Lors de la séance des questions au gouvernement du 26 septembre à l'Assemblée nationale française, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna a précisé le sens de l'action de la France vis-à-vis de l'Arménie.
De la gauche et de la droite de l'hémicycle, la requête de l'Assemblée nationale était commune : passer aux actes. Évoquant les images de l'exode des populations du Karabagh, c'est tout d'abord Isabelle Santiago, pour le groupe socialiste, qui a pris la parole. « La France a fait un communiqué clair sur la question mais cette fois il faut des actes ». Adoption sans délai d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, envoi d'une force d'interposition internationale, engager des poursuites internationales contre le dirigeant Aliyev de l'Azerbaïdjan et geler ses avoirs en France, a-t-elle énuméré. «Nous attendons également qu'elle apporte un soutien logistique et opérationnel à l'Arménie dont nous savons que désormais, elle se trouve sur la route d'une attaque via le Syunik. Nous voulons des interventions et nous voulons surtout sauver le peuple arménien », a-t-elle conclu avant de laisser la ministre lui répondre.
Catherine Colonna a repris les termes de la position française qu'elle exprimait quelques jours plus tôt en réaction à l'agression azerbaidjanaise. « L'opération militaire engagée par l'Azerbaïdjan il y a quelques jours est injustifiable, inacceptable. La France l'a condamné et elle l'a condamné à nouveau il y a quelques jours lors d'une réunion du Conseil de sécurité, demandée et obtenue par notre pays. […] Plus que jamais, je veux redire que l'Azerbaïdjan porte la responsabilité du sort des populations arméniennes du Haut-Karabagh ». La ministre des Affaires étrangères a également rappelé l'engagement de la France « jusqu'au plus haut niveau, avec ses partenaires européens et américains, pour arriver à une paix négociée et juste. […] Les discussions entre Bakou et Stepanakert doivent se tenir sous les auspices de la communauté internationale, nous le demandons également en ce qui concerne l'Arménie ». Nous demandons le plein respect de l'intégrité territoriale de ce pays, la délimitation de ses frontières, le retrait des armes massées par l'Azerbaïdjan dans certains points du territoire arménien. Voilà le sens de notre action ».
A la droite de l'Assemblée, Emmanuelle Anthoine, députée "les Républicains" de la Drôme, a de nouveau posé la même question : « L'inaction coupable de la communauté internationale a permis le drame qui se joue. Dans le Caucase au-delà des paroles, il faut des actes car l'Azerbaïdjan pourrait ne pas s'arrêter là et poursuivre ses attaques contre l'Arménie dont elle occupe illégalement une partie du territoire. Madame la ministre, la France va-t-elle organiser l'envoi d'une mission internationale particulièrement nécessaire pour protéger les Arméniens du Karabagh? »
La ministre y a vu l'opportunité de préciser ses réponses précédentes. « Aucun pays n'aide davantage l'Arménie que notre pays et vous le savez très bien. C'est vrai dans toutes les réunions du Conseil de sécurité des Nations Unies : toutes, sans exception, se sont tenues à l'initiative de la France et c'est également à l'initiative de la France qu'une mission d'observation est déployée en Arménie. » Catherine Colonna a enfin annoncé que son ministère, au vu des événements des derniers jours, allait porter l'aide humanitaire en faveur de l'Arménie et des populations arméniennes du Karabagh de 5 à 7 million d'euros et confirmé l'envoi d'un un attaché de défense présent à l'ambassade d'Erevan. « Et nous ouvrirons prochainement une antenne consulaire dans la région du Syunik, près de la frontière. Ce sont des actes tangibles je crois, de la présence déterminée de la France aux côtés de l'Arménie ».
La représentante du gouvernement français a conclu en ces termes : « L'abandon de l'Arménie par la Russie et la complicité, même, de la Russie avec les opérations militaires engagées par l'Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale. Aux côtés de la France, je souhaite que nous ayons l'Europe et plus encore. Merci, Madame la députée, d'encourager la diplomatie française à le faire plus encore, pas seule, avec d'autres, elle en a besoin.»