La restitution des ateliers après deux jours de travaux et la présentation de la Déclaration de Valence élaborée à l'issue des Assises ont permis de faire le point sur les 2èmes Assises franco-arméniennes de la coopération décentralisée, en définissant ses enjeux, ses axes principaux et en dégageant de nouvelles pistes de collaboration pour les trois années à venir.
S'inscrivant dans la continuité des 1ères Assises tenues en 2010, les 2èmes assises avaient défini comme domaines d'intervention prioritaires le tourisme, l'agriculture, l'enseignement et la culture, mettant en même temps l'accent sur la francophonie comme un fil rouge traversant et reliant tous les domaines, reconnu comme moteur de développement et d’approfondissement des relations franco-arméniennes. L'élaboration des politiques locales dans les domaines autour desquels la coopération se construit, les échanges d'expérience dans le but de professionnaliser les acteurs impliqués dans des projets de coopération, l'exploration du terrain afin de mieux répondre aux attentes, l'esprit d'innovation ont été mis en valeur. Les représentants des collectivités françaises ont réaffirmé leur volonté d'accompagner l'Arménie dans son développement et d'approfondir les relations franco-arméniennes, basées sur l'amitié historique des deux peuples.
Essayant de révéler les atouts et les points faibles dans chaque sphère de coopération qui s’entremêlent en réalité, des recommandations ont été faites, réunies dans la déclaration de Valence, « feuille de route » qui guidera désormais les partenaires français et arméniens dans leurs futurs projets et démarches.
Ainsi, le tourisme étant reconnu « axe prioritaire du développement de la stratégie d'État » arménien, l'objectif de la coopération décentralisée dans le domaine sera d'appuyer le rôle des collectivités locales dans le tourisme partant du souci de décentraliser le pays, d'impliquer la population civile dans les activités touristiques comme premier facteur de l'attractivité de l'Arménie, de diversifier l'offre dans le domaine en rendant l'Arménie une destination touristique plus avantageuse, de contribuer à la promotion de l'Arménie à travers des tours éducatifs organisés en Arménie pour les agences françaises, et cela dans le contexte de la valorisation et de la préservation du patrimoine naturel et culturel du pays et du bien-être de la population locale.
La volonté politique des autorités arméniennes dans le domaine de la promotion de la francophonie en Arménie rime avec l'attente forte des Arméniens en matière de langue, de culture et de valeurs francophones. L'existence d’un cadre législatif approprié, de dispositifs et d'acteurs favorables à l'apprentissage du français (Pacte linguistique signé entre l'OIF et l'Arménie, introduction du français en tant que 3e langue étrangère dans les écoles arméniennes, des lycées avec du français renforcé, Université française en Arménie (UFAR), Alliance française, des clubs et associations francophones, etc.) sont des atouts contribuant à la diffusion de la francophonie sur l'ensemble du territoire arménien. Médias, manifestations francophones, jumelages entre établissements scolaires, conventions interuniversitaires sur le développement de la coopération économique constituent autant des moyens pour le renforcement du rôle de la francophonie. En effet, la présence française sur le marché arménien, l'implantation de nouvelles entreprises françaises en Arménie et le dynamisme de l'UFAR formant des cadres francophones en tenant compte des besoins du marché, sont des facteurs qui donnent un sens à la francophonie, liant l'apprentissage du français à l'avenir professionnel et à l'intérêt économique. Conclusion générale tirée de l'atelier thématique: la francophonie n'est pas qu'un engagement culturel, social et économique, c'est un projet politique où les collectivités locales ont un rôle politique à jouer.
Le développement économique n'est possible qu'à travers une vision multisectorielle de l'économie qui placerait le bénéfice de la population locale au centre de ses préoccupations, a noté Didier Parakian, adjoint au Maire de Marseille délégué au développement des entreprises marseillaises à l'exportation. Parmi les problèmes freinant le développement de l'économie, M. Parakian a mentionné l'absence des représentants des collectivités locales dans les activités touristiques, la forte centralisation autour de la capitale Erevan évoquant Paris et le désert français au siècle précédent, le monopole de la compagnie aérienne Air France.
Outil important de lutte contre la pauvreté rurale, le développement de l'agriculture s'avère un enjeu important pour l'Arménie, et les autorités arméniennes en sont conscientes. Après de nombreux projets agricoles réalisés précédemment, les efforts communs des deux pays partenaires dans le domaine sont concentrés actuellement sur la mise en place de coopératives, une initiative difficile vue les problèmes culturels et techniques qui surgissent sur le chemin (les vestiges de coopératives soviétiques forcées sont encore vivaces dans la mémoire arménienne) mais encore plus important pour cette raison puisque capable de redonner de l'élan au développement agricole, en renforçant la solidarité et l'autonomie des agriculteurs arméniens.
La Déclaration de Valence a également mis à l'honneur l'importance de l'implication des jeunes dans la coopération, les générations futures étant les acteurs d'avenir de la coopération à qui appartient de perpétrer cette tradition des relations franco-arméniennes, a remarqué M. Alain Maurice, Maire de la Ville de Valence ayant accueilli et parfaitement organisé cs 2èmes Assises franco-arméniennes.
La qualité de dialogue politique et les relations privilégiées entre la France et l'Arménie, ainsi que le rôle déterminant de la communauté arménienne de France dans le succès de ces relations, la volonté de mutualiser les efforts dans le domaine de la coopération décentralisée par la création du groupe-pays Arménie au sein de Cités Unies France et du groupe-pays France au sein de l'association Communes d'Arménie permettront de poursuivre cette coopération de haut niveau dans le contexte de la valorisation du territoire, du développement durable et équitable et de la cohésion sociale. L'engagement et la détermination des deux côtés permettront d'enregistrer des avancées palpables dans les domaines fixés de la coopération. Aux prochaines Assises, attendues en 2016 à Erevan, d'en évaluer les fruits!