Le président égyptien propose ses bons offices à l'Arménie dans ses négociations avec Bakou

Actualité
30.01.2023

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi était en visite officielle de deux jours en Arménie. Il s'agissait de la toute première visite d'un président de la République d'Égypte depuis sa fondation en 1953.

Par Olivier Merlet

Les relations entre l'Égypte et l'Arménie sont fortes et très anciennes, l'historien grec Hérodote les faisant même remonter à l'Antiquité en mentionnant la présence d'une communauté arménienne dans les grandes cites d'Égypte de l'époque. Pour en revenir à la période actuelle, l'Égypte a été l'un des premiers pays à reconnaître l'indépendance de l'Arménie à la chute de l'URSS en 1991; pour signer; dès 1992; la convention pour l'établissement de leurs relations diplomatiques.

Les relations politiques entre les deux pays sont marquées par l'appréciation de l'Arménie quant à la position neutre de l'Égypte vis-à-vis du conflit du Karabagh et l'accueil de par l'Égypte de nombreux Arméniens rescapés des massacres de 1915. Bien que peu nombreux aujourd'hui, entre six et sept mille dit-on, leur fusion dans la société égyptienne est remarquable. Ils lui ont donné quatre ministres des Affaires étrangères et trois écoles arméniennes sont en activité au Caire et à Alexandrie.

La visite d'Abdel Fattah Al-Sisi en Arménie marque donc un événement important dans les relations bilatérales avec l'Égypte. Arrivé à Erevan le 28 janvier en provenance de Bakou, le président égyptien a été reçu par son homologue arménien Vahagn Khatchaturyan, avant de rencontrer le jour suivant le Premier ministre, Nikol Pashinyan.

Les questions de coopération entre les deux pays étaient bien sûr au cœur des discussions de ces deux journées destinées à renforcer les relations bilatérales dans le domaines politique, économique et culturel. Des accords ont signé dans plusieurs secteurs, notamment celui du tourisme, l'Égypte figurant l'une des destinations favorites des touristes arméniens,  de l'énergie avec des programmes de financement destinés au développement de l'hydrogène vert, des hautes technologies bien sûr; et d'autres filières commerciales.

Selon les médias égyptiens, cette tournée transcaucasienne reflète également l'intérêt croissant de l'Égypte pour la région et sa volonté d'en approfondir les liens. L'une des cartes qu'Abdel Fattah Al-Sisi pourrait espérer jouer à cette fin est celle de la médiation politique, rendue possible par la traditionnelle neutralité égyptienne vis à vis du conflit du Karabagh. Il a d'ailleurs indiqué avoir examiné avec son homologue arménien les «questions régionales et internationales d’intérêt commun au Moyen-Orient et au Caucase du Sud». Proposant à Erevan ses bons offices de médiateur dans les négociations qu'elle mène avec l'Azerbaïdjan, il a répété « la nécessité de négocier pour achever le chemin de la paix, parvenir à une meilleure réalité et à une vie digne et décente pour les peuples

De Bakou d’où il s'exprimait deux jours plus tôt, le chef de l'état égyptien  soulignait « l'importance du dialogue et des négociations ainsi que de donner la priorité à la voix du bon sens et de la sagesse, en gardant à l'esprit que la force militaire seule n'a jamais été suffisante pour parvenir à une paix durable, globale et juste ».

Vahagn Khachaturyan a reconnu que « L'Égypte est une grande puissance dans sa région, connue pour sa longue expérience dans les missions de médiation. C'est un pays qui met en œuvre l'idéologie de la paix et coexiste pacifiquement avec ses voisins. […] Je suis sûr que nous avons également besoin de l'expérience de l'Égypte », a déclaré le président arménien dans le cadre des entretiens publics avec son invité. Nikol Pashinyan a également confirmé de son côté que «L'Égypte reste aussi pour nous un partenaire fiable dans nos relations et notre dialogue avec le monde islamique. Cette relation qui est la nôtre, cette chaleur qui est la nôtre montre également notre attitude envers le monde et la civilisation islamiques, notre respect », a-t-il ajouté.