Les « conversations positives » du Premier ministre

Actualité
24.09.2024

Dans un discours dont on se demandait s'il s'adressait vraiment aux Nations-Unies ou à certaines en particulier, le Premier ministre Nikol Pashinyan a sans doute souhaité faire preuve d'une bonne volonté et d'un esprit de conciliation que son propre pays ne partage peut-être pas a ce point.

Par Olivier Merlet

 

« Tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui sont directement ou indirectement liés aux décisions qui ont été prises ou n'ont pas été prises à un moment donné dans le passé, et nous pouvons dire la même chose de tous les succès et réalisations d'aujourd'hui », a reconnu hier Nikol Pashinyan. Il ne s'agissait pourtant pas de la présentation de son bilan de Premier ministre depuis 2018 mais de son adresse aux représentants des 193 états membres des Nations-Unies. "Sommet de l'avenir", la 79eme Assemblée générale de l'ONU:

Invité à la tribune pour en présenter sa propre vision, le Premier Ministre a estimé que « la chose la plus importante que nous puissions faire pour l’avenir est de créer des conversations positives et de nous concentrer sur les opportunités permettant de créer les bases de ces conversations, qu’elles existent maintenant ou non ».  Car c'est de préoccupations qui lui sont particulièrement familières dont a parlé le chef de l'exécutif, « paix, sécurité, prospérité, liberté, justice, droits de l'homme, intelligence artificielle, changement climatique », celles de l'Arménie qu'il gouverne comme de tout autre pays menacé.

« L'une des raisons de la crise mondiale actuelle est que les formats internationaux sont depuis longtemps devenus une arène d'accusations mutuelles, de menaces et des lieux où se déroulent les crises et les impasses ». Remarque surprenante de la part de celui qui met souvent en avant les accords de Prague, Bruxelles ou d'Alma Ata. Le Premier ministre semble donc, désormais, accorder sa préférence aux discussions directes, sous format bilatéral, tout comme le suggère depuis longtemps le président azerbaïdjanais. « Il est difficile pour moi de me souvenir de déclarations positives de ma part ou de la part d'autres dirigeants sur des plateformes internationales ».

« Nous venons généralement à l'ONU pour annoncer à quel point la situation va être grave, car les faits qui en témoignent sont nombreux et partout, et il n'est pas nécessaire de faire beaucoup d'efforts pour les voir. Il faut s'efforcer de voir et de réfléchir aux conditions préalables à un avenir meilleur, car ce qui se passe en réalité se produit d'abord dans notre esprit », a continué le Premier ministre. Notant ainsi qu'au jour de son élection, « il n'y avait aucun espoir d'optimisme dans notre pays et notre région », il a fait ce constat : « Maintenant, c'est mondial ».

Rappelant alors, comme au tout début de son discours, qu'il avait reçu son mandat au slogan d'« Il y a un avenir, il y a un avenir », adopté depuis par son parti, Nikol Pashinyan l'a de nouveau scandé à l'intention, cette fois, des représentants des Nations Unies, les assurant de son souhait d'y apporter sa propre contribution. « Contrairement aux trois fois précédentes, dans mon discours devant l’Assemblée générale cette année, je me concentrerai davantage sur les opportunités que sur le fait de rejeter la faute sur les pays voisins », a promis Nikol Pashinyan, plus conciliant que jamais. « Cela donnera l'occasion de penser positivement et de parler des opportunités ».