Forte de « son rôle éprouvé de médiatrice neutre et pour perpétuer sa tradition humanitaire », la Suisse envisage d'organiser une conférence de paix sur le retour des Arméniens du Haut-Karabagh.
Par Olivier Merlet
Le 15 octobre, la commission de Politique extérieure du Conseil fédéral a déposé une motion largement adoptée proposant l'organisation sous douze mois d'une conférence intitulée "Forum sur la paix dans le Haut-Karabakh : permettre le retour de la population arménienne".
« L’objectif de ce forum est de permettre un dialogue ouvert entre l’Azerbaïdjan et les représentants du peuple arménien du Haut-Karabakh, sous supervision internationale ou en présence d’acteurs internationaux clés, afin de négocier le retour collectif, en toute sécurité, de la population arménienne qui vivait depuis des générations dans la région » précise le texte du document qui sers transmis et discuté à la "Chambre des cantons", la chambre haute du parlement helvétique.
Ses auteurs ont également rappelé la décision de la Cour internationale de Justice du 17 novembre 2023 qui prévoyait le « retour sûr, sans entrave et rapide » des populations kharabaghtsis et la résolution du Parlement européen du 12 mars 2024, appelant l'Azerbaïdjan à engager « un dialogue transparent avec les Arméniens du Karabakh » sur le respect de leurs droits et la garantie de leur sécurité garantie, de sorte qu’ils puissent retourner chez eux avec une présence internationale.
« La capacité d’action du Groupe de Minsk de l’OSCE, jusqu’à présent responsable de la médiation, est fortement limitée en raison des tensions géopolitiques », constatent les élus suisses. « Il est donc nécessaire de trouver un nouveau format de négociation pour résoudre le conflit de manière pacifique et protéger les droits de la population arménienne du Haut-Karabakh ».
Mettant en avant la neutralité suisse et son expérience en matière de médiation internationale (le texte mentionne la signature, des "Protocoles de Zurich" en 2009 visant à normaliser les relations bilatérales entre l’Arménie et la Turquie mais qui ne s'étaient traduits par aucun avancement concret sur le terrain), le Conseil national estime qu'un forum international pour la paix, organisé par la Suisse, « pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution du conflit, permettre le retour des personnes déplacées et contribuer ainsi à la stabilisation de toute la région ».
La motion précise également « Compte tenu de l’étroite collaboration entre la Suisse et l’Azerbaïdjan dans le domaine de l’énergie, il est dans l’intérêt économique de la Confédération de promouvoir une paix durable et stable dans la région, ce qui implique notamment le rétablissement des droits fondamentaux de la population du Haut-Karabakh ».
Elle conclut en ces termes « C’est une occasion unique qui s’offre à la Suisse de profiter de son rôle éprouvé de médiatrice neutre pour établir un dialogue constructif entre les parties au conflit. Un tel engagement lui permettrait non seulement de perpétuer sa tradition humanitaire, mais aussi de renforcer sa position de partenaire fiable dans la diplomatie internationale ».
