Après avoir rapporté le contenu des entretiens menés le 21 mais avec d'anciens responsables politiques d'Artsakh, le chef du diocèse du Tavush, l'archimandrite Bagrat Galstanayan, a annoncé mai la couleur qu'il souhaitait donner, au sens propre, à son mouvement.
Par Olivier Merlet
Tous les soirs depuis le rassemblement massif du 9 mai place de la République, son charismatique et très populaire leader rassemble ses partisans – ses fidèles ! – sur le parvis de parvis de l'église Sainte-Anne rue Abovyan en plein-cœur du centre-ville d'Erevan.
Hier soir, tendant un stylo de couleur violette, l'archimandrite Bagrat Galstanyan a eu cette refléxion : « Le violet est la couleur de la Mère de Dieu, de la victoire, de la pureté et du fait de ne pas reculer sur le chemin ». Puisque chaque révolution a sa couleur (ou son textile), celle-ci, si elle advient, sera donc violette, tout au moins ce sera celle de ce mouvement qui semble bel et bien s'amplifier, même l'agence officielle Armenpress en parle désormais. Tous ses partisans ont donc été invites à s'en vêtir lors des prochains rassemblements.
Plus tôt dans la journée, le prélat rencontrait les anciens membres du gouvernement, de l'Assemblée nationale et des conseils communautaires d'Artsakh. Rapportant le contenu de ses entretiens, Bagrat Galstanyan a rappelé qu'il avait « toujours dit que nous ferions une erreur en considérant la question de l'Artsakh séparément de la question arménienne. Ce n’est rien de moins que la question du génocide. La question d'Artsakh ne peut pas être considérée séparément de l'ensemble des questions arméniennes, elle doit au contraire en être partie intégrante, une question nationale, afin que ce type d'arménité ne diffère pas de l'autre. Si nous parlons du programme de réconciliation, nous devons également tenir compte de cette circonstance ». « À ce stade », a-t-il ajouté « le problème de l'Artsakh doit être transféré de l'État à l'homme. L'homme doit être notre levier et nous devons faire tous les efforts, nationaux et internationaux, pour rentrer chez nous sans mettre en danger en aucun cas la vie dans laquelle nous vivons aujourd'hui ».
Le révérend a également informé qu'il multipliait les contacts et cette fois, après les politiques, dans les cercles de la société civile, des représentants d'organisations non gouvernementales, des sociologues, des politologues, des personnalités publiques, des experts et des analystes... « Lorsque ces réunions ont lieu avec des publics très divers, nous voyons sous nos yeux le pouvoir du collectif. Nous sommes un peuple doté d’un énorme potentiel, nous sommes ambitieux, mais sans but et, dans bien des cas, peu pragmatiques », a-t-il regretté, espérant cette fois le sursaut de tout un peuple.
Hier toujours, mais à cette fois, la séance fut houleuse. Commentant la démarcation des frontières dans le village de Kirants, Garnik Danielyan, le député du Tavush, membre de l'alliance "Hayastan" et compagnon de marche de Bagrat Galstanyan a lancé : « Vous pensez qu'après cela, dans ces villages, dans notre région, les gens, notre peuple pourra vivre en sécurité ? Non, je ne vois aucune chance de vivre là-bas en sécurité avec des Azerbaïdjanais, il n'y en aura pas ». Alen Simonyan le président de l'Assemblée nationale lui a répondu : « La République d'Arménie ne harcèlera aucun de ses citoyens sans abri. Je vous assure que dans quelques années, ces villages seront des villages exemplaires et que lors des élections de 2026, le "Contrat civil" y gagnera largement ».
Et quant aux actions menées par l'homme d'église, souhaitant les tourner en dérision, le chef du pouvoir législatif a déclaré « Vazgen Manukyan a été remplacé par Saint Bagrat. Puis, se référant à la Bible : « Il est dit : « Ne faites pas de la maison de mon père un lieu de commerce». La politique est un business, organiser des rassemblements et des choses sous le voile des liturgies est inacceptable. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».