L’industrie de la Technologie d’information en Arménie, comme dans le monde, reste dominée par les hommes. Malgré les discussions internationales sur la diversité des sexes dans le domaine de la technologie d’information, les femmes sont souvent sous-représentées et discriminées dans l'industrie de la technologie, selon les chiffres. Nous avons discuté de ce sujet avec Lilit Gabrielian, Ingénieur Logiciel, qui a une expérience de dix ans dans ce domaine.
Par Lusiné Abgarian
La diversité est essentielle dans la technologie, car elle permet aux entreprises de créer des produits meilleurs qui prennent tout le monde en considération, pas seulement une partie de la société. Effectivement, les entreprises diverses fonctionnent mieux, embauchent de meilleurs talents, ont des employés plus engagés et retiennent mieux les travailleurs que les entreprises qui ne se concentrent pas sur la diversité et l’inclusion. Malgré cela, les femmes restent souvent sous-représentées dans les postes informatiques. Et ceci est en lien direct avec la mentalité des sociétés qui regardent d’un œil sceptique une femme qui veut réussir dans les plus hautes positions, notamment dans ce domaine.
Notre interlocutrice confirme qu’il y a dix ans, le nombre des filles dans les facultés de programmation et d’ingénierie en Arménie était moins important que celui des garçon, les filles ne formant que 20% d’étudiants dans les facultés concernées. C’est vrai que les statistiques ont évolué depuis au profit des femmes, mais les conséquences de ce fait du passé pas si lointain se reflètent actuellement dans l’image des entreprises où les femmes occupent moins souvent les postes élevés que les hommes. Comme le confirme Lilit, « même si les chiffres ne sont pas encore au même niveau, la tendance vers l’égalité homme-femme dans ce domaine est beaucoup plus visible ».
Lilit trouve que la raison de ce phénomène d’inégalité dans le domaine des hautes technologies en Arménie réside notamment dans le fait que les femmes sont moins ambitieuses. Elle tient à ajouter néanmoins que « si nous comparons le cas de l’Arménie aux statistiques mondiales, les femmes sont beaucoup plus engagées en Arménie dans les métiers de technologie que dans d’autres pays ». En effet, il y a des compagnies dans le monde, comme Google ou Facebook, qui sont confrontées au besoin de trouver des cadres féminins, et encore plus des femmes qui occuperaient des positions élevées dans les entreprises. Même si les règles sur l’inclusion égale sont beaucoup plus rigoureuses et exigeantes en occident qu’en Arménie, la question de la discrimination reste problématique dans ce domaine aussi en occident. Selon nos statistiques actuelles, nous avons environ un rapport de 60% d’hommes contre 40% de femmes dans les entreprises du domaine des TI en Arménie. S’il y a un changement de pourcentage d’insertion dans ce domaine au profit des femmes, les postes les plus élevés dans ce domaine restent encore généralement réservés aux hommes.
La solution que propose à ce problème notre interlocutrice, c’est le changement de mentalité des femmes, car « quand après avoir travaillé un certain temps, après avoir eu certaines réussites, les femmes partent en congé de maternité et puis quand elles reviennent, elles veulent garder, pour la plupart, cette zone de confort et n’ont pas vraiment tendance à demander plus de soi-même et à se développer davantage. Ensuite un autre congé de maternité, et c’est le même cycle quir epart. Ainsi, même si une femme est déjà une spécialiste confirmée avec un parcours de dix-quinze années, elle peut ne pas être compétente plus qu’un homme qui a une expérience similaire. Car non seulement elle a eu des pauses dans sa carrière, mais c’est aussi la mentalité qui ne la pousse pas à s’améliorer, à avoir une croissance. Généralement elles préfèrent préserver ce qu’elles ont. Elles ne prennent pas de risque, elles n’essaient pas d’avancer vraiment ».
La problématique soulevée dans ce domaine, qui serait aussi propre à d’autres domaines également, est étroitement liée au phénomène social présent en Arménie, qui fait que « les femmes sont satisfaites avec le peu qu’elles ont ». Et ceci est en lien direct avec le fait que « la société n’a pas de grandes attentes des femmes dans cette affaire. C’est pour cela que les femmes n’ont pas envie, ni besoin de se perfectionner dans leur métier », qui, en effet, subit des changements fréquents avec le développement rapide des technologies. De l’autre côté, comme l’affirme notre interlocutrice, « il y a un vrai scepticisme envers la femme qui veut réussir dans les positions les plus élevées, il y a des préjudices très forts, et beaucoup de femmes peuvent en témoigner ».