Edition 2025 du Concours francophone de plaidoirie sur les droits humains

Complément spécial UFAR
14.04.2025

Le concours de plaidoiries organisé conjointement par l’UFAR et l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Montpellier, la Chambre des avocats d’Arménie et la Chaire Senghor d’Arménie, a une fois de plus démontré l'engagement des deux institutions à promouvoir la coopération juridique franco-arménienne et la francophonie. Sous l'égide du Barreau de Montpellier et de l’Université française en Arménie, cet événement annuel a réuni des étudiants talentueux et des professionnels du droit pour une compétition de haut niveau.

Le Courrier d'Erevan s’est entretenu à ce sujet avec Mme Naïra Zoroyan, avocate au Barreau de Montpellier, vice-présidente de l’Institut des Droits de l'Homme du Barreau de Montpellier et experte en Droit du Travail, organisatrice de cette initiative.

Par Paul Loussot

 

Une convention pour renforcer les liens juridiques

Le Barreau de Montpellier et l'UFAR collaborent activement pour établir des conventions entre avocats sur divers thèmes juridiques. Ce concours de plaidoiries, sa quatrième édition déjà, est l'un des volets de cette coopération, visant à créer des liens solides entre les avocats arméniens et français, siégeant ensemble sur les pannels des jurys. De plus, les lauréats du concours sont traditionnellement invités à Montpellier pour des séjours-stages dans des cabinets d'avocats, une opportunité précieuse pour enrichir leur expérience professionnelle. L’ambassadeur de France en Arménie, M. Olivier Decottignies a par ailleurs reçu la délégation du Barreau de Montpellier, en explicitant que « le droit [est] au cœur des coopérations économiques et universitaires entre la France et l’Arménie. »

 

Un jury prestigieux et un niveau impressionnant

Le jury, composé d'avocats arméniens (francophones) du Barreau d’Arménie ainsi que d’avocats français du Barreau de Montpellier dont le Bâtonnier de Montpellier Pierre Lafont, l’ancienne Bâtonnier Michèle Tisseyre et le Président de l'Institut des Droits de l'Homme Amine Faraj, a été impressionné par le niveau exceptionnel des candidats souligne Naïra Zoroyan, qualifié « d’excellent ». D’autant plus que les étudiants étaient seulement en 2e année d’études de Droit. La grande gagnante ayant remporté le prix du meilleur plaideur s’appelle Milena Babayan. Le second meilleur plaideur, Yeva Vardanyan, aura également la possibilité d’effectuer un séjour-stage. Car les étudiants devaient concourir par équipe de deux, le prix de la meilleure équipe revient à Milena Tadevosyan et Yeva Vardanyan. Concernant le meilleur mémoire, étape précédent l’épreuve des plaidoiries, le prix revient à Artavazd Ganjalyan et Luiza Aghajanyan.

Le cas pratique de cette année, rédigé par Gohar Galustian, enseignante à l’Université de Montpellier, portait sur la liberté d'expression d'un humoriste dans un contexte délicat au regard de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Un tel exercice a mis à l'épreuve les compétences juridiques et linguistiques des participants. Naïra Zoroyan ne manque pas de rappeler que le cas pratique fictif de cette année était « particulièrement difficile ».

 

Des relations constantes, symbole de la coopération franco-arménienne

Au-delà du concours, l'objectif est de renforcer les relations de travail entre les avocats des deux pays. Des conférences et des échanges réguliers sont organisés, notamment à l'Académie des avocats d'Arménie, pour discuter des réformes à venir dans le système judiciaire arménien. L'Académie des magistrats, inspirée du modèle français, joue un rôle clé dans cette dynamique de réforme. Le Barreau de Montpellier se distingue par le caractère permanent et constant des échanges ainsi que du fait de sa réactivité lors des crises traversées par l’Arménie ces dernières années. Ainsi à titre d’exemple, le Barreau de Montpellier s’est rendu en Arménie quelques semaines après l'agression de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie en 2022 pour y réaliser un reportage sur les villages arméniens anéantis à la frontière.

Ces échanges sont également l’occasion d’étudier en profondeur le système judiciaire arménien et même à s’en inspirer. Naïra Zoroyan explique : « Nous pouvons même constater que le système arménien, bien qu’il soit imparfait et encore récent, est en avance sur certains points. Particulièrement concernant le défenseur des droits de l’homme, qui dispose d’un très large panel de compétences en Arménie. » Le Barreau de Montpellier est particulièrement actif dans le soutien à l'Arménie, notamment en matière de droits de l'homme. Les avocats français suivent de près les affaires portées devant la Cour européenne des droits de l'homme, soulignant l'importance de l'application des décisions de justice. Naïra Zoroyan souligne que l'Arménie, bien que confrontée à des défis géopolitiques majeurs, reste une démocratie avec une presse libre et une expression ouverte, des valeurs chères à l'Europe : « […] à chaque voyage en Arménie, mes confrères et consœurs sont étonnés de constater le nombre important de chaînes TV et de journaux d’opposition. »

 

Une coopération accouchant de nouveaux projets

De nouveaux projets sont également en cours de discussion, dont l'ouverture de cours en France pour les avocats arméniens sur des sujets spécifiques, notamment concernant le Droit du Travail.  La coopération entre les barreaux de Montpellier et d'Arménie se poursuit, avec des rencontres régulières et un engagement constant, même en période de crise comme précisé plus tôt. L’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Montpellier a par ailleurs fait part à M. l’Ambassadeur de son souhait de sa volonté de contribuer à améliorer le système judiciaire arménien. Malgré la distance géographique, les avocats français sont conscients de l'importance de maintenir un lien fort avec l’Arménie, qui partage un héritage juridique commun et des valeurs semblables, souligne Naïra Zoroyan.

En conclusion, ce concours de plaidoiries est bien plus qu'une compétition entre étudiants ; il est un symbole de l'engagement commun pour la justice, la démocratie et la coopération