En visite de deux jours en Biélorussie où il participe, ce mardi, à la séance bi-annuelle du Conseil intergouvernemental eurasien avec ses homologues de l'Union économique et douanière éponyme, le Premier ministre a eu l'occasion de s'entretenir en particulier avec le Premier ministre russe Mikhail Mishustin.
Par Olivier Merlet
Évoquant le volume de capitaux russes, « supérieur à 2 milliards de dollars », investi dans l'économie arménienne et des échanges commerciaux « dépassant 890 millions de dollars, en augmentation de 30% sur la période janvier-avril de cette année », le Premier ministre russe est convaincu qu'« il existe encore des opportunités de croissance pour les investisseurs russes en Arménie ». Rappelant de même la levée de toutes les restrictions à l'entrée des citoyens arméniens en Russie qui avaient été mises en place suite à la pandémie, le dirigeant moscovite a invité le gouvernement d'Erevan à poursuivre cet élargissement des relations bilatérales. Il l'estime « très important pour la population de l'Arménie et de la Russie ». « Nous espérons que le gouvernement arménien continuera à créer des conditions favorables pour les entreprises russes », a conclu Mikhail Mishustin, citant à ce propos les secteurs de l'industrie, de l'énergie, de la numérisation et des transports.
Sur ce dernier point justement, Nikol Pashinyan n'a pas manqué de rebondir, évoquant les difficultés logistiques générées par l'explosion des flux marchands terrestres à destination et en provenance de Russie, en raison des blocages du fret maritime sur la Mer Noire. La décision russe de doubler à Chmi, en Ossétie du Nord, le poste de contrôle douanier de Verin Lars situé en Géorgie, se fait encore attendre, provoquant des files d'attente sans précèdent à cette frontière, toujours seule et unique voie de passage relie l'Arménie et la Russie. Les conséquences économiques en deviennent préoccupantes. « Nous en parlons également avec nos partenaires géorgiens afin que le chiffre d'affaires commercial entre la Russie et l'Arménie ne soit pas soumis à des restrictions artificielles » a rapporté le Premier ministre à son homologue russe.
De cette question précise sur les transports à celle du déblocage de l'ensemble des infrastructures régionales, la transition coulait de source. Remerciant encore les autorités russes de maintenir le rythme élevé des relations commerciales et économiques entre les deux partenaires, Nikol Pashinyan a fait valoir que selon lui, « l'ouverture des infrastructures économiques et de transport est possible pour tous les pays de la région ». Il a souhaité « que le travail accompli débouche sur des décisions concrètes ».
Poussée par le contexte actuel de la guerre en Ukraine, la Russie se cherche des alliés, économiques en premier lieu. Si la Chine, l'Inde et d'autres puissances semblent largement pallier au tarissement de ses débouchés occidentaux, leur éloignement ne facilite pas un large accès à leur marché. C'est d'un commerce de proximité renforcé dont Moscou témoigne le besoin aujourd'hui et la petite Arménie, presque voisine, en est le représentant et le partenaire idéal. Proximité géographique et humaine, convergence d'intérêts, voire, bien souvent (mais pas toujours) de points de vue essentiels, Erevan devient incontournable. Il reste néanmoins à cette dernière à prendre garde que cette alliance bénéfique n'évolue pas vers une dépendance toujours plus accrue et contraignante.