Des femmes et des enfants de l'Artsakh continuent leur action de protestation devant le gouvernement à Erevan. Elle fait suite au grand rassemblement dédié à la protection des citoyens de l'Artsakh qui s'est tenu samedi 29 mars. Une lettre de revendication a été soumise aux autorités arméniennes et à la communauté internationale. Le texte intégral de la demande est présenté ci-dessous.
"Nous, les résidents de la République d'Artsakh (Nagorno-Karabakh), déplacés de force de leur terre historique et victimes de l'occupation et du génocide, et les Arméniens, conscients de la valeur de l'Artsakh, unis dans notre patrie - la République d'Arménie, élevons notre voix pour défendre nos droits, notre dignité et notre avenir. Nos demandes sont basées sur les principes fondamentaux du droit international, les normes universelles des droits de l'homme, le droit inaliénable des nations à l'autodétermination, la justice historique et la dignité nationale. Nos demandes aux autorités arméniennes et aux différents acteurs de la communauté internationale :
- Mettre en œuvre de manière active, cohérente et responsable toutes les mesures juridiques, politiques et diplomatiques possibles pour assurer le retour collectif de la population de l'Artsakh dans son pays d'origine et lui permettre d'y mener une vie sûre, digne, stable et indépendante. À cet égard, il est nécessaire de mettre en œuvre la décision de la Cour internationale de justice des Nations unies du 17 novembre 2023 et de soulever la question de l'exercice correct de ce droit dans les négociations avec l'Azerbaïdjan.
D'ici là, nous exigeons du gouvernement de la République d'Arménie qu'il garantisse des conditions de vie stables et dignes à la population de l'Artsakh :
- La poursuite inconditionnelle du programme d'aide au logement jusqu'à ce que les besoins des familles en matière de logement soient entièrement satisfaits.
- Le lancement d'un nouveau programme de logement juste et efficace qui sera basé sur une évaluation complète des besoins des familles, facilitant la communication, encourageant le développement du logement, prévenant l'émigration et d'autres principes clés.
- Mettre en œuvre des programmes d'emploi efficaces qui, tout en répondant aux besoins en matière de logement, permettront de surmonter la pauvreté généralisée parmi les résidents de l'Artsakh déplacés de force, de générer un revenu stable et décent et de réaliser et de développer le potentiel existant.
- Organiser une conférence internationale des donateurs afin d'attirer des fonds extérieurs à grande échelle pour mettre en œuvre les programmes humanitaires et de développement susmentionnés et d'autres programmes fondamentaux, et pour éviter d'alourdir la charge financière à long terme qui pèse sur le peuple arménien.
- Abandonner la politique coercitive artificielle consistant à imposer la citoyenneté de la République d'Arménie et rendre la citoyenneté de la République d'Arménie au peuple d'Artsakh, en donnant à chacun la possibilité de jouir des droits de la citoyenneté et d'assumer les responsabilités qui en découlent.
- Reconsidérer la décision inconstitutionnelle du gouvernement de la République d'Arménie concernant les fonds de pension accumulés par les résidents de l'Artsakh, en donnant à chacun la possibilité de gérer de manière indépendante les fonds accumulés.
- S'abstenir de propager la haine au sein du peuple arménien, et en particulier contre le peuple de l'Artsakh, y compris par les cercles gouvernementaux, et punir indistinctement tous ceux qui sont responsables de telles manifestations.
- Mettre tout en œuvre pour protéger et libérer d'urgence les Arméniens retenus en otage et torturés en Azerbaïdjan, y compris par des négociations appropriées avec l'Azerbaïdjan, l'utilisation de mécanismes juridiques et politiques internationaux, la promotion de sanctions internationales contre le régime d'Aliyev et d'autres instruments de pression. Le respect de l'obligation d'élucider le sort des Arméniens disparus doit également rester au centre de l'attention.
- Soulever systématiquement et publiquement la question de la protection du patrimoine spirituel et culturel arménien, des biens publics et privés de l'Artsakh dans les instances internationales, en cherchant à faire appliquer les actes judiciaires internationaux adoptés sur la base des revendications de la République de l'Artsakh. A cet égard, il est extrêmement important de porter à l'attention de la communauté internationale les faits systématiques et continus de destruction et d'appropriation du patrimoine culturel, des biens privés et publics par les autorités azerbaïdjanaises de manière coordonnée, en exigeant l'utilisation de mécanismes de surveillance internationaux et l'application de sanctions.
- Veiller à ce que l'Arménie et/ou les États partenaires déposent des requêtes auprès de la Cour pénale internationale pour demander que les responsables du déplacement forcé de la population de l'Artsakh et d'autres crimes internationaux fassent l'objet d'une enquête et soient punis.
- S'abstenir de l'approche extrêmement dangereuse consistant à abandonner les poursuites engagées contre l'Azerbaïdjan devant les tribunaux internationaux, ce qui constituerait une violation flagrante et directe des droits du peuple d'Artsakh et de nombreux autres Arméniens, en l'absence de tout mécanisme alternatif et adéquat de défense et de rétablissement de ces droits.
- Éviter toute mesure visant à dissoudre le groupe de Minsk de l'OSCE, format internationalement reconnu pour le règlement du conflit du Karabakh, et reprendre les négociations dans le format du groupe de Minsk sur la protection et le rétablissement des droits du peuple de l'Artsakh.
- Assurer la participation adéquate des représentants légitimes du peuple d'Artsakh à toutes les décisions de politique intérieure et étrangère qui le concernent et prendre en compte la voix du peuple d'Artsakh, en excluant l'adoption de décisions illégales et autoproclamées.
Nous, citoyens de l'Artsakh déplacés de force et Arméniens conscients de la valeur de l'Artsakh, exprimons par cette demande non seulement la douleur de notre perte et de notre situation, mais aussi notre détermination à défendre nos droits tant en Arménie que sur la scène internationale.
Il s'agit d'un appel à la justice, à un avenir radieux, à notre dignité nationale, à une paix stable, juste et honorable dans la région, à l'existence durable de la République d'Arménie et de la patrie arménienne".
