À l'exception de la VTB, filiale du groupe bancaire russe du même nom, les banques arméniennes n'honoreront plus, à partir du 30 mars, les transactions effectuées via le réseau Mir, le système de paiement international russe.
Par Olivier Merlet
Afin de contourner les sanctions occidentales mises en place suite à l'annexion de la Crimée en 2014, la Russie a développé un système de paiement international alternatif du nom de "Mir" ("la paix" et "le monde" en langue russe), pendant à ceux de l'American Express, Visa ou Mastercard. Il faisait l'objet d'une attention minutieuse de la part des États-Unis, intérêt redoublé depuis l'envoi par Moscou de ses troupes en Ukraine.
Le mois dernier, la Maison-Blanche a ajouté son opérateur, le "National Payment Card System" (NPKS), à la liste des entités soumises à son dernier "train" de sanctions générales. Hier 19 mars, en milieu de journée, ID Bank informait, depuis Erevan, de sa décision de suspendre le fonctionnement des cartes MIR dans ses terminaux de point de vente et ses distributeurs automatiques, « en raison des restrictions appliquées à l'opérateur du système ». Dans la soirée, Le NSPK confirmait avoir reçu une notification officielle du centre de traitement arménien des paiements par cartes, ArCa, indiquant qu'à partir du 30 mars, les banques de son réseau cesseraient de servir les cartes Mir.
« Cela n'affectera en rien le fonctionnement des cartes VTB en Arménie, la banque continue de gérer pleinement les cartes Mir dans son infrastructure » a assuré de son côté VTB Armenia, filiale du deuxième groupe bancaire russe en termes de capitalisation, établissement semi-public proche du Kremlin.
« Le centre de traitement arménien ArCa traite simultanément les paiements provenant de Mir, Visa et Mastercard. Ces derniers ne sont pas autorisés et refusent de travailler avec ArCa si elle continue de traiter simultanément les cartes Mir sanctionnées. Par conséquent, il n'y a pas d'autres options que d'interdire le service des cartes Mir, sinon notre pays se retrouvera sans carte internationale », rapporte l'agence Tass, citant l'une de ses sources. La Banque Centrale d'Arménie s'est pour l'instant refusée à tout commentaire.
Le représentant de la Banque centrale de Russie a déclaré quant à elle, qu'elle continuerait à travailler avec les pays "amis" en acceptant leurs cartes Mir respectives, mais qu'elle ne pouvait interférer avec les décisions individuelles de chaque pays.
On estime que plus de la moitié de la population russe possède une carte Mir. Un premier train de sanctions avait empêché, depuis mars 2022, les titulaires russes reidant a l'étranger et titulaires de cartes Visa et Mastercard - 50 000 citoyens russes résident en Arménie - d'effectuer des transactions autres qu'en espèces. Un économiste arménien, Suren Parsyan, affirme qu'en 2023, les particuliers ont transféré plus de 3 milliards de dollars de la Russie vers l'Arménie, notamment via le système Mir.« C'est une somme assez importante pour notre économie, cela aura certainement un impact négatif sur la demande en Arménie, sur le secteur des services, le secteur public, l'habillement et d'autres secteurs encore ».