La francophonie suisse en Arménie, c'est parti! Vendredi 14 mars, le programme de l'Ambassade de Suisse dans le cadre de la saison de la Francophonie en Arménie a démarré à l'Université d'État d'Erevan avec la conférence publique de Dr José Vouillamoz, botaniste et généticien du raisin.
L’ambassadeur suisse M. Lukas Gasser a remarqué que le choix du sujet de la conférence n’était pas accidentel, tenant compte de l'intérêt que la viniculture et le vin présentent pour les Arméniens et les Suisses, les deux pays étant des centres importants de la culture de la vigne.
Scientifique d’une réputation dépassant largement sa Suisse natale, José Vouillamoz a publié en 2012, en collaboration avec Jancis Robinson et Julia Harding, autorités internationales dans le monde du vin, l'ouvrage de référence «Wine Grapes» (en anglais, disponible en version électronique aussi) qui regroupe 1368 cépages du monde entier, y compris des cépages arméniens. Cette «Bible de cépages», comme M. Vouillamoz l'a qualifié lui-même, a déjà remporté sept prix des plus prestigieux et poursuit sa marche victorieuse.
La conférence, fort intéressante, en particulier pour les personnes impliquées dans le domaine que cela soit en théorie ou en pratique, a suscité beaucoup d'intérêt et de questions parmi les présents.
Parlant de la domestication du vin, M. Vouillamoz a noté que les études dans les domaines de la génétique, de la linguistique et de l'archéologie biomoléculaire amènent toutes à situer le centre de domestication primaire de la vigne au Sud-Est de l'actuelle Anatolie (Turquie), sans toutefois réfuter les hypothèses qui indiquent la Géorgie ou l'Arménie comme berceau de la culture de la vigne et du vin. D'autant plus que c'est près du village arménienne d'Areni que la plus vieille cave à vinification du monde datant de 6 mille ans a été découverte avec des récipients pour la vinification, ainsi que de raisins secs, de pépins, de pipettes à vin.
La biodiversité des cépages étant en général peu explorée, M. Vouillamoz a remarqué que le travail à faire dans ce sens est particulièrement important en Arménie pour la conservation du patrimoine historique, l'identification correcte de différents cépages locaux et le rétablissement de leurs liens de parenté entre eux ou avec d'autres cépages du monde. La diversité originelle des cépages représentatifs de la région d'Arménie a malheureusement beaucoup souffert, d'après M. Vouillamoz qui est aussi le premier scientifique à avoir analysé l'ADN des cépages arméniens et y avoir consacré un article en 2006. Ce n'est que quelques dizaines de cépages traditionnels qui existent actuellement dont Aréni, Kakhet, Voskéhat, Mskhali, Lalvari, Garandmak, cépages dont plusieurs pourraient concourir avec les cépages européens par la qualité de leurs vins, affirme le scientifique.
Le dîner-dégustation organisé le 15 mars à l'hôtel Armenia Mariott pour les invités de l'Ambassade suisse et les amateurs de vin a été une autre occasion de rencontrer M. Vouillamoz et d'assister à la présentation oeno-gastronomique de six variétés de vins suisses.