nous devons tout faire pour la préserver et la développer. »

 

Tel était le contenu du message de Nikol Pashinyan, le premier ministre, adressé ce dimanche aux journalistes et à l'ensemble de la presse arménienne.

Un rapport d'évaluation du secteur des médias commandé par le Conseil de l'Europe a été rendu public deux semaines auparavant. Il reprend le cadre législatif national dans lequel il évolue et analyse notamment l'évolution de la liberté de la presse et la liberté d'expression en Arménie, ainsi que le travail des médias du service public et leur conformité aux normes européennes.

Ses auteurs, Shushan Doydoyan, et Krisztina Rozgonyi, toutes deux expertes auprès du Conseil de l'Europe, admettent que la révolution de 2018 a favorisé la liberté d'expression des médias, mais elles déplorent également l'extrême polarisation des médias et leur contrôle par des sociétés dont l'objet et les préoccupations sont très éloignées de celle la presse.

Le journal Aravot, rapportant les propos de la présidente du Centre arménien pour la Liberté de l'information, note par ailleurs qu'« il existe plusieurs restrictions aux droits des journalistes en Arménie. L'état d'urgence décrété en Arménie en raison de l'épidémie de "Covid-19" en mars 2020 et la guerre du Haut-Karabakh de 2020 qui a conduit à la loi martiale, ont considérablement transformé la sphère médiatique et l'étendue des droits des journalistes. En outre, nous nous inquiétons du fait que l'application des décisions gouvernementales relatives aux pratiques de la presse soit contrôlée par les forces de l'ordre et que l'État puisse intervenir dans les activités des médias avec des approches souvent subjectives et arbitraires ».

Shushan Doydoyan fait encore remarquer l'insuffisance d'éducation aux médias et le niveau de désinformation le plus élevé jamais enregistré en Arménie. À cet égard, elle annonce que deux programmes spéciaux de développement des médias et de lutte contre la désinformation seront soumis au gouvernement d'ici la fin de l'année : « Cette année, nous l'espérons, marquera une percée à la condition que les propositions remises au gouvernement deviennent une réalité et qu'elles fassent  simultanément l'objet d'un plan d'action approprié, avec le soutien de partenaires financiers et internationaux, sinon elles resteront juste des souhaits », a-t-elle déclaré.

Il a enfin été noté que la principale source d'information en Arménie reste les réseaux sociaux, Facebook en tête, suivi de YouTube et d'Instagram. L'audience des chaines de télévision publiques ne cesse de baisser depuis 2015, tandis que la presse écrite est peu consommée. La télévision locale et les chaînes de télévision russes gardent cependant un large influence en Arménie, les informations internationales étant principalement diffusées par le biais de ces dernières.

Selon le dernier rapport de l'association Reporters sans frontières, l'Arménie se classe 63ème  pays sur 180 à l'Indice mondial de la liberté de la presse en 2021.