Les contraintes environnementales (réchauffement climatique), et politiques (indépendance énergétique), placent la "transition énergétique" au cœur des politiques de développement de tout pays ou groupe de pays dans le monde. C’est particulièrement vrai pour l’Arménie, où la dépendance au gaz russe se conjugue avec la perte d’une partie de ses ressources en énergie hydraulique (à la suite du dernier conflit) et l’obsolescence programmée de la production d’électricité nucléaire nationale.
Par Michel Menny, membre du CA de KASA
Dans ce contexte, les investissements en énergies renouvelables constituent une partie essentielle de la réponse à ce problème majeur, et le photovoltaïque y trouve tout naturellement sa place, dans un pays aux conditions géographiques particulièrement favorables à son essor.
Vu l’enjeu, les objectifs de production seront nécessairement ambitieux, et, comme en Europe, deux types d’installation se déploient actuellement en Arménie : des grands ensembles (champs PV) directement connectés au réseau centralisé de distribution nationale, et de petites structures fonctionnant en autoconsommation, sur du bâti existant, chez des particuliers. Dans ce dernier cas, la production peut être directement consommée par les propriétaires des installations, et seul le surplus occasionnel est revendu au réseau. Ces structures décentralisées sont particulièrement intéressantes pour l’Arménie en milieu rural. Dans tous les cas de figure, les entreprises d’installation doivent déjà faire face à une pénurie de techniciens / monteurs bien formés, pour s’adapter à une demande croissante.
Avec le projet AREV, KASA, en partenariat avec la FAARALP (Fédération des Arméniens de la Région Auvergne Rhône Alpes), met en place un organisme de formation continue en réponse à cette demande du marché du travail national. La création et le suivi pédagogique et technique sont assurés par le professeur Hagop AJAMIAN, du lycée La Martinière de Lyon, spécialiste de la formation continue en France, et fort de dix années de présence en Arménie dans le domaine des installations solaires. Tout en basant le centre de formation à Gumri, notre ambition est de démultiplier notre action sur l’ensemble de l’Arménie. Grace à l’appui des ministères de l’éducation et de l’industrie arméniens, nous opérons en partenariat avec les écoles et instituts techniques dans les régions et privilégions les achats de matériel produit localement. Un premier module de cinq semaines de formation vient de se terminer à Sevan, avec dix jeunes stagiaires (voir détails dans l’article d’Ani Paitjian). Cette première session a permis de valider le concept et d’y associer des entreprises arméniennes, qui assureront les stages et embauches en fin de cycle. Ce système présente l’avantage de former rapidement des jeunes en recherche d’emploi ou en reconversion, en vue d’en faire des techniciens de bon niveau directement utilisables par les entreprises locales partenaires. Nous prévoyons aussi d’adapter des modules pour le perfectionnement de professionnels déjà intégrés en entreprise ainsi que pour « former des formateurs », condition nécessaire à la pérennisation du processus. De même, nous ouvrirons, dans un futur proche, ce type de formations sur d’autres champs de compétences techniques, comme la robotique et l’électrotechnique en général.
Grace à AREV, nous espérons contribuer au démarrage d’un cycle vertueux pour l’Arménie : aide à la production d’énergies locales renouvelables et décarbonées, contribution à l’indépendance énergétique du pays, formation de personnel pour pérenniser des emplois locaux de long terme, contribution au développement économique d’entreprises arméniennes avec un effet direct sur l’emploi, transfert de technologie de la France vers l’Arménie, et aide aux familles pour s’équiper en systèmes énergétiques modernes et « propres ».
Notre action se développe grâce au soutien technique et financier d’un certain nombre d’organisations en France, outre la FAARALP : la région Auvergne Rhône Alpes dans le cadre de la coopération décentralisée, la ville de Grenoble, le Fonds Arménien de France, la Fondation SCHNEIDER Electric ainsi que le lycée technique La Martinière Monplaisir de Lyon.