Économie politique au Conseil intergouvernemental de l'UEE à Erevan

Economie
02.10.2024

La session du Conseil intergouvernemental de l'Union économique eurasiatique (UEE), tenue à Erevan le 1er octobre, volet politique du forum économique, a permis au Premier ministre de soulever à nouveau la question du marché commun des ressources énergétiques et de réaffirmer son soutien total aux perspectives d'élargissement avec l'Iran et l'Ouzbékistan.

Par Olivier Merlet

 

« Les problèmes non résolus liés à la création d'un marché commun des ressources énergétiques ralentissent considérablement la croissance de nos économies, qui pourrait être plus forte. » Devant le Conseil intergouvernemental de l'UEE, que l'Arménie préside cette année, le Premier ministre a d'abord exprimé ses inquiétudes quant aux retards pris dans la mise en place de ce marché. Importatrice de l'essentiel de ses ressources, l'Arménie y est bien sur l'une des premières intéressées. Le chef du gouvernement a souligné l'urgence de réviser les accords existants et d'en signer de nouveaux « aux critères clairs » afin d'optimiser la coopération entre les pays de l'Union, d'accroître leurs échanges commerciaux ainsi que les flux d'investissements, notamment dans les infrastructures.

La participation de l'Iran aux travaux de l'UEE marque un tournant dans la coopération économique régionale. Toujours candidat à l'adhésion, Téhéran a signé fin 2023 un accord de libre-échange avec l'Union économique eurasiatique, ratifié en juin 2024 par son gouvernement. Se félicitant de la présence du vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, Nikol Pashinyan a reconnu que « la participation de la République islamique d'Iran [...] élargit sans aucun doute les possibilités d'interaction économique » et a réaffirmé le « plein soutien » de l'Arménie à cette dynamique.

Il a également souhaité la bienvenue au Premier ministre ouzbek, Abdullah Aripov, avec lequel un programme d'activités conjointes pour 2024-2026 a été signé.

 

Dans l'ombre du Zangezur

L'économie des États est toujours intimement liée à leurs préoccupations politiques. Profitant de cette tribune, Nikol Pashinyan est également revenu sur la question de la souveraineté de l'Arménie en matière de communications régionales et, sans la nommer, sur l'éventuelle route de transit à travers le Zangezur. « Toutes les déclarations selon lesquelles l'Arménie aurait accepté, dans un quelconque document, que des pays tiers devraient assurer la sécurité des communications sur son territoire ne sont que des déformations de la réalité. » Pour lui, « l'obligation de l'Arménie de garantir la sécurité des marchandises, des véhicules et des personnes sur son territoire est claire, et nous la respectons ».

Il n’aurait pu trouver meilleur allié que le vice-président iranien dans cette situation. Mohammad Reza Aref, soulignant l'importance de projets tels que le corridor de transit Nord-Sud, « un lien logistique précieux entre l'Eurasie et l'Asie du Sud », a réaffirmé une fois de plus le soutien de l'Iran à l'intégrité territoriale de l'Arménie. La veille, à Téhéran, lors d'une réunion avec le Premier ministre russe Mikhaïl Mishustin, il avait déjà assuré de la volonté de l'Iran de coopérer avec la Russie, y compris sur « des sujets controversés tels que le corridor de transport du Zangezur ». Il avait cependant rappelé que « tout changement de frontière entraînera l'instabilité et ouvrira la voie à des abus de la part de puissances non régionales ».