La ferronnerie d'art et la tradition de la forge de Gyumri au patrimoine mondial de l'UNESCO

Société
06.12.2023

Le Comité intergouvernemental de Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité vient d'inscrire la tradition de la forge de Gyumri au répertoire mondial  de l'UNESCO.

Par Olivier Merlet

 

Lors de l'ouverture de sa 18ème session qui se tient depuis hier, 5 novembre, à Kasane au Bostwana, le Comité intergouvernemental de l'UNESCO pour la Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité a décidé d'inscrire à son registre mondial la tradition de la forge et de la ferronnerie d'art de Gyumri.

Pratiqué dans toute l'Arménie depuis la plus haute antiquité, de par ses abondantes ressources en minerai, le travail du métal, et plus particulièrement du fer, a acquis sa pleine expression à Gyumri au milieu du XIXe siècle à l'arrivée des premiers immigrés d'Arménie occidentale. Sa population croît alors rapidement, des familles de riches commerçants s'y installent qui peu à peu vont transformer le profil architectural du centre-ville. De belles maisons à deux et trois étages sont construites en tuf noir qui confèrent à Alexandropol, telle qu'elle s'appellait à l'époque, son style et son atmosphère unique qu'on lui connaît encore aujourd'hui .

Tous ces changements sont rendus possibles grâce à une culture et une diversité artisanale locale de haute qualité. Elle est organisée et gérée à travers des corporations très exigeantes, chargées d'assurer la transmission des savoir-faire de chaque métier de génération en génération. L’artisanat urbain atteint sa perfection et la forge y joue un rôle unique. Des couvertures de porches au style artistique particulier sont réalisées par les ferronniers de la ville, les barreaux des portes-fenêtres, des balcons et des fenêtres, les portails, tous ces éléments constitutifs de ce paysage urbain exceptionnel sont les témoins encore visibles aujourd'hui du haut niveau de développement de la forge à Gyumri.

De nos jours, des familles d'artisans locaux préservent et transmettent toujours cette tradition : les Papoyan, les Martirosyan ou les Mnoyan, forgerons de grand-père en père et de père en fils depuis cinq ou six générations. Des établissements d'enseignement professionnel d'arts appliqués contribuent de même à cette transmission ainsi que des musées, comme celui de "l'architecture populaire et de la vie urbaine" qui expose des pièces de forge artistique uniques, des associations, engagées dans la préservation des traditions artisanales de la ville et, dans un sens plus large, les habitants de Gyumri eux-mêmes, qui la perpétuent en continuant de commander et d'utiliser des objets fabriqués par les maîtres de forge.

La candidature "Tradition de la forge de Gyumri" est une initiative commune portée par le gouvernement arménien avec le soutien consultatif de l'Académie nationale des sciences. Elle a été préparée conjointement par la province de Shirak, la municipalité, les musées et associations de Gyumri et bien sûr, ses forgerons.

 La Convention sur la "Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité" a été ratifiée par l'Arménie en 2006. Sa contribution a été reconnue par l'inscription sur ses registres (chronologiquement) du Duduk et de sa musique, de l'art et du travail du "Khashkar", "Sasna tsrer" ou l'épopée épique de David de Sasun, la préparation du Lavash, la danse folklorique du "Kochari", la calligraphie arménienne ainsi que le Pèlerinage au monastère de Saint-Thaddeus l'Apôtre, conjointement avec l'Iran.