Le dram à la demande

Société
18.05.2022

Le dram a gagné environ 15 % par rapport au dollar ces dernières semaines, soutenu par un afflux de Russes en Arménie et une décision d'acheter du gaz en roubles plutôt qu'en dollars.

Alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les économies de la région, la monnaie arménienne a fortement gagné en valeur. Après avoir oscillé à son taux habituel d'un peu moins de 500 pour un dollar, elle est tombée à environ 518 pour un dollar à la mi-mars avant de remonter à 450 le 4 mai, soit un gain de 15 % en six semaines environ.

Les explications sur la hausse du dram varient selon les sources.

La Banque centrale d'Arménie le lie à l'afflux de Russes venus dans le pays pour échapper à la répression et aux sanctions dans leur pays : « Nous avons des visiteurs internationaux en Arménie. [...] Lorsque ces personnes dépensent de l'argent dans nos stations touristiques ou nos restaurants, cela est considéré comme une croissance des exportations du point de vue de la balance des paiements en Arménie », déclare son directeur, Martin Galstyan, lors d'une conférence de presse le 3 mai : « cette situation a conduit au point que nous avons une croissance progressive des devises étrangères en termes d'offre par rapport à la demande, ce qui a entraîné un certain renforcement du dram ». Il ajoute que l'évolution future du cours du dram dépendra de la durée du séjour des visiteurs en Arménie et de leurs dépenses.

Autre facteur : L'Arménie a récemment commencé à payer le gaz naturel de la Russie en roubles plutôt qu'en dollars, ce qui était la pratique précédente : « l'Arménie transférait 35 à 40 millions de dollars par mois à la Russie pour le seul gaz naturel. Aujourd'hui, ce montant n'est plus transféré en dollars », déclare l'économiste Suren Parsyan dans les colonnes d'lragir.am. L'excédent de dollars étant désormais disponible sur le marché local, la demande de billets verts diminue et soutient la valeur du dram. « En outre, l'activité économique en Arménie a ralenti, et le pouvoir d'achat des gens a diminué », ajoute Suren Parsyan.

L'économiste déclare en outre que la Banque centrale semble ne pas intervenir, voyant une chance de maîtriser l'inflation. En mai, le conseil d'administration de la banque s'est réuni et a décidé de maintenir le taux de refinancement inchangé à 9,25 %. « Ils pourraient soit diminuer le taux de refinancement, soit acheter des dollars sur le marché et ramener le taux de change à ce qu'il était auparavant. Mais la banque ne veut pas faire cela car cela entraînerait une plus grande inflation », précise-t-il.

L'inflation de base depuis le début de cette année 2022 atteint déjà 7,4 %, contre 7,7 % pour l'ensemble de l'année 2021. Une hausse du dram devrait cependant pouvoir favoriser les importations en les rendant moins coûteuses, pénalisant dans le même temps les exportateurs. « Du point de vue de l'inflation, cela [la hausse du dram] est un phénomène positif car il en atténue les effets », a déclaré à Azatutyun Narek Karapetyan, économiste au think tank erevanais Amberd. « Cependant, son impact n'est à considère que sur le moyen terme ».

Martin Galstyan, directeur de la Banque centrale, estime que l'inflation devrait baisser à 4 %... « à moyen terme ».

Source Eurasianet - Ani Mejlumyan