6,3 millions d'azerbaïdjanais sont appelés aux urnes ce 7 février pour déterminer le pourcentage de voix avec lequel sera reconduit leur président pour les sept années à venir.
Par Olivier Merlet
Effectivement, seule incertitude du scrutin présidentiel de ce jour, les chiffres, celui du pourcentage de voix en faveur d'Ilham Aliyev et le taux de participation. En 2018, il récoltait 86% des 74 % de suffrages exprimés. Pour rappel, au pouvoir à Bakou depuis plus de vingt ans, en octobre 2003, date à laquelle il succède à son père, Heydar Aliyev, Ilham Aliyev brigue aujourd'hui son cinquième mandat, renouvelable à vie.
« Il n'y a pas d'environnement électoral démocratique en Azerbaïdjan », déclare l'analyste politique azerbaïdjanais Nasimi Mammadli. « La liberté de réunion a été interdite dans le pays, la liberté des médias pose de sérieux problèmes. Il y a des problèmes avec la liberté d'expression. Il y aurait plus de 250 prisonniers politiques dans le pays ».
Sur 17 candidatures déposées début janvier, les autorités électorales en ont avalisées sept. Les principaux partis d'opposition, le Parti du Front populaire d'Azerbaïdjan (APFP) et le Parti Musavat, boycottent les élections, affirmant que le vote ne se déroulera pas de manière transparente et objective. Dans un rapport intérimaire publié le 23 janvier, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (ODIHR – en anglais) de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) note que six des candidats participant aux élections ont ouvertement soutenu le président Aliyev dans le passé.
Ce rapport note également : « Au cours des trois derniers mois, de nombreuses détentions et arrestations de journalistes et de responsables de plusieurs médias en ligne ont eu lieu, dont plusieurs au cours de la période couverte par le rapport. Ces faits, ainsi que la nature restrictive de la nouvelle loi sur les médias, l'interdiction du financement étranger des médias et le blocage à l'échelle du pays de certains sites Internet de médias critiques, ont été évoqués par plusieurs interlocuteurs de la mission d'observation des élections de l'ODHIR ».
Si la commission centrale électorale azerbaïdjanaise se vante d'avoir accrédité 790 observateurs internationaux, ni l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (ACPE), ni les députés du Parlement européen n'ont été conviés a participer à la surveillance du bon déroulement du processus électoral. Le député allemand Frank Schwabe a d'ailleurs déclaré qu'il s'agissait de l'une des raisons de la décision de suspendre la participation de l'Azerbaïdjan aux travaux de l'APCE. « L'Azerbaïdjan ne s'est pas contenté d'inviter, il a organisé des dizaines de missions d'observation des élections, que je qualifierais de fausses missions d'observation ».
David McAllister et Thomas Tobe, coprésidents du groupe de soutien à la démocratie et de coordination des élections (DEG) du Parlement européen, ont publié de leur côté un communiqué le 15 janvier confirmant que « le Parlement européen n'observera pas le processus électoral et ne commentera donc pas le processus ou les résultats qui seront annoncés ultérieurement. Aucun membre individuel du Parlement européen n'est habilité à observer ou à commenter ce processus électoral au nom du Parlement ».