Depuis 25 ans déjà, l’Université nationale d’Architecture et de Construction d’Arménie collabore étroitement avec les universités et les écoles supérieures d'architecture françaises. Chaque année, dans le cadre de ce programme d’échange, un groupe d’étudiants français se rendent en Arménie afin de découvrir, durant une semaine, les stratégies urbaines d’Erevan et de travailler sur un projet architectural.
Par Anna Baghdassarian
25 ans d’échange et de succès
L’histoire de la collaboration entre l’Université nationale d’Architecture et de Construction d’Arménie et les écoles supérieures d'architecture françaises a 25 ans. Chaque année, durant une semaine, les étudiants arméniens accueillent chez eux les étudiants français qui se rendent en Arménie pour faire une recherche professionnelle. L’idée c’est de construire une stratégie urbaine dans un endroit de la capitale arménienne qui les intéresse particulièrement et de créer, à la fin de séjour, un projet architectural. « Ce sont des échanges non seulement au niveau professionnel, mais aussi au niveau culturel et humain. Les étudiants français découvrent l’Arménie, et les étudiants arméniens découvrent la France. Ce programme d’échange devient toujours une vraie fête pour les deux parties », - raconte Zaruhi Mamyan, cheffe de la chaire de l’urbanisme de l’Université nationale d’Architecture et de Construction d’Arménie.
Cette année, l’UNACA a accueilli à la fois deux écoles: l’Ecole nationale supérieure d'architecture de Lyon et celle de Saint-Étienne. Les étudiants de Lyon ont travaillé sous le thème « La pierre et l’eau ». Ils se sont intéressés particulièrement au rapport de la ville d’Erevan à la pierre et à l’eau. Quant aux étudiants de l’école de Saint-Étienne, c’était un travail conjoint avec les étudiants arméniens: « Projet de proposition de la reconstruction du quartier Noragyugh ». Les étudiants français sont venus accompagnés de leurs professeurs: Marc Bigarnet et Noune Tchilingaryan pour l'école de Lyon et Raffi Bedrosian et André Solnais pour celle de Saint-Etienne.
Les enjeux écologiques sont les mêmes pour tous
Daisy Rozau, Gabriel Bayle et Samy Laborieux, tous les trois étudiants à l’Ecole nationale supérieure d'architecture de Lyon, se sont intéressés au quartier de Nor-Aresh qui se trouve près de la gare. « Ce quartier nous a paru important parce qu'il est reflété assez bien à l’échelle de la ville. On a au niveau topologique tout type d’habitation. On est sur la stratifications des maisons. Et aussi, le quartier nous a surtout intéressé, parce qu’au cœur, il y a un canal », - racontent les étudiants.
« La stratégie que nous proposons pour résoudre différents problèmes qu’on a constatés, c’est de s’appuyer sur ce canal pour requalifier l’ensemble du quartier. C’est la nécessité pour la ville de reconquérir le foncier public qui a été privatisé par les habitants du quartier, ce qui nous a beaucoup surpris. En France, c’est impossible, tandis qu’ici, c’est très fréquent », - souligne Gabriel Bayle.
Les étudiants trouvent qu’il est nécessaire pour la ville de récupérer ce foncier. « Il faut le faire pour recréer des espaces publics, des espaces verts, redonner des continuités écologiques, créer des voies de circulation, des piétons cyclistes qui, en fait, n’existent pas aujourd’hui a priori à Erevan, mais qui sont essentiels pour une capitale au 21eme siècle par rapport aux crises et enjeux écologiques, qui sont les mêmes pour tous dans le monde entier. Ça va aussi permettre de réhabiliter le quartier », - expliquent les futurs architectes. Cependant, l’une des problématiques de la réalisation de cette stratégie est le manque des moyens économiques, pour lequel les étudiants ont une solution: « Il s’agit des espaces productifs, des arbres fructifères, des espaces agricoles. L’agriculture urbaine c’est un sujet d’actualité en France », -racontent les étudiants.
Révéler la qualité paysagère de la gorge du Hrazdan
Esther Lemoine et Juliette Jaussaud, toutes les deux étudiantes en Master 2 à l’Ecole nationale supérieure d'architecture de Lyon, ont choisi comme sujet de leur travail les quartiers de Nor Kilika et de Noragyugh. Elles se sont surtout intéressées à la gorge du Hrazdan. « Venant des villes européennes, on connaît très peu d’exemples des capitales où l’on peut trouver de la nature sauvage au centre-ville. Voilà pourquoi nous croyons que c’est la spécificité d’Erevan d’avoir une telle gorge sauvage dans son cœur. On a l’impression que c’est un petit bijou qui n’est pas apprécié ici à sa vraie valeur...», - expliquent les étudiantes.
Les enjeux que les deux étudiantes ont identifiés sont de fédérer et faire dialoguer les ensembles périphériques présents en les intégrant dans la ville, redonner un caractère urbain à l’axe et au quartier pour en faire une réelle entrée de ville et un lieu de vie, recréer une continuité avec le centre en travaillant sur une articulation au niveau du Pont de la victoire. Mais l’enjeu le plus important pour elles, c’est de lutter contre la spéculation et la privatisation du Hrazdan en révélant ainsi sa qualité paysagère et en garantissant son accès pour tous.
La coopération entre l’Université nationale d’Architecture et de Construction d’Arménie et les écoles supérieures d'architecture françaises continue et porte ses fruits...