L'arménitude de nouveau gouvernement français... Pourvu que Dieu lui prête vie

Arménie francophone
23.09.2024

Si beaucoup en France doute de la durée du nouveau gouvernement nommé ce week-end, il convient d'admettre que celui-ci, vu d'Arménie, compte parmi ses rangs de fervents soutiens et proches des questions arméniennes.

Par Olivier Merlet

 

Vivant ses dernières heures de ministre des Affaire estrangères, Stéphane Séjourné avait fait le voyage en Arménie la semaine dernière pour la "rassurer", officiellement, de la continuité du soutien de la France, et pour le dire à Bakou. Si le nouveau gouvernement, annoncé par Paris le 21 septembre, sera certainement bien plus préoccupé de ses problèmes intérieurs que par ceux du Sud-Caucase, il compte néanmoins parmi sa nouvelle équipe plusieurs personnalités dont la fibre pro-arménienne n'est plus à défendre.

À commencer par le Premier ministre lui-même, Michel Barnier, persona non grata en Azerbaïdjan depuis son escapade quasi-clandestine au Haut-Kharabagh en décembre 2021 avec Valérie Pécresse et Bruno Retailleau. Il partage avec ce dernier, le nouveau ministre français de l'Intérieur, de très fortes convictions chrétiennes, première motivation de leur engagement en faveur de la population arménienne d'Artsakh et des chrétiens d'Orient.

En 1995 déjà, lors d'une visite à Erevan pour l'inauguration de l'ambassade de France, Michel Barnier, alors ministre délégué aux Affaires estrangères, défendait « le respect de l’intégrité territoriale des États et la sécurité pour tous les Arméniens qui se trouvent au Haut-Karabakh ». Bruno Retailleau, désormais ex-sénateur président du groupe des Républicains, a quant à lui porté devant le Sénat français plusieurs résolutions dont celle, adoptée en novembre 2022, visant à appliquer des sanctions à l'encontre de l'Azerbaïdjan et exiger son retrait immédiat du territoire arménien. Fin août 2023, trois semaines avant l'épuration ethnique de l'Artsakh, il accompagnait un convoi humanitaire français à destination de Stepanakert qui n'a jamais pu franchir la frontière.

Toujours au sein du nouveau gouvernement français nommé ce week-end, Guillaume Kasbaryan, né de famille arménienne de Marseille est reconduit aux responsabilités de l'exécutif en tant que ministre a part entière cette fois, charge de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique. Astrid Panosyan-Bouvet, ancienne dirigeante et secrétaire générale du groupe d'assurance mutuelle Groupama, arménienne par son père, fait, elle, son entrée au gouvernement en tant que ministre du Travail et de l’Emploi.

Par ailleurs, il est à noter que le jeune Grand Argentier français – à 33 ans, il décroche Bercy, le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie –est l'auteur d'un mémoire de recherche sur la responsabilité allemande dans le génocide arménien. Savoyard comme Michel Barnier, il est le petit-fils du résistant Compagnon de la Libération et académicien français, Louis Armand.

Enfin, Anne Genetet, députée de la onzième circonscription des Français de l'étranger et donc d'Arménie est devenue ministre, déjà controversée, de l'Éducation nationale (les syndicats lui reprochent son inexpérience). Spécialiste des questions de défense à l'Assemblée nationale, elle s'était illustrée très malheureusement et maladroitement au cours d'un dîner à l'ambassade d'Azerbaïdjan à Paris en novembre 2021. Elle s'en était depuis largement amendée et publiquement excusée. Elle s'était jointe à la visite parlementaire de Yaël Braun-Pivet en janvier 2023 et faisait partie de la délégation du toujours ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, en janvier de cette année.