« Pour chaque langue que tu parles, tu vis une nouvelle vie. Qui ne parle qu’une langue ne vit qu’une fois », dit le proverbe tchèque, qui suggère que les professeurs de langues, entre autres, œuvrent pour offrir une nouvelle vie à leurs élèves désireux de l’acquérir à travers les langues !
Par Lusiné Abgarian
Plus de 370 professeurs de français, défenseurs de la francophonie, sont actuellement attelés à cette tâche en Arménie pour faire ce cadeau aux élèves et étudiants et contribuer au rayonnement de la langue française dans toutes les régions, villes et même les petits villages de l’Arménie.
C’est pour marquer ce beau partage d’intentions et d’expériences, valoriser le métier de l’enseignant de français que l’Ambassade de France en Arménie avait réuni les professeurs mardi 22 juin pour la 2e édition du Congrès des professeurs de français en Arménie, qui s’est tenu, à l’instar de la première édition, au sein de Matenadaran, en présence de l’Ambassadeur de France en Arménie, Monsieur Jonathan Lacôte, de Madame Zhanna Andreassian, la vice-ministre de l’éducation de la RA et d’autres fonctionnaires arméniens.
A titre de directeur de Matenadaran, Monsieur Vahan Ter-Ghevondyan à accueillir les professeurs et les invités, tout en tenant à évoquer la francophilie des Arméniens, mais aussi le mouvement arménophile en France avec des arménologues éminents, les premiers en Europe occidentale. Le directeur n’a pas manqué de souligner le rôle des professeurs de français dans la société arménienne qui y apportent « une ouverture d’esprit, une richesse d’âme et un goût exquis ».
Le travail des professeurs étant perturbé en raison de la crise sanitaire, ils ont assuré la continuité de l’enseignement, souvent avec beaucoup « d’imagination et de créativité », comme l’a remarqué Son Excellence, mais surtout avec zèle et ferveur face au drame de la guerre qui avait ébranlé leurs élèves.
Soulignant la grande force de l’Arménie, qu’est l’apprentissage parallèle et la maîtrise de 3 langues et de 3 alphabets, « qui se complètent, mais ne font pas concurrence », Monsieur l’Ambassadeur a annoncé l’ouverture prochaine de nouvelles classes du français renforcé dans les lycées à Erevan, à Gumri, à Hrazdan : un nouveau dispositif « pour assurer la continuité de l’apprentissage du français pour les élèves après la 9e classe, entre le collège et l’université »,-comme l’a ajouté Monsieur Guillaume Narjollet, Conseiller de coopération et de l’action culturelle de l’Ambassade de France, qui n’a pas manqué à rappeler les autres dispositifs importants tels l’Alliance française, le Lycée Anatole France, l’UFAR et d’autres chantiers qui sont en cours d’élaboration, dont notamment le futur Institut français en Arménie, « la vitrine culturelle française et francophone », accueilli dans les locaux de la Fondation Aznavour, qui « offrira des activités culturelles permanentes et qui permettra de sensibiliser à la fois les francophones et les francophiles arméniens qui ont soif de la culture française ».
C’est en évoquant le souvenir, l’énergie et la foie dont avait fait preuve Martin Pachayan, professeur éminent de français à Gumri et figure symbolique de la renaissance que Monsieur l’Ambassadeur a remercié les professeurs de français et les a encouragés à continuer à œuvrer au profit de leurs élèves : « Le français en Arménie, c’est fondamentalement vous, c’est vous qui portez la langue, c’est vous qui portez notre culture, c’est vous qui aidez la jeunesse arménienne à s’ouvrir au monde francophone ».
Néanmoins, le travail des professeurs ne serait pas suffisamment accompagné et orienté sans le partenariat du Ministère de l’éducation nationale avec les vecteurs qui font rayonner la francophonie et la langue française en Arménie. C’est en collaboration avec l’Ambassade de France en Arménie, l’Alliance Française, l’Association des professeurs de français et le CREFECO notamment, que le pays dispose aujourd’hui des enseignants de français de grande qualité, qui poursuivent un apprentissage continu grâce à des formations annuelles mises en place par ces structures, comme a tenu à le souligner Mme Zhanna Andreassian, la vice-ministre de l’éducation de la RA. Compte tenu de ces avantages, un niveau plus élevé du français sera bientôt assuré pour les élèves selon les nouveaux critères de l’enseignement élaborés par la politique de l’État : un baccalauréat couronné par un niveau B2, un vrai atout au seuil de l’enseignement supérieur ! Et tout ceci grâce à l’élan dont font preuve les professeurs de français avec l’accompagnement des organismes concernés : « Tout ce que nous faisons ici, nous le faisons avec vous et c’est vous qui faites vivres le français au quotidien »,- a souligné M.Guillaume Narjollet en s’adressant aux professeurs, tout en évoquant des efforts déployés par l’Ambassade de France en Arménie, afin d’offrir plus de possibilités aux professeurs arméniens de suivre des formations en France.
Outre un moment convivial de partage et d’échange pour renforcer ce lien de solidarité entre les professeurs de français, ce Congrès fut l’occasion de récompenser le travail dévoué au quotidien à la langue française et à son rayonnement en Arménie depuis 20 ans de l’un des acteurs les plus importants de la francophonie en Arménie ! A cette occasion, l’Ambassadeur de France en Arménie a décerné, au nom du Président de la République française, à Madame Suzanne Gharamian, la directrice de l’Alliance Française et de l’Association des professeurs de français en Arménie, l’insigne de chevalier de l’ordre national du Mérite, une digne récompense pour ce travail significatif, dont Madame la directrice ne peut qu’être fière : « Je suis fière d’avoir consacré toute ma vie professionnelle à la promotion de la France, de sa belle langue et de sa culture. Je me réjouis de constater que les deux structures que j’ai créées et que je dirige, jouent aujourd’hui un rôle très important dans l’Arménie francophone, aussi bien dans l’expansion de la langue française, que dans la défense des valeurs communes, qui sont aussi celles de la France »,- a tenu à exprimer son émotion et sa gratitude Madame Suzanne Gharamian à l’Ambassadeur à l’occasion de l’accord de cette distinction honorifique.