Depuis Prague, où il participait au forum annuel du "GLOBSEC", le vice-ministre des Affaires étrangères Vahan Kostanyan a confirmé, le 1er septembre, l'envoi à la partie azerbaïdjanaise - annoncé la veille par Nikol Pashinyan - de la 10ème version du traité de paix.
Par Olivier Merlet
« Il y a 17 articles dans le projet d'accord de paix. 13, y compris le préambule, sont entièrement acceptés et la plupart du vocabulaire de 3 articles supplémentaires est convenue », a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse de plus de deux heures tenue vendredi 31 aout. « La proposition d'Erevan est de prendre les articles et le texte convenus et de les signer comme un traité de paix. Tous les principes fondamentaux de la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan y ont été convenus et les formulations non convenues continuent à être discutées. La proposition a été soumise à Bakou hier, le 30 août ».
Il aura fallu un peu plus de deux mois aux autorités arméniennes pour répondre aux propositions de Bakou reçues le 26 juin dernier. « L'essence de notre proposition est la suivante : signer et ratifier ce qui a été convenu pour le moment et poursuivre la discussion sur toutes les autres questions possibles », a déclaré Nikol Pashinyan. Lors de son intervention, il n'a cependant dit mot sur le contenu des 13 articles « convenus », ni du « vocabulaire » des trois autres, ni de l'objet de celui non encore convenu, se retranchant légitimement derrière le fait qu'un tel document ne pouvait être déclassifié unilatéralement durant les négociations.
Selon lui, ces accords sont de toutes façons bien connus du public. « Supposons que deux pays A et B soient en conflit l'un avec l'autre et qu'à un moment X ils signent un traité de paix. Il devrait être écrit dans le traité qu'ils reconnaissent l'intégrité territoriale de l'autre, qu'ils n'ont aucune revendication territoriale l'un envers l'autre. Il doit être écrit que la force ou la menace de recours à la force doivent être exclues, que des relations diplomatiques ont été établies, il doit mentionner une certaine direction du développement ultérieur de leurs relations, de la sécurité, les problèmes humanitaires, s'ils existent doivent être abordés, etc. », a simplement commenté le chef du gouvernement.
Il est également revenu sur la suppression, dans le nouveau document, du point concernant le déblocage des communications régionales. « Nous voulons que les communicateurs s'ouvrent mais nous excluons les logiques de couloir. Ici aussi, nous devons comprendre que selon les circonstances, le terme couloir signifie des choses différentes, c'est pourquoi nous avons mentionné les principes de "Carrefour de la paix". Excluant la fourniture d'une route traversant le territoire arménien au détriment de sa propre souveraineté, Nikol Pashinyan a simultanément répété qu'il était prêt à ouvrir immédiatement une route pour l'Azerbaïdjan dès aujourd'hui, à condition que la législation et les réglementations de l'Arménie soient respecté.
« Je peux dire que les communications régionales n'ont pas été ouvertes jusqu'à présent, notamment en raison des commentaires d'un certain nombre de partenaires russes qui n'ont rien à voir avec la logique de la déclaration du 9 novembre et la contredisent. Elle doit être considérée dans son intégralité, et nous parlions des problèmes des prisonniers, des otages, d'autres personnes détenues, de ce qui s'est passé au Haut-Karabakh, qui dépasse toutes les formulations de la déclaration tripartite du 9 novembre », a également souligné le Premier ministre, répondant d'une part aux accusations de Sergei Lavrov qui l'avait accusé au mois d'août de «saboter » les accords du 9 novembre, et d'autre part, aux offres récemment réitérées de Moscou d'intervenir comme médiateur entre les parties. « Comment imaginez-vous que, par exemple, un pays qui accuse l'Arménie de saboter ce sujet puisse agir comme médiateur dans les communications régionales ? L'institution qui fait une telle déclaration s'exclut de toutes les médiations possibles ».
Nikol Pashinyan a d'ailleurs estimé que les négociations avec Bakou sans médiateur avaient déjà montré certains résultats, citant pour preuves l'accord sur la libération de 32 prisonniers de guerre fin 2023, la démarcation partielle des frontières dans le Tavush et la signature le 30 aout, avec deux mois de retard là-aussi (initialement fixée au 1er juillet), du règlement de procédure administrative pour leur délimitation . « C'est la première fois que l'Arménie et l'Azerbaïdjan créent une base juridique dans leurs relations, bien entendu séparément dans le processus de démarcation ».