Armen Grigoryan - Sécurité, Défense et Affaires étrangères

Actualité
26.06.2024

Invité spécial en ouverture du forum APRI 2024 ce matin 26 juin, Armen Grigoryan, le secrétaire du Conseil de Sécurité, a passé en revue toutes les questions cruciales d'actualité... relevant aussi de ses attributions ?

Par Olivier Merlet

 

S'exprimant tout d'abord sur les développements du processus de paix, le secrétaire du Conseil de Sécurité a confirmé la réception d'une réponse de Bakou aux dernières propositions d'Erevan. « Oui, il y a eu une réponse à la 9ème version que nous avons envoyée, ils ont envoyé une 10ème version. Nous travaillons désormais dans cette direction. […] "Le processus est dynamique, parfois nous progressons, parfois non. Nous continuerons à travailler pour le finaliser le plus rapidement possible », a assuré Armen Grigoryan.

Interrogé sur le retour des prisonniers comme condition préalable à la signature du traité de paix, il a estimé incorrect d'associer les deux questions. « Les prisonniers doivent retourner en Arménie le plus tôt possible. Nous en discutons en permanence, que ce soit avec l'Azerbaïdjan ou avec nos partenaires internationaux. Le 7 décembre 2023, 32 captifs sont revenus, mais nous n'en sommes pas satisfaits et continuons à travailler pour que tous les captifs reviennent ».

Évoquant les récentes déclarations de Bakou faisant état de tirs arméniens sur ses positions dans la région de Kelbajar, il s'est dit « préoccupé » par de telles informations, réfutant toute accusation en ce sens. « La partie arménienne n'a fait aucun pas dans le sens d'une escalade et aucun coup de feu n'a été tiré ». À ce sujet, le secrétaire a d'ailleurs rappelé la proposition faite par l'Arménie, restée lettre morte à ce jour, de créer un "mécanisme d'enquête conjoint" avec l'Azerbaïdjan. « Nous et la communauté internationale disposerions de données fiables et saurions si de tels cas se sont produits ou non ».

À savoir si la création d'un tel mécanisme ne viendrait pas contredire pas les objectifs de la mission européenne d'observation, Armen Grigoryan a fait remarquer que cette dernière, « présente à l'invitation de l'Arménie, n'a pas le pouvoir d'enquêter. Elle surveille, fait des déclarations publiques, établit des rapports ou informe par d'autres moyens. Le mécanisme d'enquête bilatérale que nous proposons est différent mais tout aussi important du point de vue de la confiance mutuelle ».

Au chapitre des relations bilatérales de l'Arménie, le secrétaire du Conseil de Sécurité a également parlé de ses relations stratégiques et de défense avec l'Inde et la France. « Toutes les armes acquises jusqu'à présent seront utilisées uniquement pour protéger le territoire souverain de la RA. Tout le monde est responsable de la paix dans la région, en premier lieu les pays de la région, mais les partenaires internationaux peuvent également soutenir et, dans de nombreux cas, soutenir la stabilité et la paix dans la région », a-t-il déclaré.

Concernant la normalisation des relations avec la Turquie et son lien supposé avec le règlement du conflit avec l'Azerbaïdjan, Armen Grigoryan a tenu à bien faire la distinction entre les deux processus. « Il existe des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et entre l'Arménie et la Turquie et nous y travaillons de différentes manières », a-t-il affirmé. « Oui, il peut y avoir une certaine corrélation, mais s’il y a deux formules complexes à résoudre et que vous les combinez, la solution sera plus difficile. Notre compréhension et notre approche suivent deux directions différentes ».

Reprenant également les propos du ministre des Affaires étrangères le 4 juin devant l'Assemblée nationale, Armen Grigoryan a reconnu, lui aussi, attendre « des gestes » de la Turquie dans le sens des accords déjà conclus et toujours en attente de mise en œuvre, notamment sur l'ouverture de la frontière terrestre aux diplomates et ressortissants de pays tiers.

Enfin, le secrétaire du Conseil de sécurité est revenu sur la distanciation des liens entre Erevan et Moscou et le souhait de l'Arménie d'ouvrir et de diversifier ses partenariats étrangers. « Lorsque l'Arménie était entièrement dépendante de la Russie, n'avons-nous pas eu une guerre ? Oui, nous l'avons eue. Nous avons essayé de rétablir une certaine stabilité avec ces changements et nous sommes convaincus que ceux-ci apporteront la stabilité. […] La guerre des 44 jours s'est produite à une époque où nous étions totalement dépendants de la Russie. La Russie est venue, nous a pris le Haut-Karabakh, l'a restitué à l'Azerbaïdjan, et elle est repartie. C'est toute la réalité. J'affirme que la Russie a pris le Haut-Karabakh. Sans la permission de la Russie, la guerre n’aurait pas eu lieu ».