La venue en Arménie d'une délégation parlementaire azerbaidjanaise soulève l'indignation populaire

Actualité
22.02.2022

L'accueil par Erevan d'une session tournante de l'Assemblée parlementaire Euronest provoque une vive indignation au sein de la classe politique et de la société civile arménienne.

Forum parlementaire visant à promouvoir l'association politique et la poursuite de l'intégration économique entre l'Union européenne et ses partenaires d'Europe orientale, le "Partenariat oriental" européen, Euronest, actif depuis 2011, regroupe en son sein la Moldavie et l'Ukraine ainsi que les trois pays du Sud-Caucase, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

L'annonce par voie de presse, la semaine dernière, de la convocation de son bureau à Erevan les 21 et 22 février, dans le cadre habituel de ses activités, n'avait guère retenu l'attention, jusqu’à l'arrivée, ce lundi, de la délégation azerbaidjanaise à l'aéroport d'Erevan Zvartnots. En début d'après- midi, un groupe d'anciens combattants bloquait l'accès menant de l'aéroport au centre-ville pour protester contre la venue en Arménie des députés azerbaïdjanais. La police est intervenue pour rétablir la circulation et déloger les manifestants, provoquant de légères altercations avec ces derniers.

Tahir Mirkishili, membre du parti au pouvoir "Nouvel Azerbaïdjan" et président de la commission parlementaire sur la politique économique, l'industrie et l'entrepreneuriat à l'Assemblée nationale azerbaidjanaise, et Soltan Mammadov, chef du groupe de travail des relations interparlementaires de cette même assemblée, sont les deux représentants azerbaidjanais auprés d'Euronest convoqués à Erevan. Selon la députée "Contrat civil" Maria Karapetyan, déléguée arménienne de la commission politique Euronest et co-rapporteur d'un document de travail sur "le renforcement de l'efficacité et des ressources administratives des institutions publiques ", « les députés arméniens, communiquent avec les députés de tous les autres pays au cours de ce type de réunion, y compris avec les députés azerbaïdjanais »:

Alors que le premier ministre Nikol Pashinyan s'entretenait avec le co-président de l'Assemblée parlementaire Euronest, Andrius Kubilius, membre du Parlement européen, des objectifs de cette réunion et des attentes arméniennes vis-à-vis de la coopération avec l'Europe, des jeunes du parti RAF manifestaient à leur tour devant l'hôtel Mariott-Armenia place de la République à Erevan.

Les réactions les plus marquantes proviennent cependant de la société civile arménienne et de la population en général, indignée de recevoir sur le sol national les représentants d'un régime ennemi, moins de 18 mois après la fin d'un conflit sanglant responsable de la mort de 4000 victimes arméniennes.

Entre autres personnalités publiques, Vardan Voskanyan, directeur du département des études iraniennes a l'université d'état d'Erevan écrivait en termes crus (en langue arménienne, approximativement traduite) sur sa page Facebook : « Certains députés du parlement de cette formation artificielle appelée Azerbaïdjan sont arrivés en Arménie. Des représentants de cette croissance cancéreuse, qui se caractérise par un comportement terroriste, se trouvent dans notre capitale à un moment où le régime dictatorial de Bakou prend en otage nos prisonniers de guerre et occupe de vastes zones de la République d'Artsakh. Des milices armées azerbaïdjanaises occupent même actuellement une partie du territoire souverain de l'Arménie. Par conséquent, l'entrée de chaque représentant du régime barbare-terroriste de Bakou à Erevan équivaut à la pénétration des preneurs d'otages au cœur de l'Arménie. »