Le XVIIIème Sommet de la Francophonie s’est achevé dimanche 20 novembre à Djerba en Tunisie sur l’objectif affiché de peser davantage dans le règlement des crises.
Par Olivier Merlet
Après quatre années exceptionnelles de présidence arménienne du Sommet de la Francophonie, Nikol Pashinyan a donc passé le témoin à Kaïs Saïed, président de la République tunisienne qui en assurera la destinée pour les deux années à venir.
« Nous sommes en route vers une francophonie de l’avenir, modernisée, beaucoup plus pertinente », a declaré Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) précisant qu'une grande partie des travaux qui reunissaient trente et un chefs d’États et de gouvernements avaient été consacrés à la "défiance citoyenne".
Crises économiques ou politiques, coups d'État ou conflits ouverts, Le développement, l'avenir et l'utilité du bloc francophone passent aussi par le règlement de crises, économiques ou politiques, des coups d'État ou des conflits ouverts qui drainent derrière eux des catastrophes humanitaires affectant les populations civiles par centaines de millions. L'instabilité du continent africain, dont les pays sont très majoritairement représentés dans les sphères officielles de la Francophonie était bien sûr au cœur des discussions.
La guerre en Ukraine et la situation en Arménie ont aussi été évoquées. Lors de la cérémonie de passation de la présidence à son homologue tunisien, le chef du gouvernement arménien était ainsi revenu sur les menaces que l'agression azerbaïdjanaise fait peser sur l'Arménie. « Ces derniers temps, nous devons malheureusement constater que les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier celui du non-emploi de la force contre l’intégrité territoriale de tout État, sur lesquels repose notre sécurité collective, ont été battus en brèche, et que, progressivement, s’est imposé le règne de la loi du plus fort. L’agression dont a été victime la République d’Arménie, les 13 et 14 septembre dernier, de la part de l’Azerbaïdjan, est la parfaite illustration de cet état de fait.»
« Face à la multiplication des crises et des conflits », Nikol Pashinyan a salué « l’engagement de la Francophonie en faveur du multilatéralisme, garant d’un système international - fondé sur des règles, respectueux de la souveraineté des États. »
« Toutes les zones de conflit ont été sujettes à de longs débats », a détaillé de son côté Louise Mushikiwabo, interrogée sur les tensions entre République démocratique du Congo et Rwanda, ou entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. « La Francophonie est une organisation qui soutient, un catalyseur » pour œuvrer « à la médiation entre les parties en conflit », a-t-elle souligné.
Les moyens d'action et budgétaires de cette organisation restent cependant limités, la contraignant souvent à agir via des « soutiens techniques », pour la préparation d’élections par exemple, ou « en subsidiarité aux organisations régionales, plus proches des conflits ». Les dirigeants réunis à Djerba veulent cependant, selon Louise Mushikiwabo, « continuer la réflexion pour améliorer la relation entre citoyens et gouvernants dans un format beaucoup plus inclusif et ouvert aux sociétés civiles. »
La déclaration de Djerba
Malgré la proximité de nombreux gouvernements africains avec la Russie et leur amertume exprimée de ne pas bénéficier des mêmes considérations face aux crise qui secouent leurs propres pays, les dirigeants réunis, à l’issue du sommet, se sont mis d'accord sur la "Déclaration de Djerba", contenant une « déclaration claire », à la demande du président Emmanuel Macron, sur l’invasion russe de l’Ukraine.
Cette résolution " sur les situations de crise dans l'espace francophone, leur dépassement et le renforcement de la paix" exprime également le soutien des États membres et leur solidarité à l'égard de l'Arménie. Faisant part de leurs profondes préoccupations concernant la dernière escalade militaire et les violations du droit international perpétrées par l'Azerbaïdjan, « l'Organisation encourage les parties, conjointement avec les partenaires internationaux, à faire le maximum d'efforts pour le règlement négocié, pacifique et durable des problèmes, dans le respect des principes du droit international, y compris l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières internationales conformément à la Charte des Nations Unies et demande instamment de respecter strictement le cessez-le-feu. »
Les questions humanitaires relatives aux prisonniers de guerre, le sort des personnes portées disparues et la destruction du patrimoine culturel arménien du Haut-Karabakh et des territoires adjacents figurent au texte de la résolution qui souligne enfin « l'importance d'éviter une nouvelle escalade, appelle à mettre pleinement en œuvre la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 et salue les efforts en cours visant à régler pacifiquement et équitablement le conflit du Haut-Karabakh ».