L'appel à candidature des jeunes ambassadeurs arméniens de la diaspora est en cours pour sa troisième édition qui débutera en septembre prochain. Ce programme permet chaque année de former de nouveaux représentants et promoteurs de la cause arménienne dans le monde.
Par Vassili Donn
Pour faire connaitre aux plus jeunes de sa diaspora les enjeux et défis cruciaux qui se posaient à l'Arménie et à l’Artsakh au lendemain de la guerre des 44 jours, le gouvernement arménien décide, en juin 2021, de se doter d'un corps diplomatique bien particulier, celui des "jeunes ambassadeurs". Le Haut-Commissariat aux affaires de la diaspora, en charge de cette mission recrute alors, sur concours, 20 candidats âgés de 22 à 35 ans, tous d’origine arménienne et issus de 16 pays différents.
Ils doivent avoir une bonne connaissance pratique de la langue arménienne, pas nécessairement orientale, une appétence avérée pour la vie associative et surtout un grand intérêt pour les questions communautaires liées au peuple arménien.
A la suite des phases de sélection, les futurs jeunes "diplomates" passent deux semaines de formation en Arménie ponctuées de rencontres officielles avec des personnalités choisies, représentatives de divers domaines, de la politique, des affaires ou encore de la culture. Ils repartiront chez eux avertis, motivés et impliqués dans un éventail de questions stratégiques , politiques, sociales et économiques de première importance pour le pays. Charge à eux d'en assurer la communication, d'en promouvoir l'étude et le débat et, le cas échéant, d'y apporter tous les éléments de réponse possibles.
À l’origine, le programme des jeunes ambassadeurs n'est pas totalement une nouveauté en soi. Développé dans un certain nombre de pays dont les États-Unis, il existait déjà en Arménie sous une autre identité et sous une autre forme. Le "Summer School of Young Leaders", lancé à la demande du ministère de la diaspora à l’été 2011 en avait posé les principes et objectifs, mais sa courte durée et sa brièveté ne permettaient pas d'acquérir une formation suffisante adaptée aux préoccupations retenues. Sa nouvelle version a été allongée à une année scolaire complète avec un enseignement plus approfondi comprenant conférences, ateliers et réunions à visée théorique aussi bien que pratique.
Sensibiliser la communauté internationale sur les enjeux de l’Artsakh
Sona Baghumyan vit en Belgique depuis plus de vingt ans. Licenciée en droit à l’université de Louvain, elle a été retenue pour participer à la première campagne des Jeunes ambassadeurs en 2021-2022. « L’une des forces de ce projet est le réseau mondial qui nous est offert, car nous avons des points de contact partout dans le monde pour créer des projets communs bénéfiques à l’Arménie et l’Artsakh » confie-t-elle. De retour en Belgique, Sona a pu organiser des campagnes de sensibilisation sur le rapatriement et le retour des prisonniers arméniens en Azerbaïdjan. Elle a également organisé une discussion sur les tentatives de normalisation des relations arméno-turques, mais surtout, elle a grandement conseillé les parlementaires belges et contribué à la rédaction de leurs résolutions sur la guerre d’Artsakh.
Un an quasiment après la fin de son mandat de jeune ambassadrice, "l’émissaire" belge de l'Arménie en diaspora continue d’être active pour mener des missions éducatives et informatives sur la situation en Artsakh. Elle prévoit de s’engager bientôt dans un autre programme, « Teach For Armenia », lui-même élaboré par une jeune ambassadrice, française, Sona Sureken, attachée à diffuser la culture arménienne dans les écoles élémentaires de France et d'Europe.
Une mission qui ne se limite pas à la durée du programme
À l’issue de leur mission "diplomatique", les trajectoires professionnelles des uns et des autres reprennent leurs diverses directions, mais toujours dans le sens de la participation active et de l'engagement au service de la communauté arménienne. « Chacun agit à sa façon et dans son domaine pour les besoins de l’Arménie et de l’Artsakh, certains dans l’éducation, d’autres agissent politiquement ». Tandis que Sona Baghumyan est devenue juriste, sa collègue Suédoise, Inesa Rubinyan, est devenue membre du conseil d'administration du centre de coordination des syndicats arméniens en Suède et membre de l’ONG Consta.
Pour Sona, l'expérience se sera révélée « en tous points extrêmement enrichissante ». Son souvenir le plus marquant restera celui du contact avec la population et les dirigeants locaux lors d'un voyage organisé à Stepanakert.
En 2021-2022, pour la deuxième édition du programme des jeunes ambassadeurs 20 élus de 12 pays ont été retenus. Les candidatures pour la session 2023 sont ouvertes depuis le 17 avril et se clôtureront le 1er juin 2023.