Les Arméniens tournent depuis longtemps leurs regards vers les cieux ainsi que le prouve le petit observatoire préhistorique de Karahunj. Plus récemment, Viktor Ambartsumian ou Misha Markarian, prouvent qu'ils n'ont jamais cessé de le faire. En 1989 et 199, le Dr James Bagian vola même deux fois sur la navette spatiale, sous le drapeau américain.
Par Régis Danielian
De nombreux arméniens se sont illustrés dans le cadre de la conquête spatial soviétique (notamment Alexander Kemurdzhian, au sein du programme Lunakhod), mais depuis l’indépendance en 1991, aucun projet concret n’est arrivé à maturité.
Il y a un an, le tout premier satellite arménien, Armsat1, était mis en orbite, permettant ainsi à l'Arménie de faire son entrée dans le club fermé des nations spatiales. Mais ce satellite, ou cubesat, de par sa taille réduite, était propulsé dans l’espace grâce à une fusée américaine SpaceX, après avoir été construit en Espagne par la société Satlantis qui livra le projet demeuré secret jusqu’à la date du lancement en 8 mois seulement.
Armsat1 a permis à l’Arménie d’obtenir une indépendance nécessaire pour observer le pays à sa convenance et selon ses besoins spécifiques. De plus, le contrôle du satellite et la transmission des données devraient se faire prochainement en Arménie.
Depuis une dizaine d’années, le nombre de satellites en orbite augmente de manière vertigineuse grâce à des entreprises telles que SpaceX qui en font leur cœur de métier. Ainsi des universités, des entreprises et des petits pays, peuvent se permettre de mettre en orbite des satellites à un prix raisonnable.
La fabrication du lanceur, la fusée demeure l'élément le plus complexe et donc le plus cher à produire de l’industrie spatiale. Jusqu'il y a peu, seuls les USA, la Chine, la Russie/URSS, l’UE et quelques rares autres pouvaient se permettre cette aventure, disposant des moyens financiers, humains et technologiques pour le faire.
Les progrès techniques ont permis la miniaturisation extrême des satellites, devenant de plus en plus petits, donc par voie de conséquence, moins chers à mettre en orbite. Si jusque dans les années 2000, le coût d'un avoisinait les dix mille dollars du kilo lancé, les prix ont été globalement divisés par dix depuis.
Depuis vingt ans justement, une série de tout petits engins nommés "nanosatellites", ou “cube sat”, dont les dimensions sont standardisées à dix centimètres de côté pour un poids d'environ 1kg, constitue la majorité des objets envoyés dans l’espace.
L’Arménie dont le savoir-faire en informatique n’est plus à prouver, peut et veut devenir un acteur de l’exploitation spatiale à bas coût, tout comme l’Inde. Ces "nanosats" peuvent être assemblés en plusieurs unités comme un Lego (10cm3 par unité, l’Armsat1 en comptait seize).
Sur les clichés publiés, on peut néanmoins déduire que le satellite fait environ une unité (10cm3), qu’il est équipé de panneaux solaires (pour assurer son alimentation électrique en orbite). L’appareil, selon les informations fournies, ne dispose pas de système d’observation. Ce n’est pas le but actuel. Chaque chose en son temps.
Le seul et unique but de ce satellite: développer un savoir-faire en électronique embarquée, en protocoles de construction, de vol et de communication depuis et vers la Terre après sa mise en orbite polaire, finaliser les spécifications techniques et administratives, le transport jusqu’au lieu du lancement, etc…
Ce projet devrait permettre de se tailler une solide réputation en la matière, de sécuriser les partenariats avec les acteurs industriels et académiques, que ce soit en Arménie ou ailleurs, et enfin de démontrer le sérieux du projet, sa maîtrise, et donc d'asseoir l'indépendance que souhaite acquérir l’Arménie dans ce domaine. En ligne de mire, devenir un acteur de la conquête spatiale.