Les grandes manœuvres diplomatiques engagées depuis ce début mars le laissait présager : Nikol Pashinyan a confirmé, dans la soirée d'hier, la probable et prochaine signature d'un traité de paix avec l'Azerbaïdjan.
Par Olivier Merlet
« Il y aura un traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et il sera basé sur les déclarations officielles conjointes adoptées au plus haut niveau. Il n'y aura pas de nouvelle escalade ! La communauté internationale doit soutenir fermement ce récit [NDLR – trad. anglais "narrative"] ». C'est par un tweet diffusé en début de soirée le 23 mars que Nikol Pashinyan a rendu publique la nouvelle.
Un peu plus tôt dans la journée, il avait ouvert la session ordinaire du gouvernement en adressant aux ministres et membres présents un discours dans lequel il évoquait déjà cette forte probabilité. Le Premier ministre leur rappelait à ce sujet les avertissements prononcées à Talish par Ilham Aliyev cinq jours auparavant. Le maître de Bakou s'exprimait en ces termes : « Pour qu'ils [NDLR : les Arméniens] puissent vivre confortablement sur une zone de 29 000 kilomètres carrés, il faut que l'Arménie accepte nos conditions, qu'elle reconnaisse officiellement le Karabakh comme territoire de l'Azerbaïdjan, qu'elle signe un traité de paix avec nous et qu'elle procède à des travaux de délimitation conformément à nos conditions » .
Devant les membres de son gouvernement, Nikol Pahinyan a repris quasi textuellement - mais partiellement - ces propos : « Un message principal peut être extrait du discours du dirigeant de l'Azerbaïdjan le 18 mars. Il a dit ouvertement et littéralement que l'Arménie devait accepter les conditions de l'Azerbaïdjan et accepter de procéder à la délimitation aux conditions de l'Azerbaïdjan, sinon il n'y aurait pas d'accord de paix. "Il n'y aura pas d'accord de paix", c'est une citation textuelle des paroles du président de l'Azerbaïdjan ».
Après avoir déploré, une nouvelle et nouvelle fois, les graves menaces pesant sur le Karabagh et sa population, le Premier ministre a, encore une fois, soutenu la demande « juste des Arméniens déportés du Haut-Karabakh et des régions voisines d'exiger le retour sûr et digne vers leurs terres historiques et leurs anciennes colonies, […] conformément aux obligations assumées dans la déclaration tripartite du 9 novembre 2020. […] Le gouvernement de la République d'Arménie devrait prendre toutes les mesures politiques et diplomatiques pour protéger les droits des auteurs et des bénéficiaires de la déclaration. »
Deux jours plus tôt, les députés de la majorité gouvernementale à l'Assemblée nationale s'abstenaient pour la deuxième fois de répondre à l'invitation de l'opposition qui proposait son soutien à l'autodétermination du peuple du Karabagh. Pour rappel encore, simultanément au discours de Nikol Pashinyan en session gouvernementale, le ministre d'État d'Artsakh et son ministre des Affaires étrangères tenaient une conférence de presse en duplex de Stepanakert et d'Erevan pour que le monde n'oublie pas le Karabagh.
Se référant aux déclarations tripartites de Sotchi, le 6 octobre sous l'égide de la Russie, et quadrilatérale de Prague, sous la houlette de l'Europe et de la France, Nikol Pashinyan a conclu son discours en affirmant : « il y aura un traité de paix basé sur les documents écrits obtenus au plus haut niveau à ce jour », déclaration confirmée d'un tweet, léger, comme son nom l'indique, quelques heures plus tard.