Coopération universitaire UFAR - Toulouse III, la bonne intelligence… naturelle

Complément spécial UFAR
Date: 
28.02.2022

À l'occasion du premier Forum francophone sur la qualité dans l’enseignement supérieur en Europe centrale et orientale organisé par l'UFAR le 24 et 25 février 2022, l'Université française en Arménie recevait Jean-Marc Broto, Président de l'université Toulouse III - Paul Sabatier.  C'était sa première visite en Arménie, l'occasion pour ce dernier de se rendre compte du fonctionnement des programmes de coopération établis avec l'UFAR depuis 2018.

Par Olivier Merlet

 

36 000 étudiants, neuf sites, 68 structures de recherche, l'un des trois plus gros laboratoires en Europe, et puis le CNES, le Centre national d'études spatiales… C'est le pôle universitaire toulousain. Son campus de Rangueil, celui de Toulouse III - Paul-Sabatier, regroupe sur 264 hectares plusieurs facultés dont celle des Sciences et d'ingénierie qui accueille à elle seule 1200 enseignants-chercheurs pour 12 000 étudiants. Enfin, dans un domaine qui intéresse plus particulièrement l'Université française en Arménie, Toulouse III c'est aussi l'IRIT, l'Institut de Recherche en informatique de Toulouse, une référence internationale.

Pour le recteur de l'UFAR, Bertrand Venard, ancien doctorant dans un centre de recherche de l’Ecole Polytechnique, le rapprochement entre les deux universités allait de soi. Dans un pays comme l'Arménie où l'informatique et les hautes technologies s'inscrivent comme des fers-de-lance de son développement économique, la constitution d'une filière universitaire complète dans le domaine s'imposait d'elle-même. « Du point de vue de l'UFAR, c'est une collaboration fondamentale. On le voit bien avec la disproportion des tailles, l'UFAR, c'est actuellement 1600 étudiants, 2500 en 2024. En comparaison, Toulouse III est un mastodonte sur lequel nous avons la chance de pouvoir nous appuyer. Son expertise, sa bonne volonté, les réseaux de Toulouse III nous apportent énormément. Cette coopération est une opportunité extraordinaire pour les 2 universités, avec au-delà, une nouvelle fois, l'idée de renforcer les relations internationales entre la France et l'Arménie. » observe Bertrand Venard.

Les contacts réguliers que mène le recteur auprès des pouvoirs publics et des entreprises locales confirment la justesse de ce choix, mais l'incitent surtout à étoffer les enseignements de base par une réelle spécialisation vers des secteurs de pointe très porteurs d'avenir. « Former sa jeunesse aux domaines techniques du XXIe siècle est une véritable priorité pour l'Arménie. Celui de l'intelligence artificielle, à travers toutes les rencontres que j'ai pu avoir au niveau des ministères dès ma prise de fonction, est très vite apparu d'un intérêt majeur à propos duquel s'exprimait un grand besoin de montée en compétences.

 

Coopération au pas de charge

Bertrand Venard poursuit : « J'ai mené des consultations auprès de notre université associée, Toulouse III, déjà très compétente en la matière, et très vite, mi-décembre 2020, nous avons validé cette idée de Master en Intelligence artificielle: La convention a été signée en juin 2021, à peine 6 mois plus tard. » L'État arménien nous a accordé la licence en juillet 2021. Nous sommes donc déjà prêts  pour la rentrée de septembre 2022.

Cette rapidité de décision dans l'enseignement supérieure est tout à fait exceptionnelle et démontre la grande implication de toutes les parties de s'investir et travailler pour aider l'Arménie. La coopération entre les deux universités est le fruit des échanges fréquents entre ses recteurs, Bertrand Venard pour l'UFAR et Jean-Marc Broto pour Toulouse III - Paul Sabatier, ainsi que de leurs professeurs, bien entendu, dans un souci de rapprocher la recherche et l'université. « Les qualités interpersonnelles entre les acteurs de terrain sont essentielles », explique Jean-Marc Broto, « les relations, les conventions, les partenariats qui fonctionnent, sont toujours basés sur un bon rapport humain. Sinon ça ne marche pas. À ce titre, j'apprécie tout particulièrement le dynamisme du recteur de l'UFAR. Ici, "ça dépote", les choses avancent, ça bouge, et c'est suffisamment rare dans l’enseignement supérieur pour le faire remarquer. "

Pour le lancement de sa nouvelle filière en Intelligence artificielle, l'UFAR vise l'accueil d'une vingtaine d'étudiants. L'objectif est ambitieux au regard du caractère novateur de cette formation, mais compte tenu des effectifs actuels en licence d'informatique, ce sont au bas mot une centaine d'ufariens qui seront à niveau en 2025 pour intégrer la spécialité. Elle sera également ouverte aux étudiants des autres universités, titulaires d'une licence en informatique, ou à tout professionnel justifiant d'une expérience significative dans ce domaine. Les cours seront dispensés le soir, en langue anglaise avec apprentissage obligatoire du français, non seulement pour les étudiants de l'UFAR, mais également pour tous ceux qui viendront de l'extérieur. « Nous tenons bien évidemment à poursuivre nos activités dans cet esprit de promotion assidue de la francophonie. » souligne Bertrand Venard.

Premier symbole de ce partenariat académique, la co-diplomation au niveau de la licence, et déjà du master, dans la filière informatique. Elle permettra à chaque étudiant diplômé de la spécialité par l'UFAR, l'obtention du diplôme officiel équivalent délivré par l'Université de Toulouse et largement reconnu dans le monde entier, sésame a l'accès des plus grandes universités internationales d'Europe et d'Amérique du Nord.

La coopération ne se limite pas aux programmes. Des échanges d'étudiants sont à l'étude, notamment dans le cadre de la réalisation de leur stage pratique en entreprise, étape incontournable de leur cursus. Des recherches de financement en ce sens sont d'ailleurs en cours afin de pouvoir envoyer en France tous les étudiants concernés. Échange de professeurs également, parmi les 80 professeurs français qui interviennent chaque année à l'Université française toutes sections confondues, plus d'une centaine à l'horizon 2024, de nombreux enseignants toulousains effectuent le déplacement.

 

Supercalculateur et partenariats renforcés

Enfin, en accord avec les autorités françaises, l'Université de Toulouse a décidé de faire don à l'Arménie d'un supercalculateur, équipement essentiel et indispensable aujourd'hui dans le domaine du traitement des données, le "Big Data", que ce soit pour les sciences, la santé, l'ingénierie, l'aéronautique aussi bien que les secteurs de l'économie ou de la défense. Des travaux sont déjà en cours à la cité de l'ingénieur de l'Académie des sciences d'Erevan pour l'accueillir d'ici la fin de cette année. Il représentera un accroissement très significatif des capacités techniques arméniennes au service des programmes de recherche scientifique, tant publiques que privés, du gouvernement et des entreprises.

« Aider l'Arménie, c'est bien sûr la volonté sincère de participer à son développement » explique Jean-Marc Broto, président de Toulouse III – Paul Sabatier, « mais c'est aussi contribuer au rayonnement de notre université. Notre stratégie de développement à l'international inclut des pays cibles dont l'Arménie fait partie, au travers de l'UFAR, mais également au titre de la francophonie. C'est un aspect auquel je suis particulièrement attaché, étant moi-même président d'un réseau de responsables des facultés de Sciences en francophonie, la CIRUISEF. Les liens historiques entre la France et l'Arménie sont forts par ailleurs, et c'est donc tout naturellement que nous nous sommes inscrits dans cette collaboration. » Au même titre que l'UFAR collabore avec d'autres universités en France, à commencer par celle de Lyon III, son partenaire historique, Toulouse pourrait ainsi élargir son partenariat avec l'Arménie. Des contacts ont été engagés avec l'Académie des sciences d'Erevan et son Institut de physique notamment, ainsi que dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Pour l'avenir, la volonté des partenaires est de poursuivre cette collaboration au plus haut niveau, institutionnel, dans le même état d'esprit de confiance réciproque. Le 8 avril, l'UFAR organisera la Nuit de l'intelligence artificielle à laquelle participeront 3 professeurs toulousains dont l'ancien directeur du département informatique de Toulouse qui rassemble plus de 700 chercheurs spécialisés et le vice-président de la filière numérique de son université. Un master en information de l'aérospatiale et de l'aéronautique pourrait être envisagé à l'horizon 2023, en grande synergie et dans la continuité du master en intelligence artificielle.

« J'ai rencontré ici des étudiants en première année de notre filière. » raconte Jean-Marc Broto, interrogé sur ses impressions quant à l'Arménie. « Quand on rentre dans une salle de classe, on voit le regard des étudiants et ça ne trompe pas. Ici, je n'ai pas vu de gens endormis, j'ai vu des gens au regard clair, pétillant. Lorsque je leur ai demandé s'il y avait des questions, les mains se sont levées, immédiatement, les questions ont fusé. Beaucoup se sont exprimés en français, ils réclamaient plein de choses, des connexions, des supports, plus d'échanges, encore. Mais surtout j'ai remarqué qu'il y a beaucoup de filles. Chez nous, à Toulouse et en France, il y a des associations de femmes pour la science qui se démènent pour essayer de féminiser les études scientifiques, il y a très peu de femmes en informatique. Et ici il y avait au moins 50 % de filles. C'est extraordinaire.

Quand on est professeur, de voir une classe comme ça, c'est vraiment réjouissant et là je me dis. Pas de doute, l’UFAR est vraiment un bon partenaire. »