BERD, Banque mondiale, FMI, agences de notation, le gouvernement… Tous au moins s'accordent, selon leurs dernières prévisions à une croissance d'environ 6% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, mais les décimales font débat.
Dans un rapport intitulé "Perspectives économiques régionales, freiner l'inflation", la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l'Arménie en 2024, les faisant passer de 4,5 % à 6,2 % (contre 8,7 % en 2023), avant un ralentissement attendu en 2025 à 4,8 %.
Lors d'une conférence de presse à Londres le 7 mai, une semaine avant l'assemblée annuelle de la BERD qui vient de se tenir à Erevan, sa présidente, Odile Renaud-Basso, a exprimé de nouvelles prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) de l'Arménie, à savoir 5 % pour 2024 et 2025. Cependant, le rapport de la BERD publié ce 15 mai indique des taux différents à 6,2 % pour 2024 et 4,8 % pour 2025. Le service de presse de la BED a invoqué une erreur technique, demandant de se référer aux chiffres du rapport officiel.
Pour les pays voisins de l'Arménie, la BERD prévoit une croissance plus faible en 2024 des PIB géorgien et turc (respectivement 5,2 % contre 7,5 % et 2,7 % contre 4,5 % en 2023), mais une hausse du PIB azerbaïdjanais à 3,1 % contre 1,1 % en 2023. Pour 2025, la BERD s'attend à ce que la croissance du PIB en Géorgie et en Azerbaïdjan ralentisse pour atteindre respectivement 4,6 % et 2,7 %, tandis qu'en Turquie, elle s'accélérera légèrement pour atteindre 3 %, dans la perspective d'une politique monétaire et fiscale plus restrictive face à la persistance d'une inflation élevée.
Pour la région du Caucase en général, la BERD s'attend à ce que la croissance économique s'accélère, passant de 3,8 % en 2023 à 4,1 % en 2024, avant de ralentir à 3,5 % en 2025, chiffre conforme aux estimations de croissance potentielle à moyen terme. Étendues à ce qu'elle intègre comme sa région d'opération "Europe de l'Est" (Caucase + Moldavie et Ukraine), les prévisions de la BERD estiment que la croissance économique ralentira d'abord à 3,5 % en 2024 (contre 4,4 % en 2023), puis s'accélérera à 4,9 % en 2025.
En moyenne, la croissance économique dans l'ensemble de ses régions d'opérations de la BERD s'accélérera modérément, passant de 2,5 % en 2023 à 3 % en 2024, puis à 3,6 % en 2025.
« Avec le ralentissement de la hausse des prix de l'énergie et, dans une moindre mesure, des denrées alimentaires, l'inflation dans les régions d'opération de la BERD a chuté, s'établissant en moyenne à 6,3 % en mars 2024, contre un pic de 17,5 % en octobre 2022. Et si la désinflation a été jusqu'à présent un peu plus rapide que prévu il y a un an, l'inflation reste supérieure de 2 points de pourcentage à la moyenne d'avant la pandémie. La situation est à peu près la même que dans les économies avancées, où l'inflation a baissé de manière significative au cours de l'année écoulée, mais est restée au-dessus du seuil cible. Toutefois, dans certains pays, les augmentations de prix cumulées depuis février 2022 ont dépassé les 30 %. Toutefois, dans certains pays, les augmentations de prix cumulées depuis février 2022 ont dépassé les 30 %. Les pics d'inflation ont eu tendance à être plus élevés et la désinflation plus lente dans les pays ayant des politiques budgétaires plus expansionnistes (déficits budgétaires plus élevés) et dans les pays ayant des politiques macroéconomiques plus faibles et une dévaluation monétaire importante. Les tensions sur les marchés du travail n'étaient pas nécessairement liées à l'augmentation des pressions inflationnistes dans les régions d'opération de la BERD », indique le rapport de la BERD.
« Les tensions géopolitiques ont un impact profond sur les régions d'opération de la BERD et au-delà, entraînant une fragmentation rapide du commerce et de l'investissement et une augmentation marquée des dépenses de défense. Alors que les « dividendes de la paix » ont été sapés, depuis février 2022, la part du commerce des armes dans les importations et les exportations des économies de l'UE dans les régions d'opération de la BERD est passée de 0,1 % (stable depuis de nombreuses années) à 0,3-0,5 %. Au cours des derniers mois, les exportations se sont de plus en plus concentrées sur le couple produit-pays, plus que par pays. En d'autres termes, des biens spécifiques (par exemple, des matières premières essentielles ou des produits de défense) sont de plus en plus échangés avec un nombre restreint de pays. Avec l'aggravation des tensions commerciales, les investissements directs étrangers (IDE) sont de plus en plus canalisés vers des pays-relais qui entretiennent des liens commerciaux étroits avec d'autres blocs. Les flux d'IDE de la Chine vers les régions de la BERD ont fortement augmenté en 2023. L'investissement direct étranger de la Russie vers l'Asie centrale, tiré par les services logistiques, a également augmenté », résume la BERD.
Il convient cependant de noter également que dans leurs rapports d'avril, le FMI et la Banque mondiale ont tous deux amélioré leurs prévisions de croissance du PIB de l'Arménie en 2024. En particulier, le FMI prévoit une croissance du PIB de 6 % au lieu des 5 % précédents, tandis que la BM prévoit une croissance du PIB de 5,5 % au lieu des 4,7 % précédents. Dans le même temps, le FMI et la Banque mondiale prévoient un ralentissement de la croissance du PIB de l'Arménie à 5,2 % et 4,9 % respectivement pour 2025.
La Banque asiatique de développement prévoit-elle une croissance économique de 5,7 % pour l'Arménie en 2024, le taux s'accélérant à 6 % en 2025. Les prévisions des agences de notation internationales concernant la croissance du PIB de l'Arménie en 2024 sont les suivantes : S&P Global Ratings prévoit un ralentissement à 6,2 %, et Fitch Ratings - à 6 %. La Banque eurasiatique de développement prévoit une croissance du PIB de 5,7 % pour l'Arménie en 2024. Avec la transition vers le nouveau système de développement de la politique monétaire (FPAS MARK II), la Banque centrale a commencé à calculer les prévisions du PIB à partir de 2024 selon plusieurs scénarios et à indiquer la croissance attendue non pas à un niveau spécifique, mais dans une fourchette. En particulier, selon les prévisions de la Banque centrale, la croissance du PIB en 2024 sera comprise entre 5,3 et 6,4 %.
La commission budgétaire du gouvernement arménien, très optimiste quant à lui, prévoit une augmentation de 7 % du PIB en 2024. Selon les estimations du ministère des Finances de la République d'Arménie, le potentiel de génération de PIB de l'Arménie est passé de 4 à 4,5 % à 5,5 à 6 % en raison des changements structurels, des investissements, des programmes de soutien et du développement de différentes sphères au cours des deux dernières années. Selon ses données statistiques, la croissance du PIB de l'Arménie ralentit à 8,7 % en 2023, après s'être accélérée à 12,6 % en 2022 (contre 5,8 % en 2021).
Source Arminfo