Des désaccords sur les principes de fournitures en gaz et de leur tarification renvoient à 2027 -au plus tôt - la création d'un marché unique de l'énergie au sein de l'Union Économique Eurasiatique.
Par Olivier Merlet
Lors d'une réunion de la commission sur l'intégration régionale et eurasiatique de l'Assemblée nationale ce 11 mars, Hakob Vardanyan, vice-ministre arménien de l'Administration territoriale et des Infrastructures, a annoncé le report du lancement du marché unique de l'énergie de l'Union Économique Eurasiatique. Initialement prévu pour 2025, le projet serait reporté jusqu'en 2027 en raison d'une absence de consensus « sur un certain nombre de questions ».
Celles concernant les fournitures en gaz semblent être au cœur du sujet. Selon le vice-ministre, la responsabilité en incomberait notamment à la Russie et au Kazakhstan qui souhaiteraient voir fonctionner ce marché unique en parallèle d'accords bilatéraux antérieurs sur les volumes de gaz livrés. « Notre accord est valable jusqu'en 2043 et il est proposé d'utiliser parallèlement le marché unique », rapporte Hakob Vardanyan . « Nous pensons qu'une action parallèle est impossible car l'ensemble du volume des livraisons est réglementé par un accord bilatéral. Dans sa forme actuelle, l'accord sur le marché unique ne sera pas aussi efficace non seulement pour nous, mais aussi pour tout le monde ».
La question d'un prix unique pour le consommateur semble aussi constituer une autre pierre d'achoppement, toujours avec la Russie et le Kazakhstan. « Ils insistent sur l'existence d'un vaste programme de subventions à plusieurs niveaux et que le prix au consommateur russe ne peut pas être le même que celui, par exemple, pour le consommateur biélorusse ou arménien, » déclare le vice-ministre, « ils estiment qu'il devrait y avoir un système de tarification à deux étages : l’un pour le marché intérieur, l’autre pour les autres pays de l’EAEU ».
Pour information, la société anonyme publique Gazprom PJSC est le seul fournisseur de gaz de l'Arménie pour sa consommation intérieure. Gazprom Arménie, sa filiale assure sa distribution au consommateurs arménien, via le territoire géorgien. Le prix du gaz russe destiné à l'Arménie à la frontière est de 165 dollars les mille mètres cubes (350 en Europe, pour référence).
Malgré les dissensions apparues et donc le report de ce marché unique de l'énergie eurasiatique, Hakob Vardanyan s'est toutefois voulu rassurant pour le consommateur arménien. « Il y a de grandes chances que d'ici 8 ans, le prix du gaz reste le même, à moins que des changements géopolitiques ou économiques majeurs ne se produisent. Si le prix du gaz sur le marché mondial est de 3 000 dollars, il sera alors difficile de maintenir le prix pour l'Arménie. Mais alors qu'il y a un an le gaz coûtait entre 2 000 et 3 000 euros, en Arménie, le prix (à la frontière) est resté à 165 dollars ». Le vice-ministre a également assuré qu'en cas « de signaux pour recevoir du gaz à un prix plus avantageux », la tâche du ministère serait alors d’en profiter.