L'État ouvre sa bourse au cinéma arménien

Arts et culture
05.01.2023

Lors d’une rencontre avec des journalistes, Shushanik Mirzakhanyan, la directrice du Centre national du cinéma d’Arménie, a annoncé le quasi quadruplement pour 2023 du budget alloué à la production cinématographique nationale.

Par Lusine Abgaryan

L’État devrait subvenir cette année au financement à hauteur de 470 millions de drams de la production cinématographique en Arménie. Au regard des 128 millions de l'an passé, il s'agit d'un quasi-quadruplement de la participation gouvernementale à cette industrie. Le grand bénéficiaire de ces augmentations est sans aucun doute le secteur du patrimoine cinématographique arménien dont le budget s'élèvera cette année à 93 millions de drams contre les très modestes 2,5 millions traditionnellement alloués. Cette somme permettra de subvenir à la restauration et à la conservation des films anciens, un besoin crucial depuis longtemps exprimé par les professionnels de l'industrie, inquiets de voir simplement disparaitre des nombreux chefs d'œuvre du septième art arménien dont regorgent les archives.

La part réservée au film d’animation est également en nette augmentation avec 130 millions de drams contre 48 millions ces dernières années. Le succès international d'"Aurora’s Sunrise", tourné avec le soutien du Centre national du cinéma en 2022 n'y est certainement pas étranger. Shushanik Mirzakhanyan rappelle que cette coproduction retraçant l’odyssée d'Aurora Mardiganyan, survivante du génocide arménien, a remporté le prix du Meilleur film d’animation au Asia Pasific Screen Award. Selectionné au programme de plusieurs compétitions internationales dont celles du Tallinn Black Nights, le festival du film baltique, Best of Fests du célèbre Amsterdam Documentary Festival (IDFA), "Aurora’s Sunrise" a remporté le prix "Sympathie du public" du festival américain Animation is Film. « Ce film a suivi un chemin intéressant. Grâce à lui, le monde entier recommence à parler du génocide arménien. Les médias internationaux s'en font l'écho, ce qui est très important pour l’Arménie », note Shushanik Mirzakhanyan

D’autres films, comme "Amerikatsi", "The American Good Samaritans", "Zulali" et encore d’autres ont également connu le succès. La directrice du Centre national du cinéma d’Arménie souligne encore que le Centre national du cinéma fournit un soutien financier aux longs métrages tournés sur le principe de coproduction, autorisant généralement des budgets plus importants, une meilleure qualité de leur contenu, et leur plus large distribution. De même, concernant le secteur du court-métrage, Shushanik Mirzakhanyan estime que cette politique de soutien aux films de coproduction, élaborée par le Centre national du cinéma, a permis à de nombreux réalisateurs débutants ces dernières années, de tourner leurs premières œuvres. « Nous avons mis en place une plateforme à travers laquelle nous finançons les créations des jeunes et observons les résultats qu’ils fournissent. Des courts métrages intéressants ont été produits. Ils ont eu du succès dans les festivals de cinéma internationaux.  Après tout, c’est la jeunesse qui va continuer les traditions du cinéma arménien.», se réjouit-elle.

Selon Shushanik Mirzakhanyan, plus de 10 films tournés avec le soutien de l’État, ce qui n’est pas un petit indicateur, ont participé aux programmes de compétition de divers festivals et ont remporté des prix. « Au cours des deux dernières années, nous n’avions reçu que 128 millions de drams de soutien de l’État pour les films. Le fait qu’avec un tel budget, nos cinéastes soient capables de trouver des coproducteurs - ce qui représente des années de travail - et de réussir, est déjà un grand succès. Ils font un excellent travail », a assuré la directrice.

Le Centre national du cinéma souhaite à l'avenir créer une cinémathèque nationale, un grand institut intégrant un laboratoire, où les spécialistes pourront numériser et restaurer des films anciens afin de les faire connaître.