À l’annonce par les autorités russes du décès d’Alexeï Navalny le 16 décembre, près de 500 "relokants" (émigrés) russes vivant à Erevan se sont rassemblés devant l’ambassade de Russie pour rendre hommage à l’opposant politique qui incarnait la lutte contre le régime de Vladimir Poutine et exprimer leur indignation.
Par Pierre Sinoir
Ils le savaient, disent-ils, fatalistes, mais bien qu’il n’y eût peu de chance que Navalny ne recouvre un jour la liberté, sa disparition leur est inacceptable. Sa mort symbolise pour beaucoup d'entre eux la fin de tout espoir de lutte et d’opposition à l’encontre de Poutine. « Ce sera de pire en pire », « On ne peut rien faire », telles sont les réactions qu’on entendait de la bouche des manifestants rassemblés devant l'ambassade russe.
Pour Maria, partie de Russie il y a un an et demi et exerçant aujourd’hui à Erevan sa profession de bio-informaticienne, l’émotion est difficile à supporter. Elle se dit « bouleversée » par la mort d’Alexeï Navalny. « Il était le seul à faire quelque chose contre le gouvernement », se désole-t-elle. Alors que la liberté d’expression en Russie demeure très restreinte, ici, les manifestants ont pu faire entendre leur voix sans crainte, arborer librement des banderoles hostiles au régime de Vladimir Poutine et relayer les slogans visant à dénoncer ses agissements. La police arménienne a toutefois été réquisitionnée pour encadrer la mobilisation et éviter tout débordement aux abords de l’ambassade. Un cordon de sécurité était déployé au croisement des rues Zakyan et Grigor Lusavorich, un autre à quelques mètres de l’ambassade.
À Gyumri de même, un hommage a aussi été rendu devant le consulat général de Russie. "Kovcheg", une association d'aide aux émigrés qui ont quitté la Russie à cause de la guerre a d'ailleurs remercié les autorités de la ville sur sa chaîne Telegram en promettant « La Russie sera libre ! ». Le collectif a été fondé en mars 2022, il est actif et dans plusieurs pays dont la Pologne, la Turquie, le Kazakhstan. Darina Maïatskaïa, sa coordinatrice locale et militante politique assure que malgré la situation dramatique, il n’est pas question de cesser les revendications. « On ne doit pas abandonner, il faut continuer à se battre », insiste-t-elle avec émotion.
Le 24 février, deux ans jours pour jour après l’invasion de la Russie en Ukraine, un rassemblement aura lieu une nouvelle fois place de Russie, devant la mairie d'Erevan.