Erevan interdit les « activités culturelles » des musiciens de rue

Société
06.06.2024

Des agents municipaux parcourent depuis ce matin certaines rues du centre-ville pour "informer" - dans un premier temps - les musiciens et chanteurs ambulants de la décision les concernant votée au Conseil des Anciens le 3 juin.

 

« Les habitants des bâtiments de la Place de la République, de l'Avenue du Nord et du Théâtre académique national d'opéra et de ballet s'expriment régulièrement sur les troubles à leur tranquillité et à leur santé causés par les activités culturelles des musiciens itinérants dans ces zones. En outre, de nombreux problèmes se posent aux entités exerçant des activités commerciales dans les zones adjacentes aux secteurs mentionnés, entrainant un impact négatif sur le tourisme ».

Justifiant ainsi de sa décision, le Conseil municipal d'Erevan a donc exigé lundi dernier des musiciens et chanteurs ambulants qu'ils aillent se produire ailleurs que dans ces hauts-lieux de la capitale. Les riverains des rues adjacentes, et particulièrement ceux des larges trottoirs de la rue Abovyan, allument désormais des cierges pour ne pas les voir rappliquer sous leurs fenêtres.

Au crédit de la mairie, il faut dire que depuis l'apparition de ces enceintes portables sans fil, surpuissantes et sur roulettes, bon nombre de ces "artistes de rue", craignant surement de pas suffisamment se faire entendre, n'hésitent pas à pousser les décibels bien au-delà du désagréable. L'effet produit atteint même les tréfonds de la stupidité lorsqu'au lieu de s'accorder une pause musicale et fouiller une pièce au fond de leur poche, les badauds préfèrent presser le pas décrivant un large détour dans leur trajectoire.

En revanche, il arrivait aussi parfois de rencontrer sur ces mêmes artères du centre-ville des joueurs de duduks, kaval, kemenche, kanoun ou meme d'accordéon non sonorisés, pas toujours excellents virtuoses, voire pire, mais des personnes souvent âgées et visiblement plus que modestes. Elles avaient la fierté et le mérite de préférer égrener, parfois brillamment d'ailleurs, des accords de musique traditionnelle arménienne plutôt que de s'adonner à la mendicité.

On espère juste qu'elles trouveront un autre moyen pour s'acheter un morceau de pain et surtout qu'elles ne seront pas récupérées par ces "bonnes âmes" qui les placent tous les jours, Rue Abovyan justement, pour attirer la pitié des donneurs naïfs.

Règlementer la musique de rue et ne pas autoriser sa sonorisation aurait sans doute été plus judicieux, permis de faire cesser nuisances et râleries conséquentes, et, certainement, ravi de nombreux touristes.