La Banque mondiale confirme la bonne santé économique de l'Arménie , mais l'absorption des obligations financières de l’Artsakh et les dépenses de défense devraient lourdement gréver son budget national en 2024.
Par Olivier Merlet
Le rapport économique mensuel de l'Arménie pour février 2024 que vient de publier la Banque mondiale corrobore la bonne tendance annoncée il y a quelques jours par la Banque Eurasiatique de Développement. « En 2023 », note-t-il, « l’activité économique a augmenté de 9,4 % (en glissement annuel), dépassant toutes les attentes ». La banque mondiale attribue le phénomène à une forte augmentation de la demande intérieure et de la consommation des ménages, « alimentées par une augmentation de 12 % des salaires réels moyens, des améliorations du marché de l'emploi et des transferts en espèces fournis par le gouvernement aux populations déplacées au cours du dernier trimestre de l'année. »
La publication salue également les performances « exceptionnellement élevées » des exportations arméniennes, tirées comme on le sait par les ventes d'or, de pierres précieuses et de bijoux, mais aussi de cuir, de fourrure, de chaussures et de produits textiles. Les Émirats arabes unis sont devenus les premiers clients de l'Arménie avec une demande multipliées par 15 au cours des 12 derniers mois.
Bien qu'ils enregistrent une « augmentation généralisée des recettes fiscales » (25,2% sur un an, 57 % pour le seul impôt sur le revenu), les experts de la banque mondiale mettent en garde malgré tout contre un fort accroissement de la dette pour l'année à venir. Évaluée à 189 milliards de drams pour 2023 (430,4 millions d'euros), celle-ci devrait encore augmenter « après avoir inclus la partie des dettes financières du Haut-Karabakh réglée par le gouvernement ». Par ailleurs, soulignent-ils encore, « les dépenses globales ont augmenté de 29 %, en raison, principalement, de la croissance des dépenses de défense ».
Le gouvernement arménien reconnaissait d'ailleurs s'attendre, lors de l'adoption de son budget en décembre dernier, à un déficit cumulé d'environ 483 milliards de drams (1,1 milliards d'euros) en 2024, soit 4,6 % du produit intérieur brut (PIB), plus du double de ce qu'il représentait fin 2023, une dette équivalente, en pourcentage, à celle de la France.
Fin janvier, un autre expert financier des marchés mondiaux, l'agence "Fitch" de notation internationale confirmait ces prévisions, s'attendant toutefois à ce que le déficit budgétaire de l'Arménie soit ramené à 2,9 % courant 2025.