Invité à participer au 15e anniversaire du festival Puplinge Classique de Genève, l'Orchestre de Chambre National d’Arménie, se prépare pour une grande tournée européenne. Interview à Genève de son directeur Garegin Sargsyan.
Par Anna Aznaour
Avec près de vingt ans d'expérience dans la gestion de projets d’envergure, Garegin Sargsyan a accepté de lever un coin de voile sur les coulisses du travail de l’Orchestre de Chambre National d’Arménie.
Depuis 2013, c'est la sixième participation de votre orchestre au Puplinge Classique. Quelle est la particularité de cette édition 2024 ?
Il y en a deux. La première est que le 15ème anniversaire du festival coïncide avec un autre, très important, celui du 100ème anniversaire de la naissance de Charles Aznavour. Bien que cette manifestation soit dédiée à la musique classique, nous avons rendu hommage au grand artiste lors de notre concert genevois. L'orchestre a joué sa chanson "La Bohème", interprétée par la chanteuse de jazz helvético-albanaise Elina Duni. La deuxième particularité de notre participation cette année, c'est que le concert genevois marque la première escale de notre tournée européenne. Elle nous mènera en Italie, au Royaume-Uni, en Belgique, en Allemagne et en France. Au total, nous aurons dix concerts jusqu’à fin octobre.
Comment s’organise la collaboration entre votre orchestre et des musiciens étrangers lors des performances communes ?
Généralement, nous recevons les invitations des festivals au moins un an à l’avance. Quant au Puplinge Classique, François-Xavier Poizat, son cofondateur, nous a envoyé la sienne il y a dix-huit mois, en coordination avec la productrice indépendante Ani Gasparyan. Elle a été la cheville ouvrière du concert de gala du festival. La programmation des œuvres présentées a fait l'objet de discussions, par contre, le choix de la soliste, puis du chef d'orchestre français, Luke Baghdasaryan a été celui du cofondateur du festival. Nous l'avions récemment invité en Arménie pour diriger un tout autre concert et il a ainsi eu l'occasion de travailler avec l'orchestre sur le programme des œuvres présentées à Genève.
Votre orchestre travaille régulièrement avec des musiciens étrangers. La différence de langue ne pose-t-elle jamais de problèmes ?
Non, jamais. Nos musiciens sont vraiment très doués. Il est incroyable de voir avec quelle facilité et rapidité ils comprennent et s’adaptent à n’importe quelle langue. Ils s’intègrent également très facilement dans différents environnements. Par exemple, lors de cette tournée européenne et selon les lieux, nos musiciens seront dirigés par des chefs d’orchestre étrangers. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est très facile de travailler avec nous, les Arméniens. En dehors de cela, on peut souligner que la musique n’a pas besoin d’un autre langage.
Comment la diaspora arménienne peut-elle soutenir votre orchestre ?
En venant nous écouter et en diffusant l’information sur nos concerts auprès, aussi bien de la diaspora que des étrangers. Promouvoir la culture arménienne est un moyen de défense et de soutien à son peuple. C’est, en tous les cas, notre mission et notre priorité.
Que peut-on vous souhaiter ?
La même chose qu’au monde entier : la paix ! Car quand règne la paix, l’artiste peut se concentre sur sa mission première qui est la création de l’art.