À l'appel de 500 associations de dix-sept pays européens, des manifestations en soutien à l'Arménie étaient organisées dans plusieurs capitales et grandes villes d'Europe dimanche 1er octobre.
Point d'orgue de ces rassemblements, celui de Bruxelles au rond-point Robert Schuman, à portée de voix du siège de la Commission européenne. Plus de 10 000 personnes étaient réunies pour dénoncer le nettoyage ethnique de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan et réclamer, à quelques jours du sommet de Grenade auquel Ilham Aliyev doit participer, la prise de sanctions à son égard.
En France, mêmes rassemblements à Marseille, Lyon, Clermont-Ferrand ou Châteauroux. « Nous sommes ici pour dénoncer le silence de la communauté internationale », lançait à Marseille devant 2 000 personnes, Julien Harounyan, président du CCAF Sud. Benoit Payan, maire de la cité phocéenne, estimant que « l’Europe trahit ses valeurs quand elle décide d’acheter aux Azéris le gaz qu’elle ne peut plus acheter en Russie », a appelé la France à bloquer les avoirs du président Aliyev dans le pays.
Le matin même, l'eurodéputée Nathalie Loiseau, également présidente de la sous-commission sécurité et défense au Parlement européen promettait au micro de France Info le dépôt d'une résolution en ce sens au Parlement européen. « Je vais demander qu'on reconsidère notre accord gazier », a encore annoncé l'ancienne ministre chargée des Affaires européennes. « l'Europe est divisée », a-t-elle déploré, expliquant que pour nombre de ses membres, l'importance du gaz azéri était primordiale. « Charles Michel [le président du Conseil européen, NDLR] est devenu l'otage de sa propre médiation », a-t-elle ajouté, citant les paroles de l'ancien archevêque sud-africain, Desmond Tutu : « Lorsque vous restez neutre entre un agresseur et un agressé vous prenez le parti de l'agresseur ».
Dans une tribune publiée dimanche sur le site du journal "Le Monde", des maires de grandes villes françaises et d’autres élus appelaient malgré tout l’Union européenne et la France à « poser des actes forts en faveur de la protection des populations et du processus de paix. […] Si le président azerbaïdjanais n’entend ni les appels du secrétaire général des Nations unies ni ceux des chefs d’États européens, des sanctions économiques devront être prises » , ont réclamé les signataires, dont les maires de Paris, Anne Hidalgo, de Marseille, Benoît Payan, de Lyon, Grégory Doucet, de Nice, Christian Estrosi ou de Strasbourg, Jeanne Barseghian, ainsi que les présidents de plusieurs régions.
Enfin, du côté du gouvernement français, tandis que le Quai d'Orsay annonçait la visite en Arménie de sa ministre Catherine Colonna, Sébastien Lecornu, ministre de la Défense s'est lui aussi exprimé sur la situation au Sud Caucase le 29 septembre. « Une deuxième guerre s'est immiscée aux portes de l'Europe, dans le Haut-Karabakh, entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Est-ce que la France peut intervenir militairement pour préserver l'intégrité territoriale de l'Arménie ? », lui a demandé un journaliste.
Le ministre a eu cette réponse : « Le président de la République suit lui-même ce dossier, [il] a dit : l'intégrité, la souveraineté, la protection de la population arménienne sont pour nous un objectif absolu. […] Nous avons ouvert une mission de défense en Arménie, qui n'existait pas jusqu'à présent et qui permet de dialoguer au quotidien avec l'armée et les autorités arménienne, , notamment pour examiner le cas échéant leurs besoins, notamment en matière de défense et de protection.
À votre question: "est-ce que la France peut intervenir militairement ?", je ne le crois pas. C'est au président de la République et chef des armées, évidemment, de répondre à cette question. En tout cas, regarder les demandes qui viennent de l'Arménie pour qu'elle puisse se défendre, c'est évidemment quelque chose que nous faisons ».