Un citoyen d'honneur de Chouchi appelle à l'étude et aux bonnes pratiques pour reconstruire le pays

Opinions
09.02.2021

Mon épouse Hermine et moi-même avons été nommés, le 10 septembre 2015 devant les représentants des autorités d'Artsakh et de nombreux élus français, citoyens d'honneur de la ville de Chouchi. La plus simple mais la plus noble reconnaissance pour avoir réussi, grâce au leg de l'oncle Mozian, la Fondation Arménienne de France et plusieurs généreux professionnels français, la construction et la mise en place à Chouchi de l'Ecole Mozian (EPYM) la plus belle école professionnelle du Caucase.

Par Robert Aydabirian

Son bâtiment si animé, lors de la rentrée de septembre par ses 186 élèves est maintenant abandonné en territoire occupé. Nous le regrettons bien sûr très amèrement mais nous pensons néanmoins que nos dix années d'efforts n'ont pas été inutiles. Nous y avons formé une brigade exceptionnelle de quinze enseignants techniques qui sont sains et saufs et prêts à reprendre leur mission en Artsakh et en Arménie. Nous y avons fait vivre des centaines de travailleurs artsakhiotes pour sa construction et son entretien. Trois cents élèves de la région y ont poursuivis leurs études du niveau CAP, y ont été nourris et logés gratuitement pendant 3 ans et appris un ou plusieurs métiers du bâtiment ou de la cuisine collective.

Dotés du diplôme "Mozian" très valorisé, ils trouveront à s'employer dans la Patrie qui a besoin d'eux pour se reconstruire vite et bien. Malheureusement plus d'une dizaine de nos diplômés manqueront à l'appel. Ils ont été tués ou blessés pendant la guerre, et nous portons tous le deuil de leurs parents et de leurs camarades. Mais si nos ennemis séculaires ont cherché à nous chasser par la violence de nos terres ancestrales, ils n'ont pas réussi à tuer nos espoirs.

Depuis deux mois plusieurs fondations dont le Himnadram, mais pas seulement j'espère, se préparent avec l'aide de nos cadres professionnels de Chouchi à démarrer des établissements éducatifs voire même des entreprises: 1. en rétablissant à Stépanakert un nouvel EPYM, centre de formation des métiers du bâtiment, de la cuisine collective et même de la couture, avec plus de 150 élèves et une douzaine d'enseignants. 2. en fondant à Gümri, un centre de formation technologique dédié aux énergies renouvelables, à l'électro-technique et à la robotique. 3. en transformant l'exploitation agricole et fromagère du Tavush en fermeécole couvrant les métiers de l'arboriculture, de l'agriculture, de l'élevage. 4. en établissant à Erevan une école d'informatique solidaire accessible à une grande diversité de parcours et de population. 5. en installant des unités de fabrication d'habitations individuelles et de modules en béton pré-contraint pour bâtir immeubles et infrastructures.

Elles contribueront aussi à développer l'emploi et la formation. Ce qu'il faut retenir de nos experiences et épreuves récentes c'est qu'il n'y a pas de gagnants ou de perdants éternels. Que la différence ne se fait pas seulement par la force brutale mais par les compétences et le savoir que l'on acquiert par l'étude et aux bonnes pratiques des métiers essentiels et des fonctions régaliennes (armée, justice, diplomatie et finance). La liberté et l'indépendance concernent tout autant les pays que les individus. Il faut financer et organiser l'accession au savoir pour prémunir notre peuple de la colonisation étrangère. Et si quelqu'un essaie de l'humilier à nouveau celui-ci, armé de toutes les connaissances indispensables, saura mieux défendre son pays et sa souveraineté.