La 21ème saison de "l'Abricot d'or" est (presqu') ouverte

Arts et culture
04.07.2024

La délicieuse saison des abricots bat son plein en Arménie, mais à partir du 7 juillet ils seront même en or, décernés pour la vingt et unième fois à Erevan aux meilleurs films de l'année.

 

Au fil des éditions, le festival international du cinéma d'Erevan, "l'Abricot d'or", change de peau. Tout comme l'an dernier, déjà, la traditionnelle cérémonie d'ouverture se déroulera, ce dimanche, au palais des Sports (et des spectacles) Karen Demichyan, préférant le grandiose aux charmes simples, mais peut-être désuets, de son pourtant fidèle et vieux complice du centre-ville, le cinéma "Moscou". Et cette année, plus de tapis rouge non plus, il sera avantageusement, peut-être, encore, remplacé par un ou plusieurs tapis "arméniens" qui ne doivent leur "arménité" qu'à l'origine de leur créateur, Davit Kochunts.

« L'élitisme associé au tapis rouge qui s'est enraciné au fil des années contredit le contenu anti-élitiste du festival », a expliqué Karen Avetisyan, le directeur artistique du festival, lors de l'annonce de son programme à la presse qui se tenait hier à la Maison du Cinéma. « D'autre part », a-t-il ajouté, « la prise en compte des riches traditions arméniennes du tissage de tapis alliées au talent des artistes modernes sera beaucoup plus significative et attractive comme affiche de festival ». Faire "bouger les lignes" et bousculer les traditions sont souvent de bonnes idées, attention au mélange des genres où ni les uns ni les autres ne trouvent leur juste compte.

Retour au cinéma : cette année encore, le festival présentera au public et mettra en compétition des films de tous horizons et de tous les continents, parfois déjà primes à Cannes, Berlin ou Venise. Alexander Payne, le réalisateur et scénariste américain oscarisé de "Sideways", "The descendants" ou "Monsieur Schmidt", officiera comme président du jury "longs métrages" de cette 21ème édition. La catégorie du "court métrage" sera elle présidée par le réalisateur canadien d'origine arménienne, Atom Egoyan, grand prix du jury à Cannes et de retour aux "Abricots d'or" après plusieurs années d'absence. Il est prévu à cette occasion de lui remettre le "Parajanov" d'honneur, pour sa contribution au cinéma. Son dernier film, "Les sept voiles", présenté en avant-première à Toronto en 2023, sera projeté en ouverture des festivités. Tarsem Singh, enfin, auteur de clips à succès pour Lady Gaga, Vanessa Paradis, le groupe R.E.M ou Lou Reed départagera les candidats de la section "Panorama régional".


Karen Avetisyan, directeur artistique du Festival international du film de "l'Abricot d'or"

Côté vedettes, Kevin Spacey, présenté allègrement comme « le plus grand acteur de théâtre et de cinéma, non seulement de sa génération, mais aussi l'un des meilleurs artistes de tous les temps », sera l'invité d'honneur des "Abricots d'or"de cette saison. Ses orientations amoureuses et ses démêlées avec la justice bien pensante inspirée du "Me too" n'ont pas manqué d'alimenter les attaques de la presse arménienne à l'annonce de sa venue. Le directeur artistique du festival s'en est de nouveau expliqué hier, reprenant les termes du droit de réponse qu'il avait fait paraitre quelques jours plus tôt. Une rencontre de l'acteur américain décrié avec le public arménienaura lieu le 9 juillet à l'université américaine, nul doute qu'il s'y rendra nombreux.

 

La programmation française à l'honneur

La programmation internationale des films projetés cette année mettra particulièrement à l'honneur la production et co-production française. David Tursz, directeur de l'Institut français, présent lui aussi à la conférence de presse, en a énuméré la selection : "La Bête" de Bertrand Bonello, "Avril en France" de David Boaretto, "Jardin noir" d'Alexi Pazumyan, et plus particulièrement le "Misak et Meline" de Katia Guiragossian, présenté quelques mois apres la panthéonisation du couple de résistants arméniens de la France occupée. Autre temps fort francais de ce festival, le 10 juillet, "Dahome" de Matti Diop, "Ours d'or" à Berlin cette année, sera projeté lors de la "Journée du cinéma français" organisée par l'ambassade de France. David Tursz a évoqué « l'honneur de collaborer chaque année à l'organisation du festival » et souligné « l'opportunité donnée aux jeunes artistes et cinéastes d'être reconnus à l'échelle mondiale et d'inviter des professionnels mondialement reconnus en Arménie pour mettre en œuvre de nouveaux projets ».

L'ambassade des Pays-Bas, de même fidèle partenaire de "l'Abricot d'or" assurera, pour la quatrième année consécutive, la publication du "Golden Apricot Daily", quotidien bilingue du festival, realise par une équipe de critiques de cinéma et de journalistes néerlandais et arméniens. « "Golden Apricot" n'est pas seulement un festival, mais la fenêtre culturelle de l'Arménie sur le monde pour montrer ce qui se passe à Erevan, et aussi pour voir de l'extérieur ce qui se passe dans la vie culturelle de l'Arménie », a noté Jaap Frederiks, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en Arménie.


De g. à d. : David Tursz, directeur de l'Institut français,
Harutyun Khachatryan, président de l'Union des cinéastes d'Arménie, fondateur de "Golden Apricot"
Daniel Danielian, vice-ministre de la Culture
Levon Hovhannisyan, maire adjoint d'Erevan
Karen Avetisyan, directeur artistique de l'Abricot d'or