Tcharents, un poète arménien pour le monde

Arménie francophone
03.11.2022

 Un recueil bilingue de poèmes de Yéghishé Tcharents vient de sortir à l’occasion du 125e anniversaire de la naissance du grand poète et du 85e anniversaire de sa mort.

Par Lusine Abgaryan

Vendredi 28 octobre, la communauté francophone, les membres de la famille de Tcharents et le collectif de son musée s’étaient réunis à l’Ambassade de France en Arménie pour la présentation du recueil de poèmes ’’Ծիածանը’’ և… - ’’L’Arc-en-ciel’’ et… -, en français et en arménien. Publié aux éditions Antarès, avec le soutien du ministère de l’Éducation et de la culture ainsi que de l’ambassade de France en Arménie, ce recueil réunit soixante-quatorze poèmes de Yéghishé Tcharents tirés principalement du recueil original « Tsiatsan » ainsi que d’autres recueils célèbres.

À l’approche de cette année commémorative Tcharents, le ministère avait recommandé dès 2021 la mise en œuvre des programmes de traduction et ce recueil bilingue en est le cinquième volume. « Tcharents et son œuvre sont l’une des couleurs les plus denses et fondamentales de la palette de la littérature arménienne du XXe siècle. De telles initiatives sont très importantes du point de vue de la présentation du patrimoine littéraire arménien au monde et de la reconnaissance de l’Arménie. Traduit dans plus de trente langues, l’œuvre de Tcharents comporte de nombreuses couches de nouvelles découvertes, et nous sommes sûrs que ce livre trouvera une place particulière dans le champ des lecteurs francophones », a souligné Astghik Marabyan, chef du département du Patrimoine culturel et de l’artisanat populaire du ministère.

Les traductions ont été effectuées par l'éminent professeur Aram Barlezizyan qui s’était consacré au crépuscule de sa vie à ce travail sur la poésie. Ce livre en est le fruit, un labeur mené « avec beaucoup de soin et d’amour », comme en témoigne Gohar Tcharents, la petite-fille du poète, chercheuse au Musée Tcharents et coordinatrice de ce projet : « Aram Barlezizyan venait toujours avec une pile de papiers sous le bras, et il avait toujours beaucoup de notes, très détaillées... j’avais l’impression que je voyais mon grand-père. Il a fait un excellent travail, c’était un traducteur exceptionnel ». Gohar Tcharents a également souligné que son aïeul avait toujours eu des relations importantes avec les Français, qu’il aimait beaucoup la poésie française qu’il traduisait aussi. « C’est à Paris, en 1925 qu’il a écrit le poème « Le Mur des Communards à Paris ». Il aimait beaucoup les impressionnistes français. Il visitait le Louvre et y passait des heures à commenter les œuvres ».

Zhanna Manukyan, la directrice de la maison-musée Yeghishe Tcharents, a évoqué quant à elle, l’historique de cette initiative de créer une édition française et arménienne du livre. Cette idée est née l’année dernière, après la visite de Guillaume Narjollet, conseiller de coopération et de l’action culturelle de l’ambassade de France en Arménie, visite au cours de laquelle ce format d’une éventuelle coopération avait été discutée.

Guillaume Narjollet a souligné que cette traduction permet à la communauté francophone de découvrir l’œuvre de Tcharents : « Nous sommes très heureux d’avoir soutenu le musée Tcharents dans la préparation et l’édition de ce livre, traduit pour la première fois de l’arménien vers le français. Il est très important pour l’ambassade de France de donner à la communauté française et francophone l’occasion de mieux connaître l’œuvre et les poèmes de Tcharents. L’œuvre de ce grand poète est important pour le peuple arménien mais aussi pour nous, car nous avons des liens culturels très forts avec l’Arménie. Au nom de l’Ambassade de France, je profite de l’occasion pour rendre hommage à Aram Barlesizyan, l’auteur de la traduction française du livre ».

La musique de Komitas interprétée par le quatuor à cordes éponyme a accompagné la présentation du livre.