Menk Project : alliance artistique entre Paris et Erevan.

Arménie francophone
14.06.2024

Le Menk Project tisse un lien artistique puissant entre Paris et Erevan : tandis que Tigran Sahakyan et Arman Vahanyan explorent les secrets de l'impression à l'atelier parisien IDEM, Aline Derderian et Guévork Aivazian enrichissent la scène culturelle d'Erevan à travers la danse équestre et la poésie contemporaine.

Par Darya Jumel

 

Le Menk Project, est une initiative artistique et culturelle lancée en janvier 2022 par l'artiste français Guillaume Toumanian. Ce projet pluridisciplinaire offre une plateforme de mise en lumière, par le prisme du vivant, du travail d'artistes arméniens, français, d'origine arménienne, ou simplement entretenant des liens avec la culture arménienne et son identité plurielle. Sous le thème du "Nous", il s'adresse à un large public et a vocation à développer des partenariats publics et privés, en France et en Arménie, à travers des expositions, des résidences d'artistes et des ateliers en milieu scolaire et associatif.

Cette année, les artistes Tigran Sahakyan et Arman Vahanyan ont été sélectionnés pour une résidence de deux mois à l'atelier d'imprimerie d'art IDEM, à Paris. Après avoir déjà participé à une première expérience similaire en 2022, ils ont été invités à revenir pour développer cette fois les techniques d'impression en taille-douce. Ce séjour permettra à Sahakyan et Vahanyan de se spécialiser dans des techniques telles que l'eau-forte, l'aquatinte, la pointe sèche et le monotype. L'atelier est niché dans un lieu prestigieux au cœur de Paris, où une magnifique presse, celle-là même qu’utilisait de Picasso, a trouvé refuge. De cette belle aventure, les deux artistes arméniens ont exprimé leur immense joie de travailler dans un tel cadre idyllique.

Pour Guillaume, le fondateur de Menk, l'essentiel réside dans l'expérience professionnelle et humaine vécue, sans exigence spécifique. Néanmoins la renommée de l'atelier Idem favorise les rencontres et la visibilité des artistes arméniens en France, dans un environnement professionnel ouvert à tous. Alors que le ''Menk Project'' brille de mille feux à Paris, il dévoile actuellement une autre facette de son engagement artistique dans la capitale arménienne.

Aline Derderian, danseuse et arménienne, a inauguré en mars 2022 la première exposition du projet Menk au Centre d’Art Contemporain des Landes. Elle poursuit aujourd'hui son exploration artistique à Erevan. Elle sera assistée par son technicien Mesrop Derderian pour une résidence de vidéo de danse équestre au Sebastatsi Educomplex, partenaire du projet. En parallèle, Guévork Aivazian participe à une résidence de recherche en poésie contemporaine arménienne en partenariat avec la fondation Miassine et le centre technologique TUMO à Gyumri.

Les objectifs du projet Menk sont de privilégier les échanges culturels, notamment dans les milieux défavorisés et ruraux d'Arménie. En mai 2023, des ateliers intergénérationnels ont été animés à la fondation Miassine, organisation à visée sociale basée à Gyumri. Les intervenants étaient des artistes français, invités à participer à interagir sur des moments de partage collectif par le biais d'ateliers de portraits.

D'autres projets sont à venir dans le courant de cette année avec l'association française Muscari et l'atelier de céramique de Gyumri, des ateliers sont aussi prévus dans la région du Syunik. L'impact du "Menk project" déjà perceptible sur la scène artistique, tant en Arménie qu'en France, promet encore de s'intensifier dans les années à venir. Menk prévoit également de  renforcer ses partenariats, notamment autour de la francophonie, l’Institut Français d'Arménie soutient le projet dans le cadre d’une convention de partenariat.

Selon Guillaume Toumanian, stimuler la production artistique en Arménie, que ce soit en céramique, en gravure ou dans d'autres disciplines, est essentiel, pour continuer à développer des espaces de diffusion qui attireront davantage d'amateurs d'art et de collectionneurs du pays. « Les artistes arméniens doivent exister sur la scène artistique française et européenne », ajoute-t-il, « ils en ont les moyens et pour cela il faut construire des projets de qualité pour qu’ils retrouvent dans les meilleures conditions ».