Moni Hovsepyan, artiste graphique et seul maître des courtepointes en Arménie expose jusqu'au 23 novembre, au Musée d’art populaire Hovhannes Sharambeyan d'Erevan, "La roue du temps", une série de courtepointes créées par l’artiste ces dix dernières années.
Par Lusine Abgaryan
L'art de la courtepointe consiste en l'ornement décoratif d'une pièce d'étoffe d'au moins deux épaisseurs de tissu renfermant une bourrure de laine ou de coton par piquage de fil, faisant ainsi ressortir ses motifs imprimés, cousus ou brodés.
Les origines de la courtepointe sont extrêmement floues et font valoir de nombreuses hypothèses intéressantes, mais partout et de tout temps , elle s'est présentée sous un caractère appliqué à la confection de couvertures, de nappes ou de vêtements divers, malgré ses décorations accentuées. Coûteux en matériaux et exigeant en technique et en main-d’œuvre , cet art est plutôt l'apanage de pays riches et avancés. Grâce à Moni Hovsepyan, l’Arménie inscrit désormais de nombreuses œuvres originales de courtepointe à son répertoire artistique.
Moni Hovsepyan est graphiste de profession mais les compositions créées par l’esprit de l’artiste nécessitaient des solutions plus lumineuses et plus matérielles. Grace aux surfaces tridimensionnelles et extrêmement expressives caractéristiques de la courtepointe, plus adaptées et conformes à l’expression artistique de Moni, elle a ainsi su donner une nouvelle interprétation à de nombreux symboles et personnages de la riche culture arménienne. Entre ses mains, la courtepointe classique s’enrichit également de broderies, d’impressions et de coups de pinceau.
La combinaison de trois couches de tissus multicolores et qualitativement différents a nécessité un travail titanesque, de la concentration, de la patience et un goût assuré, affirmant les mérites artistiques de la courtepointe et témoignant de la compétence de l’auteur ainsi que de l'intérêt de son inspiration et de son approche artistique.
L’une de ses œuvres, créée en mémoire du 100e anniversaire des passeports Nansen et intitulée " Reconnaissance à travers un siècle" sera offerte à l’Institut Fritjof Nansen de Lysaker en Norvège, en reconnaissance à ce grand homme, qui est à l’origine de ce document. Approuvé lors la conférence de Genève en 1922, il a permis à 320 000 Arméniens rescapés du génocide comme Archag Tchobanian, Miassak Manouchian et sa femme Méliné, les parents de Charles Aznavour ou ceux d’Antonia Arslan, d'obtenir la citoyenneté dans 54 pays du monde.