Huit personnalité politiques françaises de premier plan, droite et gauche confondues, dénoncent l'organisation de la 29e conférence de l'ONU sur le changement climatique qui se tiendra à Bakou en novembre 2024. Ils y voient une "COP de la honte et de déshonneur, pour la France, l'Union européenne et les démocraties".
Anne Hidalgo, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Carole Delga, Michèle Rubirola, Michaël Delafosse et Jeanne Barseghian signent ensemble un texte pour s'opposer à l'organisation de la prochaine conférence des Nations Unies pour le climat en Azerbaïdjan. Il est paru hier, 17 décembre, dans le supplément dimanche du quotidien économique français "La Tribune".
« Le 11 décembre, l'Azerbaïdjan a été choisi pour accueillir l'année prochaine la COP29. Pour les pays et les collectivités qui luttent contre le réchauffement climatique en sortant des énergies fossiles, c'est évidemment une très mauvaise nouvelle puisque 90 % de l'économie de l'Azerbaïdjan dépend du pétrole et du gaz.
Une COP à Bakou serait une COP de la honte et du déshonneur, pour la France, l'Union européenne et les démocraties. Sa tenue serait en effet inévitablement utilisée par le régime pour se blanchir de ses agressions et de ses atteintes au pluralisme et aux droits de l'homme. Le régime de Bakou n'a pas cessé de combattre et de réprimer ses opposants à l'aide d'un système policier qui en fait un des États les plus répressifs de la région, Ce système répressif ne s'est d'ailleurs pas limité à son seul territoire. À plusieurs reprises ces dernières années, il a tenté en Europe même - y compris sur le territoire français - d'éliminer ses opposants réfugiés dans nos démocraties.
Cette désignation scandaleuse apparaît comme un blanc-seing donné au régime dictatorial du clan mené par Ilham Aliyev, qui vient d'ailleurs de décider d'avancer la prochaine élection présidentielle au 7 février 2024 et peut désormais effectuer un nombre illimité de mandats dans un déni démocratique absolu. Elle survient surtout quelques mois après le coup de force militaire contre l'Arménie et le Haut-Karabakh. Fort de sa non-reconnaissance du génocide arménien de 1915 et de son négationnisme systématique proféré par ses organes de propagande, il a décidé de s'attaquer à l'Arménie et aux habitants du Haut-Karabakh.
Rappelons les faits. La dictature de Bakou a attaqué et défait l'Arménie en 2020. Poursuivant sa volonté de dénier aux Arméniens le droit de vivre sur leurs terres historiques, elle a imposé en 2022 au Haut-Karabakh un blocus complet, qui sonnait comme le prélude à un processus génocidaire. En septembre 2023 enfin, elle a envahi militairement le Haut-Karabakh et a exigé sa capitulation. Bakou s'est depuis livré à un nettoyage ethnique méthodique et cynique de ses habitants, leur déniant tout droit à l'autodétermination et détenant arbitrairement plusieurs dizaines d'anciens responsables politiques et de simples citoyens du Haut-Karabakh. Bakou continue enfin à exercer une menace mortelle pour la République d'Arménie.
Le régime du clan Aliyev a mis en place depuis plus de dix ans un système de corruption généralisée pour étendre son influence en Europe
L'Europe se déshonorerait d'autant plus d'accepter que Bakou organise la prochaine COP que le régime du clan Aliyev a mis en place depuis plus de dix ans un système de corruption généralisée pour étendre son influence en Europe. Ses actions de corruption se sont doublées d'une volonté de déstabilisation des démocraties européennes, y compris dans notre pays. Nous en voulons pour preuve la campagne de désinformation que l'Azerbaïdjan a orchestrée contre l'organisation en France des Jeux olympiques de 2024. L'Europe a déjà signé en juillet 2022 un accord de coopération avec Bakou dans le domaine de l'énergie, en l'occurrence du gaz et du pétrole qui permettent au régime de financer ses achats d'armement, ses guerres et sa propagande. Il n'est pas possible d'aller plus loin dans la complaisance puisqu'il est évident que l'Azerbaïdjan utilisera l'organisation de la COP pour se donner une façade de respectabilité.
Il est impératif de mettre fin à l'impunité du régime de Bakou. Pour cela nous appelons, instamment, la France et l'Union européenne à tout faire pour qu'un autre lieu soit trouvé afin d'accueillir la COP29.
Signataires : Anne Hidalgo, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Carole Delga, Michèle Rubirola, Michaël Delafosse et Jeanne Barseghian