Sommet du Conseil de l'Europe à Reykjavik - Bakou et Erevan se disputent la paix

Actualité
18.05.2023

Le 17 mai à Reykjavik, le Premier ministre arménien et le ministre des Affaires étrangères azerbaïdjanais ont tour à tour posé leur pays comme garant de la démocratie au Caucase pour le premier et celui de la sécurité régionale pour le deuxième, revendiquant tous deux l'initiative d'un processus de paix qui ne débouche pas.

Par Olivier Merlet

 

Dans son adresse aux participants du 4ème Sommet du Conseil de l'Europe, le 17 mai à Reykjavik, Nikol Pashinyan a repris les mêmes propos de Charles Michel qui reconnaissaient sans le dire l'appartenance du Haut-Karabgah à l'Azerbaïdjan (*) : « nous sommes parvenus à un accord avec le président azerbaïdjanais pour réglementer les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur la base de la déclaration d'Alma Ata de 1991, selon laquelle les frontières administratives de l'Arménie soviétique et de l'Azerbaïdjan soviétique deviennent des frontières d'État. Il y a trois jours, avec la médiation du président du Conseil européen, nous sommes allés plus loin, soulignant que l'Arménie reconnaît le territoire de 86 600 kilomètres carrés de l'Azerbaïdjan et l'Azerbaïdjan reconnaît le territoire de 29 800 kilomètres carrés de l'Arménie ».

Jeyhun Bayramov, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères qui avait lui aussi effectué le déplacement, y est de même allé de sa déclaration aux dirigeants européens réunis dans la capitale islandaise. « L'Azerbaïdjan est devenu un pays qui contribue à la sécurité mondiale depuis son indépendance, initiateur du programme de paix dans la région après la fin d'un conflit long de près de 30 ans »,  a-t-il assuré, reprenant ainsi des velléités de plus en plus affirmées par Bakou d'apparaître comme la puissance régionale dans le Sud-Caucase. C'est d'ailleurs ce que notent de nombreux observateurs et politologues à ce sujet, affirmant même qu'aujourd'hui, la capitale azerbaïdjanaise n'a plus besoin que d'elle-même pour parvenir à cette position, avec ou sans Ankara.

Continuant sur le laborieux processus, Bayramov a également voulu souligner que « malgré le manque de succès obtenus dans le cadre du processus de négociation dans la période post-conflit, riche en opportunités pour l'établissement de la paix et de la sécurité dans la région, l'Azerbaïdjan est déterminé à faire avancer le processus de paix, et attend la même approche de la part de la partie adverse ».

Pour le Premier ministre arménien, bien au fait des  sensibilités et attentes de son auditoire, il s'est agi d'apparaître comme l'ardent défenseur de la démocratie, il est vrai souvent battue en brèche dans le Caucase et au-delà dans la région. « Si nous nous étions écartés de la démocratie dans cet épisode, nous aurions perdu le statut d'État, mais nous avons suivi la voie démocratique et organisé des élections libres et démocratiques, internationalement reconnues, et nous avons élaboré un programme de paix ». Nikol, Pashinyan a une nouvelle fois fait appel à l'envoi d'« une mission d'enquête internationale au Haut-Karabakh et dans le corridor de Latchine, et pour assurer la sécurité et les droits des Arméniens du Haut-Karabakh, le lancement des négociations Bakou-Stepanakert sous des auspices internationaux ».

« En soutenant la résolution de ces problèmes, le Conseil de l'Europe soutiendra l'établissement de la démocratie et de la stabilité dans le Caucase du Sud » a-t-il conclu.

 

 

(*) Note : Le 8 juillet 1992, le Conseil suprême de la République d'Arménie considérait « comme inacceptables les tentatives de fixer la République du Haut-Karabakh dans le cadre de l'Azerbaïdjan dans un certain nombre de documents internationaux et décidait de soutenir constamment la République du Haut-Karabakh et la protection des droits de sa population, de considérer comme inacceptable pour la République d'Arménie tout document international ou national dans lequel la République du Haut-Karabakh serait mentionnée comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.»